Un accord de cessez-le-feu a finalement été conclu à Gaza. Après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, dimanche 19 janvier 2025, des centaines de milliers de Gazaouis déplacés reviennent pour la première fois chez eux depuis le début de la guerre.
Ils sont puisés à cause des bombardements, et veulent simplement rentrer. En ce premier jour de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu dans la bande de Gaza, de nombreux déplacés ont pris la route dès que les armes se sont tues pour retourner vers leur domicile. Sans toujours savoir ce qu’ils vont découvrir à leur arrivée.
Près de 90% des 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza bombardée sans relâche ont été déplacés de chez eux plusieurs fois, s’abritant dans des camps de tentes improvisés ou des écoles transformées en refuge, pour fuir les opérations militaires israéliennes, indique l’UNRW (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient).
Selon les termes de l’accord de cessez-le-feu, les habitants du tiers nord de la bande de Gaza déplacés au sud ne pourront retourner chez eux qu’après la première semaine de la trêve et le retrait prévu des soldats israéliens de plusieurs secteurs.
La perspective de la fin de la guerre attise la joie, mais les Gazaouis se retrouvent face à une situation humanitaire critique. Avec le retour progressif des déplacés et la reprise des travaux municipaux, l’ampleur des destructions causées par l’opération militaire israélienne commence à apparaître.
Le sous-secrétaire au ministère des Travaux publics et du Logement à Gaza, Najy Sarhan affirme qu’environ 80% du nord de la bande de Gaza a été détruit, représentant l’une des pires catastrophes que le territoire ait connues depuis des années. Il a également alerté que la situation humanitaire s’aggravera la semaine prochaine, avec le retour attendu des populations déplacées de Gaza et du nord depuis le centre et le sud du territoire, conformément à l’accord.
Plus de 15 mois de bombardements ont radicalement changé la vie dans l’enclave palestinienne. Sur les réseaux sociaux, des images prises par les drones montrent un paysage apocalyptique laissé par 470 jours de bombardement.
Des champs de ruines, des habitations totalement détruites, des quartiers entiers rasés, des blocs de béton effondrés et ferrailles tordues, des montagnes de gravats…etc.
Les Gazaouis, pour la plupart, ont retrouvé leur habitation détruite. Tous leurs beaux souvenirs ont été balayés par la guerre, comme nous a déclaré de Gaza, le journaliste reporter, Anwar Al Amoudi.
Mais malgré cette dévastation, beaucoup de Gazaouis tenaient à rentrer chez eux, même si cela signifie s’abriter dans des tentes sur leurs terres. Certains d’entre eux cherchent dans les décombres les corps de leurs proches morts sous les bombardements israéliens. Depuis le début du cessez-le-feu (au mercredi 22 janvier), les secours palestiniens ont découvert 160 corps sous les décombres à travers la bande de Gaza.
A Rafah, au sud de Gaza, à la frontière avec l’Egypte, beaucoup de déplacés affirment n’avoir trouvé que des «ruines» là où étaient leurs maisons. Mais ils disent vouloir y planter leurs tentes, jusqu’à ce que leurs habitations soient refaites.
D’autres Gazaouis demeurent choqués par «l’immensité de la destruction» qu’ils ont découverte. «On dirait qu’un tremblement ou un tsunami est passé par là», dit un déplacé originaire de Rafah. «Je ne reconnais pas ma maison, ni d’ailleurs celle de mon voisin. Je ne reconnais pas les rues ni les routes. C’est vraiment chaotique», déclare-t-il à l’Agence de presse Palestine Today.
«Même un séisme ne peut causer cette dévastation. C’est indescriptible. Il ne reste plus rien. Il n’y a plus un seul abri. Tout est en ruine. Je ne sais pas où aller», raconte à la même agence un autre déplacé de Rafah.
«Nous n’avons retrouvé que ruine et destruction. Il ne reste plus rien. C’est devenu invivable. Je ne trouve pas les mots pour décrire ce que je vois. Tout est détruit. Il ne reste rien de nos habitations. Il faudra des années pour reconstruire Gaza. Mais qu’allons nous reconstruire ? Rien que pour le déblaiement des gravats et des blocs de béton effondrés, il faut des années», témoigne, avec désespoir, à l’Agence de presse Palestine Today, un autre homme déplacé choqué également par l’ampleur du niveau de la destruction. «La situation est critique, poursuit-il, il n’y a plus de vie, plus de maison, plus d’eau ni d’électricité».
La guerre a causé dans l’enclave palestinienne d’après l’ONU un niveau de dévastation «sans précédent dans l’histoire récente», précisant que plus de 92% des logements ont été détruits ou endommagés. Ce qui augure, selon les experts, d’une très longue reconstruction au coût exorbitant.
Les besoins seraient énormes. Aujourd’hui, près de deux millions de Palestiniens auraient besoin, selon les ONG, d’un abri d’urgence et d’aides humanitaires.
Naima Cherii