Ce devait être l’une des brigades les plus puissantes de Kiev, forte de plus de 5.000 hommes, équipés de chars légers AMX-10RC, de canons Caesar français et de chars lourds Leopard 2 cédés par la Pologne. Mais il s’agissait d’une unité créée ex nihilo. Les hommes sont des conscrits plutôt âgés souvent recrutés manu militari. Les officiers? Peu aguerris et sans expérience commune.
Les désertions se sont donc multipliées, autour de 10% de l’effectif, y compris en France, où une cinquantaine d’hommes ont été portés manquants durant leur formation. «Quelques dizaines» de soldats ukrainiens ont déserté, a déclaré un responsable de l’état-major de l’armée française à l’AFP. Le commandant des forces terrestres ukrainiennes, Mikhaïlo Drapaty, a évoqué «des problèmes» au sein de cette brigade, après des révélations de presse sur des cas d’abus de pouvoir et de désertions. Dès la formation achevée, les cadres de la brigade rentrés en Ukraine ont été démis de leurs fonctions. Quant aux équipes, elles ont été dispersées: des batteries de canons Caesar ont été affectées à d’autres brigades, les hommes formés à la maintenance des AMX-10RC sont partis faire autre chose, rendant ces chars inutilisables.
Au-delà des désertions, il y a donc un vrai problème organisationnel dans l’armée ukrainienne, et le nouveau patron de l’armée de terre a promis d’y mettre bon ordre, particulièrement en réformant recrutement et formation. La brigade «Anne de Kiev», première brigade de l’armée ukrainienne formée et équipée en France ces derniers mois, semble sur le point d’être démantelée, ou au moins sérieusement remaniée. Il faut dire que cette unité a accumulé les déconvenues et ce, dès sa création. Le Bureau des investigations d’Etat ukrainien a même lancé une enquête criminelle autour des circonstances entourant la création au printemps dernier de cette 155e brigade mécanisée -rebaptisée brigade «Anne de Kiev»- après ses neuf semaines de formation en France à l’automne.
D’un côté, la forte résilience de la population. De l’autre, l’augmentation du nombre de voix se disant prêtes à des concessions territoriales afin d’atteindre la paix. Les derniers sondages d’opinion publiés entre le 30 décembre 2024 et le 3 janvier par l’Institut international de sociologie de Kiev (KIIS) disent beaucoup de l’incertitude dans laquelle se trouve la population ukrainienne, plus de mille jours après le début de l’invasion russe. L’élection de Donald Trump à la présidentielle américaine, en novembre 2024, a lourdement joué dans cet état d’esprit. Les Ukrainiens espèrent du Président élu, qui sera investi le 20 janvier, des décisions fortes et rapides pour mettre un terme à la guerre, tout en craignant une baisse de l’aide militaire et financière des Etats-Unis. Sur le front, l’armée de Kiev, en manque d’hommes et d’armes, ne cesse de reculer face aux forces russes, qui grappillent des territoires à l’est au prix de lourdes pertes.
P. Zehr