Canada: La fin de Trudeau le Kennedy canadien

«Hier soir au souper, j’ai dit à mes enfants que j’avais l’intention de démissionner de mes postes de Premier ministre et de chef du Parti libéral». Et son successeur devrait, sauf surprise, être un conservateur proche de Donald Trump, Pierre Poilievre.

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Le Premier ministre canadien demeurera en fonction jusqu’à ce que son parti ait désigné un nouveau chef. Après des mois d’atermoiements, l’époque Trudeau est donc bel et bien finie. Et elle se termine très mal pour le chef du Parti libéral qui était au pouvoir depuis novembre 2015, et était naguère accueilli partout au Canada comme une rock star. «Justin Trudeau dépose les armes», a titré Radio Canada lundi soir. Au moment de son élection en 2015, le Premier ministre serrait les mains, embrassait les bébés, posait pour des selfies avec des immigrants et avec des adolescentes béates. Qui ne se souvient pas de cette fillette de 10 ans qui, en se jetant dans les bras de Justin Trudeau, est repartie en larmes… de joie, non sans avoir dit: «Il est si beau».

L’époque Trudeau est donc bel et bien finie, mais aussi une certaine idée du Canada. Après la démission de Justin Trudeau, annoncée lundi 6 janvier, le trumpiste Pierre Poilievre est pressenti pour être le prochain Premier ministre du Canada. Ce conservateur à la personnalité «abrasive», «au ton tranchant» et «aux idées arrêtées» n’est pas sans rappeler un certain Donald Trump.  Il se fait remarquer notamment pour son rejet des médias traditionnels qu’il boycotte volontiers, sa critique acerbe des élites, mais aussi pour ses déclarations chocs et insultantes en direction de ses adversaires. A tel point que certains, y compris dans ses propres rangs, n’apprécient pas ses sorties de routes. Il a d’ailleurs été provisoirement exclu de la Chambre des communes le 30 avril pour injures envers le Premier ministre qu’il a qualifié de «cinglé».

L’autre jeu favori du conservateur consiste à s’attaquer aux mesures de lutte contre les changements climatiques adoptées par le gouvernement Trudeau. Il ne manque pas une occasion de critiquer la taxe carbone et l’impôt sur la pollution, qu’il promet d’éliminer une fois élu.   Attendu par les élites de droite pour ses mesures de désengagement de l’État, Pierre Poilièvre s’adresse aussi à un électorat modeste, inquiet pour son niveau de vie, et qui ne se reconnaît pas dans le parti de Justin Trudeau, explique Geneviève Tellier. «Pierre Poilièvre et les conservateurs leur proposent des solutions immédiates et des messages efficaces, comme la suppression de la taxe carbone, la construction rapide de logements, sans que l’on sache si cela produira les effets escomptés.

Tandis que les libéraux, eux, s’enfargent [s’empêtrent] un peu dans des grands principes qui ne parlent pas à cet électorat». Il a pour atout d’avoir dans sa garde rapprochée Jamil Jivani, un proche de J.D. Vance, le futur vice-président américain. Mais aussi d’avoir attiré l’attention de l’influent Elon Musk, qui lui a envoyé des émoticônes et l’a encensé sur X pour ses interventions déstabilisantes face à des journalistes, ou ses critiques acerbes de la politique de Justin Trudeau. Musk encore et toujours donc.

P. Zehr 

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