Pour faire face à une baisse des poissons pélagiques dans les pêcheries du sud, les bateaux seront contraints de rester à quai, à compter du début de janvier 2024. Des observateurs confient à Le Reporter que la situation des ressources est très inquiétante et qu’il en faut un peu plus pour arrêter l’hémorragie.
Ils ne peuvent pas prendre le large. A compter du 1er janvier 2024, les pêcheurs des bateaux pélagiques ne seront pas autorisés à pêcher dans les pêcheries du sud. Une interdiction qui découle d’une décision récemment prise par la secrétaire d’État chargée de la Pêche maritime, Zakia Driouich dans un souci de préservation du poisson pélagique, en particulier la sardine.
Cette décision ministérielle concerne trois zones de pêche le long du littoral national. La première s’étend de la région allant de «Taghnage» jusqu’au «Cap Boujdour» pour une période de repos biologique de 45 jours, à partir du 1er janvier jusqu’au 15 février prochain.
L’arrêt ministériel a également fixé un arrêt d’activité pour la même espèce dans les pêcheries de l’Atlantique Sud s’étalant de «Cap Boujdour» au «Cap Blanc» à Dakhla pour une période de deux mois, à compter du début de janvier jusqu’au 28 février. Au total, 28 navires RSW et 79 bateaux sardiniers au port de Dakhla sont concernés par cette interdiction.
Dans la zone située dans la pêcherie de Laâyoune Nord, les pêcheurs devront encore prendre leur mal en patience. Puisque, la pêche sera suspendue pour une année.
Cette fermeture inédite de la pêche a été mise en place par le département de la pêche afin de faire face à la baisse drastique des prises du poisson pélagiques dans ces zones, soulignent des sources au port de Dakhla.
Un constat qui a d’ailleurs été confirmé par une étude réalisée par l’INRH en 2023. Cette étude a en effet confirmé que l’état des ressources pélagiques reste hautement préoccupant dans ces régions, notamment dans la zone dite (Stock C) à Dakhla.
Selon cette étude, les débarquements des petits poissons pélagiques ont enregistré une diminution d’environ 26% entre 2022 et 2023, rappellent encore ces mêmes sources. C’est ce qui explique, disent-elles, l’interdiction de la pêche des poissons pélagiques dans les pêcheries des trois zones concernées par la décision ministérielle.
Mais cette décision contribuera-t-elle à préserver les ressources halieutiques? Pas sûr, lancent des observateurs à Dakhla. «D’abord, en ce moment, la majorité des armateurs ont déjà épuisé leur quota. Et puis, il en faut un peu plus pour arrêter l’hémorragie», expliquent les observateurs.
Car, disent-ils, la situation est très préoccupante. «Deux mois d’arrêt d’activité pour la pêcherie de Dakhla, par exemple, n’est pas suffisant. C’est très peu. Il en faut plus pour vraiment faire face à cette baisse importante des stocks des poissons pélagiques, notamment les sardines», insistent nos sources.
Et ces derniers de poursuivre: «Malgré le repos biologique instauré l’année dernière pour un mois et demi, rien n’a changé. La situation des ressources ne s’est pas améliorée pour autant. Au contraire, elle empire de plus en plus. Aujourd’hui, il n’y a plus de poisson à Dakhla-Est. On est obligé d’aller à Dakhla-Ouest pour trouver la sardine. On doit faire plusieurs heures pour aller capturer le poisson dans la zone située aux frontières avec la Mauritanie».
Nos sources évoquent un autre problème «A partir de janvier 2025, environ 300 chalutiers, opérant dans la zone allant de Laâyoune Nord à Agadir, vont prendre le large pour capturer le poulpe dans le cadre de la nouvelle campagne hivernale. Ces chalutiers utilisent certains filets de pêche qui sont également à l’origine de cette baisse de la ressource. Car ils pêchent dans des zones interdites et mettent à mal la ressource, dont la sardine», affirment les mêmes voix.
Pourquoi est-on arrivé à cette situation dans une zone qui était pourtant connue pour son abondance en poissons pélagiques? Nos sources n’y vont pas par quatre chemins. Elles critiquent une surexploitation de la pêche du poisson pélagique ces dernières années. «Certains navires puisent vraiment dans les richesses halieutiques de façon intensive. Ils capturent plus de poissons que les quotas qui leur sont alloués», déplorent nos sources. Celles-ci dénoncent aussi les pratiques de certains armateurs qui pêchent le juvénile, ce qui menace sérieusement la préservation de la ressource dans les pêcheries des zones concernées par la décision ministérielle, concluent nos sources.
N.Cherii