Le ministère du transport a entamé les premiers contacts avec les opérateurs du secteur pour lancer les premières tractations sur le contrat-programme 2018-2021 dédié au transport routier de marchandises.
Ce nouveau contrat relatif à la mise à niveau du secteur doit être signé entre le département de Najib Boulif (secrétaire d’État auprès du ministre de l’Équipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau), la fédération du transport routier et 20 associations représentantes du secteur du transport de marchandises. Une première réunion, présidée par Boulif, a été tenue au ministère de tutelle, le 27 juillet, avec pour objectif d’inviter les professionnels à préparer leurs amendements au nouveau contrat-programme, lequel serait déjà finalisé, a-t-on appris de sources informées. Un contrat que certaines associations professionnelles refusent déjà de parapher dans les conditions actuelles. Et pour cause: les opérateurs refusant de signer le nouveau document demandent d’abord une évaluation du précédent contrat. Plusieurs associations représentant le secteur n’ont d’ailleurs pas répondu présentes à la réunion du 27 juillet. Il s’agit, entre autres, du Syndicat des propriétaires des camions et des élévateurs des ports du Maroc, dont le secrétaire général est Miloudi Mdiourat et l’Union des syndicats professionnels des transporteurs routiers présidée par Abdellah Hammouchi.
Les exigences des professionnels «Nous refusons de signer ce nouveau contrat. La tutelle veut nous imposer ce contrat, alors même qu’elle n’a pas encore fait un bilan détaillé sur le précédent. Avant de participer aux tractations relatives à la nouvelle feuille de route, nous demandons d’abord un rapport financier et un bilan du précédent contrat», lance Abdellah Hammouchi, SG de l’Union des transporteurs de marchandises, qui ne cache pas sa déception envers le département du transport. Pour ce transporteur, le bilan du précédent contrat-programme serait négatif et soulève bon nombre d’interrogations. «Le bilan est négatif. Le ministère n’a pas respecté ses engagements envers les transporteurs sur un certain nombre de choses. Ses promesses n’ont pas été mises à exécution, notamment en termes d’infrastructures routières ainsi qu’en ce qui concerne la création, à travers le royaume, de nouvelles plateformes logistiques dédiées au stationnement des camions. On a aussi promis de former les petits transporteurs dans des coopératives, mais cela n’a pas été fait. A cela s’ajoutent également des problèmes liés au transport de marchandises pour compte d’autrui et au transport pour compte propre, lesquelles problématiques persistent toujours», explique Abdellah Hammouchi. Et celui-ci de poursuivre: «Le ministère s’est engagé à restructurer le secteur grâce à l’argent de la caisse spéciale de retour à vide, laquelle a été mise en place dans les années 50. Mais le fait est qu’aujourd’hui, sur le terrain, rien n’a été fait. Le secteur continue malheureusement de souffrir de concurrence déloyale». D’après le SG de l’Union des transporteurs de marchandises, les professionnels versaient une taxe de 7 % à ce Fonds dont le but était de financer des projets de mise à niveau du secteur. «Avec la libéralisation du secteur en 2003 et la création de la SNTL, les montants déposés dans cette caisse ont été transférés vers cette nouvelle société. A savoir qu’en 2004, un accord a été conclu entre l’ONT et la fédération nationale du transport routier (FNTR) pour liquider le solde de la caisse qui totalisait plus de 65 MDH (millions de dirhams). Mais, nous ignorons tout sur cet accord», précise Hammouchi.
Et une plainte déposée… Au Syndicat des propriétaires des camions et des élévateurs des ports du Maroc on ne décolère pas non plus. Son Secrétaire général, Miloudi Mdiourat, pour qui le bilan est également négatif, n’y va pas par quatre chemins. «Quand nous avons accepté de signer le contrat-programme 2011-2013, il était question que les financements de ce programme allaient être prélevés de la caisse spéciale de retour à vide, c’est-à-dire de l’argent des transporteurs. Or nous ignorons tout sur les dépenses réellement effectuées dans le cadre de ce contrat. Il n’y a pas de transparence. A ce jour, il n’y a pas eu une évaluation sur ce qui a été réalisé et sur ce qui ne l’a pas été, concrètement. C’est pourquoi, nous demandons au ministère un rapport détaillé sur le dernier contrat ainsi que sur les montants ayant été prélevés de ce Fonds. Les transporteurs ont le droit de savoir où les fonds de la caisse ont été dépensés. Car, après tout, c’est leur argent», souligne Miloudi Mdiourat. En tout état de cause, insiste-t-il, c’est la justice qui va trancher dans ce dossier de la Caisse spéciale de retour à vide. Pour rappel, en septembre 2015, plusieurs syndicats de transport de marchandises à Casablanca ont déposé une plainte judiciaire (dont Le Reporter détient copie) contre le directeur de la Société nationale des transports et de la logistique (SNTL), l’ancien directeur de l’Office national du transport (ONT), l’ancien ministre de transport, Karim Ghellab et le président de la fédération nationale du transport routier pour «dilapidation de deniers privés et abus de confiance». Dans leur plainte, les professionnels accusent les responsables susmentionnés de dilapider 270 MDH qui étaient déposés à la caisse spéciale de retour à vide. L’affaire devrait encore faire parler d’elle. En effet, selon Miloudi Mdiourat, il y a un mois, ce dossier a été remis, de nouveau, aux limiers de la police judiciaire pour complément d’enquête.
Maroc/Transport de marchandises : Les professionnels réclament des comptes au ministre
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