Au cœur de la réunion de la SG du ministère de la pêche Zakia Driouch avec les membres de la Confédération nationale de la pêche côtière (CNPC), jeudi 13 janvier à Rabat, un objectif: tenter de régler le litige qui oppose les sardiniers aux industriels autour du prix de la sardine dans les ports du Sud. Les détails.
Le débat sur les prix auxquels les industriels achètent le poisson auprès des sardiniers refait, encore, surface. Alors que l’on pensait que les difficiles négociations sur le prix de la sardine ont été conclues avec succès, voilà que le torchon brûle de nouveau.
Les discussions sur la fixation du prix de la sardine sont en panne, et certaines voix professionnelles haussent le ton et n’excluent pas l’éventualité de tenir très prochainement une grève dans le port d’Agadir pour faire entendre leur doléances, soufflent nos sources à Agadir.
Dans le même temps, la Confédération nationale de la pêche côtière (CNPC) se mobilise face à ce bras de fer entre les armateurs et les industriels, explique-t-on dans cette Confédération. Une réunion a été programmée pour jeudi 13 janvier, au siège du département de la pêche, avec la participation de la SG Zakia Driouch et du bureau exécutif de la CNPC, selon le SG de cette confédération, Mohamed Allalou. «Par cette réunion, la Confédération, en coordination avec la SG du ministère, s’engage à trouver incessamment des solutions pour résoudre le litige qui oppose les sardiniers aux industriels autour du prix de la sardine», déclare le SG de la CNPC, ajoutant que «les sardiniers ne demandent que le respect de l’accord conclu dernièrement dans le cadre des négociations avec les industriels».
Notons, à cette occasion, que lors de la dernière réunion tenue le 6 janvier à Agadir, les débats ont été «houleux» et il semblerait que les industriels n’acceptent plus l’idée de revenir sur les prix de la sardine. Pourtant, lors d’une autre réunion tenue il y a 25 jours à Agadir, les industriels de la pêche et les sardiniers s’étaient mis d’accord sur une augmentation du prix de vente du kilo de la sardine de 50 centimes, selon des sources proches du dossier. Les deux parties ont même approuvé par écrit leur accord, document dont Le Reporter détient copie.
Les sardiniers avaient demandé, dans un premier temps, une hausse de 1 dirham le kilo, arguant que les armateurs n’ont pas bénéficié de «baisses substantielles sur les prix du gasoil» et que «les prix du matériel de la pêche restent élevés». Mais les industriels ont rejeté la revendication des armateurs et ont finalement accepté d’augmenter le prix de vente du kilo de la sardine de 0,5 dirham, indiquent les mêmes sources.
Il était aussi convenu que les deux parties allaient se retrouver, très prochainement, à Agadir pour décider de la date de la mise en application de cette hausse. Mais à ce jour, cet accord n’a pas encore été appliqué, affirment les mêmes sources, ajoutant que certains grands mareyeurs du sud –qui n’étaient pas présents lors de l’accord d’Agadir- seraient derrière ce bras de fer entre les deux sardiniers et les industriels.
Cela étant, il convient de souligner, à cette occasion, que les négociations sur les prix de la sardine concernent en particulier les bateaux de pêche opérant au niveau des ports d’Agadir, Laâyoune, Boujdour et Dakhla, régions qui concentrent des centaines d’unités industrielles, où la demande sur la sardine serait très importante, selon un armateur du sud, lequel estime qu’au contraire «une hausse du prix de la sardine industrielle est totalement justifiée».
Au niveau des ports, le prix du kilogramme de sardine est vendu aux industriels entre 3 et 3,5 dirhams, tient à souligner le SG de la CNPC. Mais, dit-il, les prix flambent chez les détaillants. «La sardine est vendue aux citoyens à 15 Dh et parfois à 20 Dh, voire même plus pendant le mois sacré de Ramadan. Ce ne sont pas les armateurs qui sont responsables de cette hausse. La flambée des prix est essentiellement due aux intermédiaires du commerce du poisson qui s’adonnent à des pratiques déloyales», déplore notre interlocuteur. Et de poursuivre: «Au port de Boujdour, par exemple, le poisson est vendu à 2,80 Dh. Il est injuste de continuer de vendre le poisson à ce prix insignifiant. Alors que les armateurs qui ramènent ce poisson, continuent de travailler dans un contexte difficile marqué par la hausse des prix du gasoil (7000 Dh/tonne) et la cherté du matériel de pêche sans parler bien évidemment des autres frais nécessaires pour la pêche».
Concernant les unités industrielles, précise le SG de la CNPC, «celles-ci font appel à des mareyeurs car ces derniers leur ramènent le poisson et ne paient le produit qu’après trois mois. Alors qu’auparavant, les industriels devaient s’acquitter des frais supplémentaires pour la congélation de la sardine et le transport du poisson depuis le port aux unités industrielles».
Notons enfin que la période de pic de la production de cette espèce se situe entre juillet et décembre. Selon les professionnels de la pêche, il est impossible durant cette période de liquider toute la production sur le marché national, incapable d’absorber toute l’offre évaluée à plus de 1 million de tonnes. Ceci étant, il est à souligner que les sardines se font de plus en plus rares, selon un grand nombre de marin-pêcheurs. Les nouveaux moyens utilisés par les armateurs et le non-respect de la période du repos biologique seraient la cause de cette baisse de la sardine, constatent nos pêcheurs, indiquant que le département de la pêche a interdit du 1er au 31 janvier 2022 la pêche des sardines dans les ports du Sud. Des dizaines de milliers de marins-pêcheurs partent donc en congé durant cette période sans qu’ils aient un quelconque revenu, regrettent nos pêcheurs approchés cette semaine.
Naîma Cherii