Après la réussite d’une première opération blockchain test, le groupe OCP n’hésitera pas à utiliser cette technologie pour la concrétisation de ses transactions intra-africaines dans un contexte où le commerce global est en contraction. Seulement, certaines conditions doivent être réunies.
La blockchain semble séduire le groupe OCP. Après le succès de la première transaction intra-africaine réalisée via cette technologie il y a quelques jours avec l’Ethiopie, d’autres opérations devront suivre. «Nous n’écartons pas la possibilité de standardiser l’utilisation de cette technologie dans d’autres marchés de vente, notamment si les conditions de réussite du projet sont réunies», apprend-on auprès du groupe minier. Ces conditions se résument en quatre principaux points. Il s’agit de la standardisation des protocoles de réseaux blockchain, de l’alignement des parties prenantes sur les modalités du flux opérationnel, de la bonne définition du montage financier et du processus Trade dans la plateforme blockchain et enfin de la rapidité dans l’exécution des opérations. Ce sont les principaux ingrédients de la recette d’une opération blockchain réussie. A noter à cet égard que la première opération entre dans le cadre d’un projet pilote. Elle a permis «de tester cette technologie blockchain dans un contexte de crise du COVID-19 afin de réduire les temps de traitement des transactions commerciales, et la réalisation des économies sur les frais financiers tout en gardant la traçabilité des opérations», explique-t-on. Rappelons que la crise actuelle a engendré des perturbations sur les services de messagerie internationaux entraînant des retards importants dans la transmission des documents export et impactant, par ricochet, les délais d’encaissement des ventes export.
Blockchain: Quel avenir ?
Du coup, tout porte à croire que cette technologie est vouée à un bel avenir. «L’impact potentiel de la blockchain dans le domaine financier sera particulièrement fort dans le financement du commerce international et les paiements transfrontaliers. Les banques peuvent offrir un soutien instantané au financement du commerce via la plateforme, ce qui facilite les transactions de lettres de crédit et le financement de la chaîne d’approvisionnement», estime le management du groupe. Autre élément important, la blockchain est une technologie qui permet de stocker et transmettre des flux d’information de manière transparente, en temps réel, à moindre coût et de manière sécurisée. Il s’agit d’utiliser des blocs de transaction codés et authentifiés, s’imbriquant les uns aux autres dans un grand registre infalsifiable. C’est un processus d’échange et de négociation sécurisé pour chaque acteur, traçable et considérablement fluidifié, grâce à des opérations de vérification accélérées par l’automatisation. Le Trade Finance, ou financement du commerce international, soumis à l’intervention de multiples acteurs et à un processus long, est un champ d’application parfait pour la technologie blockchain. Sa digitalisation globale se heurtait jusqu’ici au nombre de parties impliquées et la volumétrie importante des documents échangés. Il faut dire aussi que ce type d’opération s’inscrit dans la stratégie de digitalisation du Groupe visant à contribuer notamment à la réduction du déficit de financement du commerce en Afrique et à stimuler le commerce intra-africain, en particulier dans le secteur des engrais. Un objectif qui a été atteint lors de la première opération menée avec la Banque de commerce et de développement de l’Afrique de l’Est et australe (Trade and Development Bank – TDB) et qui a porté sur 400 millions de dollars en transactions commerciales menées via la technologie blockchain, 270 millions de dollars ayant déjà été exécutés, avec le reste prévu durant les prochains mois. Cette transaction, qui a permis de financer l’expédition d’engrais phosphatés du Maroc vers l’Ethiopie, a réussi grâce aussi à l’expertise de la TDB. En octobre 2019, cette banque est devenue la première institution financière de développement africaine à conclure une transaction de financement du commerce en utilisant la technologie blockchain, en finançant l’importation de 50 000 tonnes de sucre blanc de l’Inde vers la région qu’elle dessert. C’est d’ailleurs, cette transaction innovante qui a servi d’exemple à l’industrie mondiale du financement du commerce, tout en créant un modèle que TDB a pu répliquer pour d’autres transactions telles que cette transaction intra-africaine. Dans cette foulée, elle a facilité plus d’un demi-milliard de dollars en financement du commerce en Éthiopie en 2020, et a soutenu près d’un milliard de dollars en importations d’engrais du Groupe OCP vers l’Éthiopie au cours des trois dernières années. Et ce, dans un contexte où le commerce global s’est contracté de 5 à 10% en 2020, vis-à-vis de l’année précédente, parallèlement à la baisse en demande de financement commercial.
Nadia Benyouref