Intervenant à la 7ème édition des Rendez-vous de Casablanca de l’Assurance, organisée ce 31 mars (2021) par la Fédération Marocaine des Sociétés d’Assurances et de Réassurance, avec pour thème cette année: «Inclusion en assurance et résilience aux pandémies», le ministre des Finances, Mohamed Benchaâboun, a informé des prochaines mesures concernant l’inclusion financière et la micro-assurance.
S’arrêtant d’abord sur le contexte particulier marqué par la pandémie et son «choc d’ampleur inédit (qui) a eu un impact considérable sur les secteurs productifs et sur la dynamique sectorielle nationale de manière générale», le ministre de l’Economie des Finances et de la modernisation de l’Administration, Mohamed Benchaâboun, a rappelé toutes les mesures prises par l’Etat pour y faire face, soutenir les secteurs impactés et relancer l’économie. Des mesures prises dans le cadre du Comité de veille économique, institué dès mars 2020.
Elles consistent, a-t-il précisé, en des aides publiques pour accompagner les mesures sanitaires, financées à travers le «Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du Coronavirus» qui a été créé sur instructions Royales et réuni plus de 34 milliards de dirhams. Puis, en une profonde révision du système de protection sociale afin de couvrir l’ensemble des citoyens d’ici 2025. Et enfin, en un plan de relance qui prévoit l’injection de 120 milliards de dirhams à travers 2 mécanismes: la mise en place de nouveaux dispositifs d’offre et de garantie des crédits ; et la création du «Fonds Mohammed VI pour l’investissement» qui vise à mobiliser 45 milliards de dirhams, dont 15 milliards de dirhams provenant de l’Etat.
A ce propos, M. Benchaâboun a lancé un appel aux «entreprises d’assurances et de réassurance marocaines pour s’engager dans cette dynamique et saisir les opportunités d’investissements qu’offrent le Fonds Mohammed VI et les Fonds thématiques et sectoriels qui en émanent, afin de soutenir la croissance de la PME à haut potentiel, favoriser le financement d’infrastructures rentables à fortes retombées économiques et sociales, et appuyer le développement de secteurs stratégiques pour l’économie nationale dans un contexte post crise».
Soulignant que le secteur de l’assurance joue un rôle économique et social fondamental qui «devrait se renforcer durant les prochaines années afin d’accompagner les chantiers structurants lancés par les pouvoirs publics en matière d’inclusion financière et de financement de l’économie», le ministre des Finances s’est arrêté sur «la priorité accordée à l’inclusion économique» dans «ce contexte de sortie de crise et de relance».
«Le secteur financier joue un rôle important en tant que levier de réduction des inégalités et de promotion de l’inclusion économique et financière de la population», a-t-il argué.
Benchaâboun a procédé à un petit rappel historique: «Au Maroc, les premières réformes du secteur financier sont intervenues au début des années 90 et prenaient appui sur la levée des contraintes qui pesaient sur le système bancaire, la mise en place des premiers jalons d’un marché des capitaux moderne et la libéralisation du mode de financement du Trésor. Un peu plus tard, vers le début des années 2000, le compartiment des assurances a entamé sa mue lui aussi pour devenir aujourd’hui l’un des compartiments les plus performants de notre secteur financier». Puis, estimant que «beaucoup de chemin a été parcouru depuis», il a souligné qu’«actuellement, notre stratégie pour le secteur financier repose sur trois domaines d’activité stratégiques. A savoir, tout d’abord, l’approfondissement du marché financier en diversifiant les instruments financiers à la disposition des émetteurs et des investisseurs ; ensuite la promotion de l’inclusion financière pour en faire un vrai levier de développement économique et social ; et enfin, la consolidation de la stabilité financière, clef de voute pour un développement du secteur financier de manière durable et réfléchie».
Et de développer: «Comme vous le savez, l’objectif de l’inclusion financière est de permettre à un plus grand nombre de ménages, d’entreprises d’avoir un accès plus abordable et plus aisé aux services financiers. Plusieurs études concluent à une forte corrélation entre l’inclusion financière et la réduction de la pauvreté. A ce titre, le Maroc a très tôt pris conscience des enjeux liés à l’inclusion financière et a lancé une Stratégie Nationale d’Inclusion Financière (SNIF), dont l’objectif est de faire de l’inclusion financière un catalyseur de l’inclusion économique des catégories cibles, particulièrement les populations rurales, les TPE, les femmes et les jeunes. Pour atteindre cet objectif, cette Stratégie a dressé des orientations qui doivent servir de guide pour nos politiques en faveur de la réduction des inégalités sociales et économiques et de la promotion du rôle de toutes les franges de la population dans l’économie du pays.
Il s’agit essentiellement de renforcer le rôle des mécanismes classiques de financement et de développer des modèles alternatifs adaptés aux spécificités de la population exclue et de la création des conditions d’un plus grand usage des produits financiers, en s’appuyant notamment sur les Fintechs».
- Benchaâboun pose alors la question en lien direct avec le thème de la journée «Rendez-vous de l’assurance», celle de savoir «comment le secteur des assurances peut contribuer à l’inclusion financière et la rendre plus résiliente aux crises, qu’elles soient classiques, ou nouvelles, comme les pandémies ou encore le changement climatique».
Participants nationaux et étrangers l’écoutent. Il détaille: «L’assurance inclusive, et plus particulièrement la micro-assurance, constitue l’un des principaux leviers dans la mesure où elle permet d’atteindre même les plus démunis, qui sont de surcroît les plus vulnérables aux risques.
L’assurance inclusive peut avoir un grand essor grâce à l’innovation et la technologie qui peuvent contribuer à réinventer d’autres formes de protection sociale répondant à de nouveaux besoins exprimés par des personnes sans emploi qui créent leur entreprise, par des retraités bénéficiant d’une pension modeste, des travailleurs non-salariés peu ou moyennement qualifiés subissant des fluctuations de revenus importantes.
La micro-assurance peut avoir ainsi des visées sociales de protection d’une population n’ayant historiquement pas accès aux assurances traditionnelles. D’ailleurs, le secteur des assurances peut jouer un rôle plus actifs dans le chantier d’extension de la protection sociale, à travers la mise en place de produits complémentaires aux produits publics de sécurité sociale. Notamment en matière de santé et de retraite, ou encore par le biais de la généralisation de l’assurance Accident du Travail et Maladie professionnelle».
Puis, ne venant pas les mains vides à la 7ème édition des Rendez-vous de l’assurance, le ministre Benchaâboun fait plusieurs annonces. Voici ce qu’il déclare: «Dans une semaine, nous allons tenir la deuxième réunion du Conseil National de l’Inclusion Financière qui réunira l’ensemble des parties prenantes, publiques et privées, investies dans cette stratégie.
Au cours de cette réunion, plusieurs mesures seront actées. Certaines concernent ce secteur et visent la promotion de l’assurance inclusive qui pourra se développer rapidement en s’appuyant sur de nouveaux canaux de distribution, comme les établissements de paiement, le digital ou le paiement mobile.
D’autres mesures plus structurantes pour la promotion de l’assurance inclusive seront introduites dans le prochain amendement du code des assurances dans l’objectif d’encadrer davantage ces nouveaux produits auxquels d’autres incitations pourraient être accordées.
Concernant la résilience aux risques, dont les pandémies et le changement climatique, je voudrais rappeler l’entrée en vigueur en 2020 du régime de couverture contre les conséquences d’événements catastrophiques régi par la loi n°110-14 qui permet aujourd’hui de couvrir la population contre certains risques catastrophiques, comme les tremblements de terre et les inondations.
Nous travaillons déjà sur l’extension de ce régime pour couvrir la population contre les pandémies ou d’autres risques émergents comme les cyber-risques ou les risques induits par le changement climatique comme la sécheresse.
La pandémie nous a démontré que nous ne pouvions plus nous permettre de négliger les risques parce que la probabilité de leur survenance est faible ou que la priorité soit accordée au développement économique sans tenir compte de sa durabilité. Les dégâts causés de manière directe et indirecte par les catastrophes climatiques sont très coûteux et doivent être intégrés dans notre modèle de développement.
Une réflexion est en cours au niveau du ministère de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration pour la mise en place de nouveaux régimes de couvertures contre les risques émergents, comme les pandémies, les cyber-risques et la sécheresse».
Et il conclut son intervention sur ce souhait: «Le secteur des assurances est le principal partenaire sur lequel nous comptons pour l’aboutissement de ce chantier à l’instar du partenariat public-privé qui a abouti à la mise en place du régime de couverture contre les risques catastrophiques».