Si le 25 juin marque une première étape vers un retour à la normal… Nombreux sont ceux qui ont besoin d’un bol d’air frais dans un espace vert. Dans des déclarations à le Reporter, des Casablancais ont exprimé leur joie de pouvoir à nouveau se promener et prendre l’air après trois mois de confinement. Mais lorsqu’il s’agit de s’oxygéner dans un parc ou un espace vert, impossible de profiter du soleil autour de quelques arbres et loin des voitures, regrettent-ils.
L’attente était grande à Casablanca. Après un confinement de trois mois on n’attendait que ce moment. Alors même s’il faut porter un masque et respecter la distanciation sociale, je suis contente qu’on puisse être à nouveau à l’extérieur », se réjouit Fatéma. » J’ai tellement besoin de m’oxygéner. On a un grand besoin d’espaces verts pour respirer un peu après de longues semaines de confinement », poursuit cette Casablancaise, qui habite à Sbata. « Une bouffée d’oxygène nous manquait énormément. Car c’est la première fois que je sors – avec mes enfants », assure Nezha, une autre Casablancaise.
Depuis le 25 juin et la sortie progressive du confinement, instauré depuis le 20 mars dernier pour limiter la progression du virus de Covid -19, les Casablancais ont pu reprendre une vie presque normale malgré la circulation du virus.
Ils ont accueilli avec joie le retour d’activités des secteurs concernés (cafés, Kissariats, salles de sports, terrains de football etc.), après trois mois de confinement, pleins de privations et de tensions.
Ils ont pu reprendre le chemin du travail et de la consommation, mais pas celui des espaces verts. Lorsqu’il s’agit de s’oxygéner dans un parc ou un espace vert, impossible pour les Casablancais de profiter du soleil autour de quelques arbres et loin des voitures, regrettent des Casablancais.
Il faut dire que le lot des habitants de cette grande ville, qui compte plus de cinq millions, est très faible, constate un associatif. Au fil des ans, ajoute-t-il, les Casablancais voient les rares espaces verts existant se détériorer et se rétrécir. » Certains quartiers ne disposent pas de parcs et d’espaces verts », se désole notre associatif.
Le constat est en effet alarmant. Casablanca est très loin de répondre aux standards internationaux en terme de ratio d’espaces verts par habitant. En effet, la moyenne y est de moins de 3 m2 par habitant, alors que la norme internationale recommande 12 m2 par habitant. Le ratio de la métropole varie d’un quartier à l’autre. A Hay Mohammadi, par exemple, les chiffres parlent de 0,35 m2 contre 6/7 m2 dans des zones comme Californie.
Des promesses ont été données par le Conseil de la ville pour engager des actions d’élargissement de la superficie de l’espace vert par habitant. Mais le sujet des espaces verts serait loin d’être la priorité du Conseil de la mairie, comme l’a souligné un élu de l’opposition au Conseil. D’ailleurs, aucun nouveau projet destiné à la «verdure» n’a été initié, depuis des années, à part le réaménagement de la corniche, tient à signaler cet élu. Pis encore, poursuit-il, la mairie travaille depuis plusieurs mois maintenant sur l’abattage d’un nombre important d’arbres au niveau de certaines zones de la ville.
Dans les milieux associatifs, on évoque plusieurs opérations d’abattage, dont notamment celle qui a concerné le boulevard Al Qods, en février dernier. «C’est inconcevable. On a rasé plusieurs arbres sur ce boulevard. Alors que les habitants manquaient déjà d’espaces verts dans ce quartier», dit un associatif. Celui-ci met en garde contre un «retour de la pollution de l’air surtout avec la reprise des activités».
«On a l’impression que Casablanca est une métropole qui ne prend pas soin de ses habitants. Alors qu’il faut plus d’espaces verts et de jardins pour que les gens puissent se promener et prendre l’air, on attaque les espaces verts au sein de cette ville », préconise cet associatif, non sans colère.
D’ailleurs, certaines communes de Casablanca se livrent depuis quelques jours à la chasse du moindre espace vert afin de le transformer en un projet «bétonné ». Trois jardins seraient actuellement dans le viseur. Depuis quelques jours, les riverains se mobilisent pour protéger leurs jardins. Ainsi des sit-in ont été tenus, depuis le 20 juin, à la Place Sidi Mohammed, située devant la gare ferroviaire Casa Voyageurs. Une pétition a été signée pour s’opposer contre un «projet culturel» qui devrait remplacer le jardin concerné.
Ce projet vient s’ajouter à deux autres visant également des espaces verts. Il s’agit du projet destiné à « accueillir des bouchers », lequel remplacerait le jardin situé dans le quartier El Baladia à Derb Soltan, indiquent des associatifs. Ces derniers déplorent aussi un autre projet en cours, visant, cette fois-ci, un espace vert situé au croisement du Bd de Bordeaux avec le Bd Moulay Youssef.
Nos associatifs évoquent aussi le projet qui menacerait le parc Mohammed Abdou. Considéré comme l’un des rares espaces verts de Casablanca, disent-ils, ce parc devrait être transformé en parking. Il y a prés d’un an, les riverains ont d’ailleurs alerté sur ce projet visant ce parc qui compte des chênes et des palmiers centenaires. Une pétition, qui a permis de récolter 785 signatures, a été lancée afin d’empêcher la transformation de ce parc en parking.
Et comme un malheur ne vient jamais tout seul. Quelques jours avant le dé-confinement, les habitants de la capitale économique s’étonnaient qu’on puisse lancer – pour on ne sait quelle raison – une opération massive de déracinement d’arbres dans certaines zones, notamment dans la rue de Jura au Maarif. Des casablancais ont, d’ailleurs, filmé ces scènes avec chagrin et regret car il s’agit pour certains d’arbres et même de cèdres quasi-centenaires qui font partie du paysage depuis plusieurs décennies. « Même si c’est pour l’intérêt public, on aurait pu trouver une autre alternative», insiste notre associatif.
Naîma Cherii