Pour Mohamed Badine El Yattioui, Professeur d’Etudes Stratégiques au Collège de Défense des Emirats Arabes Unis à Abou Dhabi, le climat Régional et International actuel est marqué par une résurgence et une diversification des menaces criminelles et tensions géopolitiques. Notre interlocuteur souligne qu’en dépit de ce contexte, le Maroc apparaît comme un acteur essentiel et un partenaire central dans la coopération sécuritaire internationale.
«Le Maroc a un rôle clé dans la sécurité internationale de par son histoire, sa géographie, son efficacité et son climat de stabilité»
Le Maroc a abrité, du 24 au 27 novembre 2025, les travaux de la 93ème Assemblée Générale de l’Organisation Internationale de Police Criminelle (Interpol). Qu’est-ce que cela signifie selon vous et qu’en sont les portées symboliques et stratégiques?
Le fait qu’Interpol ait opté pour le Maroc afin qu’il abrite les travaux de sa 93ème Assemblée Générale pour la deuxième fois après le Sommet de 2007 témoigne de la crédibilité dont jouit le Royaume au niveau international dans le domaine de la sécurité.
Au-delà de l’aspect symbolique, la tenue à Marrakech de cette Assemblée Générale revêt aussi un aspect hautement stratégique. Face à l’augmentation et la diversification des risques sécuritaires à l’échelle nationale, régionale et mondiale, le renforcement de la coopération internationale dans ce domaine n’est plus un choix mais une obligation.
Le Maroc est aujourd’hui un acteur majeur, dont la fiabilité n’est plus à prouver, en matière de lutte contre toutes les formes de menaces sécuritaires, notamment celles liées au terrorisme qui ne connaît plus de frontières et dont le modus operandi se développe continuellement.
A Marrakech, Interpol par la voix de ses responsables, a rendu hommage au Maroc pour sa coopération policière qualifiée d’exemplaire. Quel regard portez-vous sur la stratégie sécuritaire adoptée par le Royaume et quelles sont, à vos yeux, les plus grandes réussites de cette collaboration ?
Les responsables sécuritaires, dont ceux d’Interpol, ont clairement mis en avant le rôle décisif que joue le Maroc dans ce domaine.
Face à la multiplication des menaces, notamment celles liées au terrorisme international, le Royaume n’est pas resté les bras croisés. De l’aveu général, la stratégie sécuritaire du Maroc, mise en place conformément aux orientations de SM le Roi Mohammed VI, est basée sur une approche multidimensionnelle qui repose essentiellement sur l’anticipation et la prévention.
Au cours des deux dernières décennies, le Royaume a accordé un intérêt majeur à la modernisation de son appareil sécuritaire tout en approfondissant la coopération avec de nombreuses instances sécuritaires mondiales, dont l’Organisation Internationale de Police Criminelle. Cette politique inclut aussi le développement économique et humain et la promotion d’un islam modéré, en reconnaissant que la sécurité dépend également de la prospérité et de la stabilité sociale.
En quoi l’organisation d’un tel événement, pour la deuxième fois depuis 2007 en terre marocaine, met-elle en lumière le rôle stratégique du Maroc en tant que hub régional et acteur de la sécurité mondiale?
L’organisation de l’Assemblée Générale d’Interpol, pour la deuxième fois en moins de vingt ans en terre marocaine, dénote la crédibilité dont jouit le pays sur la scène internationale, mais pas seulement.
De nos jours, la région maghrébine est instable et souffre de problèmes structurels multiples. La région sahélienne, très proche, souffre quant à elle de problèmes de sécurité immenses liés à la fois au terrorisme, à la criminalité organisée et à la multiplication des groupes terroristes en phase d’hybridation.
Dans ce contexte bouillonnant et menaçant, le Maroc, de par sa géographie qui le place à quelques kilomètres seulement du continent européen et au croisement des différents trafics possibles, a un rôle sécuritaire central à jouer, ce qu’il fait avec brio. Je profite de cette occasion pour rappeler que le Royaume bénéficie d’un climat de stabilité grâce principalement à une Monarchie qui œuvre inlassablement à la construction d’institutions sécuritaires crédibles et efficaces.
Tous ces éléments, et bien d’autres, ne font que confirmer que le Maroc dispose de tous les éléments nécessaires pour être un pays totalement en ligne avec cette volonté de coopération internationale contre des menaces de plus en plus complexes à identifier et à gérer.
Le Maroc a un rôle clé dans la sécurité internationale de par son histoire, sa géographie, son efficacité et son climat de stabilité.
Quelles perspectives et initiatives concrètes pourraient, selon vous, renforcer la coopération internationale et la prévention de toutes les formes de crimes transnationaux ?
Il est essentiel de renforcer le volet lié au partage de données tout en accordant encore plus d’intérêt à la coopération en amont entre les différents services de sécurité au niveau mondial. L’objectif étant de mieux comprendre le mode de fonctionnement des différents groupes et bandes criminels qui disposent, de nos jours, d’une grande capacité d’adaptation.
Sans partage d’informations et sans analystes spécialisés capables de les décortiquer, on s’empêche d’avancer, ce qui profite aux groupes terroristes et bandes criminelles organisées qui peuvent, à ce moment-là, mûrir leurs stratégies pour devenir encore plus dangereux.
Propos recueillis par: M. Lourhzal















































