Aïd Al-Adha : Mohamed Jabli : «Au niveau des marchés, les gens continuent d’acquérir des moutons»

Mohamed Jabli, Président de la Fédération marocaine des acteurs de la filière élevage (FMAFE)
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Entretien avec Mohamed Jabli, Président de la Fédération marocaine des acteurs de la filière élevage (FMAFE)

 

Dans cet entretien accordé à Le Reporter, lundi 26 mai 2025, le Président de la Fédération marocaine des acteurs de la filière élevage (FMAFE), Mohamed Jabli a déclaré que certains marchés aux moutons connaissent une dynamique à l’approche de l’Aïd Al-Adha. Entretien.

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A quelques jours de l’Aïd Al-Adha, comment se présente la demande de viande ovine chez les boucheries et des moutons dans les marchés aux ovins?
Il y a actuellement une forte demande de viande ovine et des moutons dans les marchés aux moutons. Mais ce qui m’étonne aujourd’hui, c’est que ceux qui achètent maintenant de grandes quantités de viande ovine ou un mouton ce sont surtout ceux qui appelaient auparavant sur les réseaux sociaux à ne pas accomplir le rituel du sacrifice. En fait, cela s’explique par le fait qu’avant la décision de l’annulation du sacrifice cette année, ces gens n’avaient pas la possibilité d’acquérir un mouton. Car le prix atteignait entre 6000 et 7000 dirhams. Mais au lendemain de cette annulation, le prix du mouton a atteint seulement 2.500 dirhams. Cette catégorie de personnes peut se permettre d’acquérir un mouton à ce prix. C’est pourquoi, ces personnes souhaitent célébrer cette année la fête religieuse de l’Aïd Al-adha. Ce qui est une grande contradiction. Dois-je enfin le souligner, la classe qui pratiquait le rituel du sacrifice c’était surtout la classe des pauvres. Ce sont en particulier les familles aux revenus très modestes qui déboursent des montants élevés pour acquérir le mouton de l’Aïd El Kébir.

Cette forte demande est-elle constatée dans toutes les régions du Royaume?
Oui. La demande est très importante au niveau de toutes les régions. J’ai des contacts avec toutes les sections de la Fédération à travers tout le pays, le constat est en effet général : il y a une demande très importante.

Qu’en est-il des prix des moutons au lendemain de l’annulation du rituel du sacrifice?
Au lendemain de l’annulation du rituel du sacrifice de l’Aïd, les prix du moutons avaient baissé jusqu’à 35 dirhams le kilogramme. Mais aujourd’hui, en raison de cette forte demande des Marocains, le prix a grimpé à 55 dirhams le kilo. Certes, le prix n’a pas atteint  80 dirhams le kilo qui devait être atteint si le rituel n’a pas été annulé. Mais il y a eu une augmentation du prix du mouton de 15 à 20 dirhams par kilo.

A noter que  la ruée ces derniers jours vers les boucheries pour se procurer de grandes quantités de viande ovine a également provoqué la hausse des prix de la viande ovine chez les boucheries. Certains achètent une demi-carcasse d’agneau ou même une carcasse d’agneau, au lieu d’acheter un ou deux kilos de viande.

Les citoyens se précipitent sur des produits dont le prix est dopé par leur propre demande. D’ailleurs, la forte demande sur les abats a atteint des niveaux inhabituels. C’est ce qui explique l’augmentation importante des prix de ce produit. Alors qu’ils coûtaient 200 dirhams, les abats affichent actuellement un prix entre 500 et 700 dirhams.

A ce rythme là, pensez-vous que l’objectif de préserver le cheptel pour l’année prochaine et de stabiliser le prix sera concrétisé?

Aujourd’hui, il y a une pénurie. Il nous faut 6 millions de têtes d’ovins. Mais maintenant il y a seulement 3 millions. Et si la moitié des Marocains ont acheté une carcasse ou acquis un mouton pour l’égorger le jour de la fête, malgré l’annulation du rituel, eh bien l’objectif de préserver le cheptel pour l’année prochaine ne sera pas réalisé. Il faut dire que cette attitude de frénésie compromet les efforts de reconstitution du cheptel national.

Aux citoyens, je dis qu’il n’est pas nécessaire de se précipiter pour s’approvisionner en grandes quantités de viande ovine. Car c’est ce qui fait  augmenter les prix. Il suffit d’acheter ce qui est nécessaire pour un jour ou deux. D’autant que la viande ne sera pas en rupture. D’ailleurs, les abattoirs municipaux de Casablanca resteront ouverts avant et après l’Aïd Al-Adha. Ils seront suspendus un jour avant le jour de la fête et deux jours après.

Des rumeurs circulant depuis quelques jours avancent qu’il y a interdiction de vente de moutons au niveau des marchés. Qu’en dites-vous?

Il n’y a pas d’interdiction officielle. D’ailleurs, au niveau des marchés aux moutons, les gens continuent d’acquérir les moutons. Beaucoup de Casablancais vont aux marchés de Settat, de L’Brouj ou encore de Fquih Ben Salah où les moutons sont encore vendus. Les citoyens viennent pour y acquérir un mouton pour l’égorger le jour de l’Aïd. Certains prétendent qu’ils ont une naissance et que c’est pour célébrer l’occasion. Mais ce n’est pas vrai. Ce n’est pas possible que toutes ces personnes ont eu une naissance. C’est juste un prétexte.

Qu’en est-il de l’activité de l’abattage des ovins dans les abattoirs de Casablanca ?

Les abattoirs de la Région de Casablanca-Settat fonctionnent normalement. Le nombre de têtes de moutons à abattre quotidiennement dans ces abattoirs municipaux a été fixé à 1.500 têtes. Avant, il n’y avait pas beaucoup de demande pour l’abattage de moutons. Le nombre des ovins à abattre par jour était fixé entre 900 et1.300 têtes. On  n’a jamais atteint 1 500 têtes comme c’est le cas aujourd’hui. Sachant qu’il y a une forte demande. Mais les ressources humaines disponibles actuellement dans ces abattoirs ne permettent pas d’abattre  plus de 1.500 têtes d’ovins.

Il faut noter que les 1 500 têtes abattues aujourd’hui sont l’équivalent de 3.000 têtes abattues auparavant. Car le mouton abattu actuellement est de 70 à 80 kg. Alors que les bêtes abattues auparavant étaient d’environ 30 à 34 kg.

Entretien réalisé par N.Cherii

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