Alors qu’Israël avait annoncé qu’il autoriserait l’entrée d’une quantité limitée d’aide humanitaire dans la bande de Gaza, les Gazaouis attendaient désespérément une distribution, ce mercredi 21 mai.
La situation humanitaire est dramatique dans la bande de Gaza. Deux millions de personnes y sont affamées, alors que des «tonnes de nourriture sont bloquées à la frontière».
Les gens ont un besoin pressant et désespéré de tout: nourriture, médicaments, eau potable, etc., ont constaté les agences humanitaires. Dans les 48 heures, 14.000 bébés pourraient mourir dans la bande de Gaza si l’aide humanitaire ne parvient pas, déclare mardi 20 mai l’ONU.
Alors qu’Israël avait annoncé dimanche 18 mai laisser entrer une centaine de camions de l’ONU, dans le territoire palestinien assiégé et affamé de Gaza, les populations attendaient désespérément une distribution d’aides humanitaires, ce mercredi 21 mai.
«Rien n’est arrivé!», écrivait ce mercredi 21 mai la journaliste palestinienne Yafa Abu Akar sur son compte Facebook. «Les gens meurent de faim. Les enfants décèdent non seulement des bombardements, mais aussi de déshydratation et de fatigue. Tout le monde est fatigué des déplacements. Les gens errent d’une région à une autre et perdent à chaque fois leurs enfants. Pas d’eau potable, pas de pain, rien. Nous sommes en train, tous, de mourir de faim», alerte cette journaliste.
«Pour l’instant, il n’y a rien. L’aide n’arrive pas encore». «Aucun camion d’aide n’est entré dans la bande de Gaza», affirmait également mercredi le journaliste Anas Al Shérif sur son compte Facebook. Durant près de 20 mois, celui-ci a couvert sans relâche l’offensive israélienne et son cortège de destructions.
«Goutte d’eau dans l’océan»
Neuf camions d’aide humanitaire des Nations unies ont été autorisés à entrer dans la bande de Gaza ce lundi 19 mai, a annoncé dans un communiqué, Tom Fletcher, chef des opérations humanitaires de l’ONU, qualifiant cette aide limitée de «goutte d’eau dans l’océan» après 11 semaines de blocage.
L’ONG Médecins sans frontières (MSF) a accusé Israël de ne laisser entrer à Gaza qu’une aide «ridiculement insuffisante» face aux besoins du territoire, seulement pour ne pas être accusé «de famine imposée à la population».
«Ce plan est une manière d’instrumentaliser l’aide, en la transformant en outil au service des objectifs militaires des forces israéliennes», a déclaré Pascale Coissard, coordinatrice des urgences MSF à Khan Younis, à Gaza, dans un communiqué.
Pour les ONG et les agences humanitaires, l’offensive de grande ampleur à Rafah pourrait aggraver considérablement la crise et rendre l’accès à cette aide encore plus difficile.
Le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) se plaint de complications imposées par Israël qui empêchent l’acheminement de l’aide jusqu’à ses destinataires une fois qu’elle arrive à Gaza où la situation s’est dramatiquement aggravée depuis le 2 mars, date à laquelle les livraisons d’aide humanitaire ont été interrompues par l’armée israélienne.
Les chiffres sont on ne peut plus inquiétants. Selon une mise à jour publiée lundi par le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), un outil utilisé pour mesurer les niveaux de faim dans le monde, 2,1 millions d’habitants de l’enclave palestinienne souffrent actuellement d’insécurité alimentaire aiguë, dont environ un quart pourrait prochainement sombrer dans la famine, le niveau le plus grave, qualifié de «catastrophique».
Les nouvelles projections de l’IPC, qui classifie les niveaux de faim graduels de 1 à 5, indiquent que la situation humanitaire pourrait encore se dégrader.
Entre la mi-mai et la fin septembre 2025, le rapport estime que 470.000 personnes seront confrontées à la phase 5 (catastrophe), plus d’un million à la phase 4 (urgence) et le reste à la phase 3 (crise). Il s’agit d’une progression dramatique par rapport à l’analyse précédente d’octobre 2024, qui recensait 133.000 personnes dans la catégorie 5, à savoir la famine.
Dans une déclaration conjointe, le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) ont alerté récemment contre une «catastrophe imminente» dans l’enclave palestinienne, soulignant que 71.000 enfants et plus de 17.000 mères nécessitent déjà un traitement d’urgence pour malnutrition aiguë.
«Le risque de famine à Gaza augmente avec la rétention délibérée de l’aide humanitaire, y compris de nourriture, dans le cadre du blocus en cours», a déclaré le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, à l’ouverture de la réunion annuelle des États membres de l’organisation à Genève.
Citant des données du ministère palestinien de la santé, l’OMS indique qu’au moins 57 enfants seraient morts des effets de la malnutrition depuis le début du blocus de l’aide humanitaire le 2 mars dernier. Une façon de rappeler que «le risque de famine à Gaza augmente avec le refus délibéré de l’aide humanitaire, y compris alimentaire».
Après dix-neuf mois de conflit, l’intégralité de la population gazaouie, soit environ 2,1 millions de personnes, est confrontée à «un risque critique de famine», avec 22 % de la population bientôt dans une situation «catastrophique», ont alerté lundi des agences de l’ONU. L’ONG «Première urgence internationale» estime qu’à Gaza, il y a un repas tous les quatre jours, par personne. «Aujourd’hui, se nourrir à Gaza, c’est devenu la chose la plus compliquée du monde», souligne dimanche 18 mai Olivier Routeau, directeur des opérations de l’ONG.
«Une famine pour un demi-million de personnes et avec le reste de la population qui est dans une situation d’insécurité alimentaire extrême, c’est du jamais vu dans la période récente», observe l’humanitaire.
Depuis plusieurs semaines, des agences de l’ONU et des ONG internationales présentes à Gaza signalent en effet des pénuries de nourriture, d’eau potable, de carburant et de médicaments dans l’enclave palestinienne. Il s’agit de la plus longue interruption d’aide depuis le début de la guerre.
A Gaza, à la frontière, plus de 1 200 camions sont en attente, chargés de nourriture, de carburant et de médicaments. Les principaux points de passage, Rafah et Kerem Shalom, sont fermés. Plus aucun camion d’aide n’a pu entrer à Gaza depuis plus de deux mois.
Israël bloque l’entrée de médicaments, de nourriture et de gaz de cuisine. Le carburant ne passe plus, ce qui empêche le fonctionnement des pompes à eau, des hôpitaux et des cuisines communautaires.
Les 25 boulangeries soutenues par le Programme alimentaire mondial sont fermées depuis fin mars 2025, et les cuisines collectives qui préparaient des repas pour les habitants ont cessé de fonctionner faute de farine et de carburant. C’est dire que la situation à Gaza est sans précédent et indescriptible.
N.Cherii