Tomate : Lahoucine Aderdour : «La filière de la tomate au Maroc aura encore des contraintes et des difficultés à l’avenir, si rien n’est fait»

Lahoucine Aderdour, Président de la Fédération interprofessionnelle marocaine de la production et de l'exportation des fruits et légumes (FIFEL)
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Entretien avec Lahoucine Aderdour, Président de la Fédération interprofessionnelle marocaine de la production et de l’exportation des fruits et légumes (FIFEL)

Le Salon international de l’agriculture du Maroc s’est passé les années dernières dans un contexte de sécheresse. Cette année, il survient après deux mois de pluies. Pensez-vous que les dernières précipitations vont contribuer à améliorer la situation dans la zone Souss-Massa?

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Hamdoulilah, il y a eu ces pluies qui ont arrosé plusieurs régions du pays. Elles redonnent en effet un espoir pour  la campagne agricole 2024-2025. Ces précipitations ont des effets bénéfiques sur les eaux souterraines ainsi que sur les pâturages. Elles permettent par ailleurs le remplissage des barrages. Mais ces pluies n’étaient pas générales. Ce sont surtout les régions du nord qui en ont été les principales bénéficiaires. Même si les précipitations des deux derniers mois ont aussi concerné la zone sud du pays. Dans cette zone, le rendement devrait être meilleur que les années précédentes. Mais la campagne agricole y sera moyenne.

En 2023, la FIFEL avait alerté sur la crise que traversait la filière marocaine de la tomate. Comment se porte aujourd’hui cette filière?

La filière connaît toujours plusieurs difficultés. Nous devons d’ailleurs annoncer aux responsables du secteur que la filière de la tomate au Maroc aura encore des contraintes et des difficultés à l’avenir, si rien n’est fait.

Parmi ces difficultés figurent notamment les maladies dont sont particulièrement sensibles les tomates. Il faut dire que c’est là un problème qui pèse lourdement sur les producteurs. Car ces maladies menacent directement les cultures. D’ailleurs, chaque année, les plantations de tomates rondes subissent de graves dommages à cause des virus qui perturbent la production. Malheureusement, pour l’instant, on n’a pas encore trouvé des solutions aux attaques virales des parasites qui impactent les rendements des tomates. Il n’existe aucun traitement pour contrer les virus qui attaquent le produit. Les vecteurs de ces maladies, qui nous viennent via les semences importées, rendent la lutte contre les parasites de plus en plus difficile.

Les producteurs ne peuvent rien faire face à ces virus dangereux. Cependant, ils sont obligés de continuer à travailler. Ils doivent travailler parce qu’ils ont des frais et des charges à couvrir.  A noter enfin que le secteur connait également des difficultés sur le plan commercial, surtout au niveau de certains marchés internationaux.

Certaines organisations françaises dénoncent une concurrence déloyale des produits marocains, notamment les tomates. Craignez-vous pour l’avenir des exportations marocaines vers ce marché français et vers l’Europe en général ?

Il faut rappeler que les produits marocains existent sur le marché européen depuis maintenant 70 ans. On ne fait pas de la concurrence aux producteurs français ou européens.

Ces derniers avancent que nous exportons nos produits durant la période où eux produisent la tomate. Ils disent qu’à l’arrivée de l’été, nous devons arrêter d’exporter vers ce marché. Mais nous, on a un produit hivernal et on complète le besoin qu’il y a sur ce marché européen durant la période où ce marché est défaillant et ne peut pas assurer des quantités de produits suffisantes.

De plus, les quantités marocaines exportées sur ce marché ne vont pas créer des difficultés aux produits européens durant cette période-là. Car ce ne sont pas de grandes quantités, mais des quantités raisonnables et programmées.

Je dois enfin signaler que le problème que nous avons sur ce marché c’est surtout avec certaines organisations qui font ce qu’elles font pour nuire aux produits marocains. Mais avec les officiels il n’y a aucun problème.

Propos recueillis par Naima Cherii

 

 

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