Le transfert de la ferraille de Salmia de Casablanca n’est qu’une question de temps. Le lieu devant accueillir les ferrailleurs de ce grand marché de pièces de rechange d’occasion au Maroc serait déjà trouvé à Médiouna. Et d’ici une semaine, le recensement des intéressés sera bouclé, selon des sources proches du dossier.
Il y a encore quelques années, le transfert de la ferraille Sbata, située à proximité de hay Salmia dans l’arrondissement de Sbata, n’était pas chose acquise. La discussion sur cette délocalisation a été lancée depuis déjà un certain temps. Le projet de regrouper l’ensemble des ferrailleurs dans un seul site, loin du périmètre urbain, date en effet des années 90. Mais les concernés affichaient toujours la détermination de bloquer tout processus d’évacuation.
Au fil des années, le site, situé au milieu des habitations, allait ainsi devenir source de nuisance pour les riverains. D’ailleurs, ceux-ci n’ont pas cessé de se plaindre de l’odeur des gaz d’échappement des voitures en marche qui continuait d’empester l’air de leur quartier.
Mais les autorités de Casablanca ont décidé d’agir en ce moment. D’ailleurs, le Conseil de la ville de Casablanca est déterminé à transférer ce lieu pour y réaliser un village sportif et un hôtel, nous a indiqué une source proche du dossier, ajoutant que lors d’un point de presse, tenu il y a quelques mois, la présidente, Nabila Rmili a fait savoir que les ferrailleurs de Salmia seront bientôt évacués.
Selon nos sources, plusieurs réunions auraient été tenues à ce sujet pour faire aboutir le projet de transfert de ce grand marché, lequel est, chaque jour, pris d’assaut par des dizaines de clients venus chercher une pièce de rechange qu’ils ne retrouvent pas au marché du neuf.
Le transfert de la ferraille de Salmia à Casablanca ne serait donc qu’une question de temps, confient cette semaine à Le Reporter Mohamed Dahbi, secrétaire général de l’Union générale des entreprises et professions (UGEP), qui fédère, entre autres catégories, les commerçants exerçant dans ce marché de pièces de rechange d’occasion à Salmia. Le SG de l’Union fait savoir que le lieu devant accueillir les ferrailleurs serait d’ores et déjà trouvé à Mediouna.
Pour le moment, dit-il, un travail de recensement des commerçants et des dépôts a été lancé fin décembre 2024 et sera bouclé d’ici une semaine. «Le marché compte plus de 1200 commerçants. On est toujours en train de faire ce recensement avec la fédération nationale des pièces de rechange d’occasion. Il ne reste que deux blocs pour terminer cette opération de recensement», nous déclare cette semaine le secrétaire général. Il indique au passage qu’un architecte sera désigné pour réaliser une étude sur le projet.
«Dès que le recensement sera finalisé, nous allons en confier le résultat, ainsi que les plans, à l’architecte. C’est sur la base de ce recensement que l’on va faire notre conception du nouveau marché. Au final, ce travail va aboutir à notre proposition (maquette) que l’on va présenter au ministère du commerce, au Wali de la région de Casablanca-Settat et à la présidente du Conseil de la ville. Et c’est sur la base de cette étude que l’on saura également la superficie du terrain qui va accueillir le projet», explique encore notre interlocuteur. Selon lui, la maquette du nouveau marché, qui sera proposée aux responsables, sera fin prête d’ici deux mois.
De leur côté, les ferrailleurs de Salmia sont cette fois-ci convaincus d’évacuer le site. «Nous sommes installés dans ce marché faute d’alternatives. Nous savons qu’on ne peut pas rester éternellement sur ce site. Nous savons que la délocalisation arrivera un jour. Ce transfert était prévu. D’ailleurs, nous l’avons, nous-mêmes, demandé vu l’état du site qui ne nous permet plus d’exercer notre activité comme il faut», nous a confié cette semaine Adil Rachidi, président de la fédération nationale des pièces de rechange d’occasion. Pour ce ferrailleur importateur, il est nécessaire de procéder à la restructuration de ce type de marchés. Car, dit-il, le secteur des pièces de rechange n’est plus ce qu’il était par le passé. «Aujourd’hui, il faut un marché avec des normes internationales comme cela se fait dans d’autres pays telle, par exemple, la Chine où l’on trouve des quartiers spécialisés en la matière et où ces marchés «Ferrailles» de pièces de rechange sont intégrés dans l’économie circulaire», poursuit le président de cette fédération, affiliée à l’UGEP.
S’étalant sur 8 hectares, la ferraille de Salmia a connu une grande extension, passant à plus de 1200 commerçants actuellement. Elle déborde d’un stock énorme de milliers de tonnes de pièces métalliques. A première vue, ce grand marché donne l’allure d’un grand dépôt d’anciennes voitures qui ne servent plus à rien. Mais dans ce lieu, toutes les pièces détachées automobiles sont disponibles. Mécaniciens, tôliers, électriciens de voitures et même certains particuliers viennent ici pour chercher des pièces de rechange d’occasion. En fait, ce qui attire les clients, ce sont les prix bon marché pratiqués à la casse.
Naîma Cherii
