Situation inquiétante à Al Fida-Mers Sultan : Le Wali de Casablanca et le préfet de Police saisis, Rapport et Constat d’huissier à l’appui

Sur les 268 magasins que compte le marché, 80 ont été fermés

Une ambiance maussade plane sur l’un des marchés les plus connus dans tout le Maroc. Au quartier populaire de Derb Sultan, le marché très ancien «Al Gharb» (Souk Jmiaâ), érigé en 1860, vit au rythme de la colère de ses commerçants.

Au cœur de ce mécontentement, la situation très inquiétante de ce marché historique. Les commerçants viennent d’interpeller les responsables de la ville de Casablanca, via un courrier qu’ils ont déposé la semaine dernière.

- Publicité -

Dans les détails, le Président de l’Association Alwifaq pour les commerçants, les professionnels et les artisans du marché Al Gharb, Abelghani Khail déclare à Le Reporter que ce marché s’est transformé en un point noir, notamment sur le plan sécuritaire. «A partir de 18 heures, les clients n’osent pas s’approcher du marché ni même de ses alentours. Ce qui se passe le soir dans ce marché est catastrophique. Nous demandons qu’une commission s’y déplace pour constater sur place  cette situation misérable», alerte le Président de l’Association, affiliée à l’Union générale des entreprises et professions (UGEP).

Ce dernier ne mâche pas ses mots : «Le marché est un autre monde le soir. Des SDF, des ivrognes, de la drogue, etc. Hélas, jusqu’à présent il n’y a aucune intervention pour protéger le commerce et assurer la sécurité dans le marché».

Notre interlocuteur tient à rappeler : «le marché était autrefois l’un des plus prisés dans la capitale économique. Mais, aujourd’hui, son état est effrayant. Il y a des fuites d’eaux usées. Les odeurs sont nauséabondes. Sur les 268 magasins que compte le marché, 80 ont été fermés. Leurs propriétaires ont été contraints de quitter le marché. Certains d’entre ces magasins ont changé d’activité, alors que d’autres ont été transformés en dépôts».

 

Le président Abdelghani Khail déplore aussi l’occupation par les marchands ambulants «Ferrachas» des environs du marché, notamment dans les rues Al Gharb, Belghazi, Taroudante et place Taj. «Beaucoup d’entre ces vendeurs ne font pas partie des habitants du quartier. Certains ont été chassés de certaines zones comme la rue Abbassiyine située sur le boulevard Mohammed VI au niveau de Garage Allal, et d’autres viennent des zones rurales», précise la même source.

Selon Abdelghani Khail,  plus de 200 marchands ambulants encerclent Souk « Gharb ». «Ces marchands vendent leur produits devant le marché. Les 7 portes du marché sont exploitées par ces commerçants ambulants, lesquels louent, à des prix modestes, les magasins transformés en dépôts dans le marché. En plus de la concurrence déloyale qu’ils font aux commerçants du marché, leurs produits ne sont soumis à aucun contrôle. C’est le cas d’ailleurs des autres «Ferrachas» occupant plusieurs rues de Kissariat Hafari et du complexe garage Allal. Où sont les autorités et les élus dans tout ça ? C’est là la question que tout le monde se pose ici», précise la même source.

On savait le souk Jmiaâ plein d’herboristes, entourés de voyantes, charlatans et adeptes de la sorcellerie. En 2019, les autorités y avaient mené une opération de démantèlement et de destruction de plusieurs baraques occupées par ces charlatans. Mais notre interlocuteur affirme que des baraques servent encore à abriter des séances de sorcellerie et autre magie noire!

 

Face aux menaces de souk «Jmiaâ», l’Association Alwifaq a décidé de mettre le dossier entre les mains du Wali de la région de Casablanca-Settat, du Préfet de la police de Casablanca, de la Présidente du Conseil de la ville et du gouverneur d’Al Fida-Mers Sultan. D’ailleurs, un rapport détaillé sur la situation préoccupante du marché ainsi qu’un PV réalisé par un huissier de justice ont été déposés la semaine dernière auprès de ces derniers.

Dans une déclaration à Le Reporter, Mohamed Dahbi, Secrétaire général de l’Union Générale des Entreprises et Professions (UGEP) fait savoir que le but de ce courrier, dont Le Reporter détient copie, c’est aussi de relancer avec le Wali de la région, Mohamed Mhidia, le problème des marchands ambulants qui continuent d’exister dans l’arrondissement de Derb Sultan-Fida.

«Souk Jmiaâ est un marché historique, nous demandons qu’il soit sauvé de la négligence, en tant que patrimoine culturel. Comme on l’a d’ailleurs fait pour d’autres marchés à Casablanca. Mais il y a aussi le phénomène des commerçants ambulants qu’il faut régler», dit-il.

Et le SG de l’UGEP de poursuivre: «Ce marché fait partie du complexe commercial Garage Allal et de Kissariat Hafari. Plusieurs rues et trottoirs situés dans la zone sont toujours occupés par des marchands ambulants. Leur nombre peut atteindre jusqu’à plus de 30.000 surtout les mercredis et samedi».

 

Pour le SG de l’Union, cette situation a considérablement affecté les ventes des commerçants déclarés dans les zones concernées. «Ces vendeurs déclarés ont souligné les pertes financières qu’ils subissent à cause de la présence des marchands ambulants. Ils ont du mal à maintenir leur activité et à générer des revenus suffisants pour soutenir leurs familles. D’ailleurs, au marché d’Al Gharb, par exemple, plusieurs magasins ont été fermés. Des 64 magasins de fruits et légumes que comptait ce marché, il n’y a plus un seul vendeur de légumes qui pratique aujourd’hui dans ce marché. On ne peut que s’interroger pourquoi laisser ce marché historique se détériorer. Et pourquoi sa réhabilitation n’a pas été programmée par les responsables de la ville. Et pourquoi, tolérer encore que des «Farrachas» occupent toujours plusieurs zones de l’arrondissement Al Fida-Mers Sultan», a-t-il conclu.

Un dossier à suivre.

N.Cherii

- Publicité -

Laisser un commentaire

Please enter your comment!
Please enter your name here