La guerre livrée par Israël au Hezbollah sur le territoire Libanais prend le risque de détruire complètement un Etat en survie artificielle depuis des décennies. Les Libanais souffrent et de vieux démons s’agitent dans un pays qui a été le symbole, pendant des années terribles, des guerres inter religieuses et ethniques.
Du paradis à l’enfer, le Liban une faillite dramatique de vivre ensemble d’un pays. De nouveau, les civils souffrent et pas seulement les chiites dans les territoires du Hezbollah, pas seulement les habitants de Beyrouth l’asile bombardé, mais aussi les sunnites et les chrétiens.
La guerre contre le Hezbollah est une nouvelle guerre du Liban. Cette nouvelle guerre a fait redécouvrir bien des choses et notamment l’implication de l’Onu au Liban par le biais de la Finul.
La force internationale bien oubliée est sous la pression des Israéliens qui souhaitent la voir se retirer des zones de combats pour bien sûr ne pas avoir d’observateurs de ses actions sur le terrain. Un affrontement supplémentaire entre l’Etat hébreu et une organisation internationale de plus en plus hostile à sa logique guerrière.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a affirmé lundi 14 octobre qu’Israël continuerait «à frapper sans pitié le Hezbollah» au Liban, au lendemain de l’attaque la plus meurtrière du mouvement pro-iranien sur le sol israélien en près d’un mois d’escalade militaire.
Une attaque de drone menée par le mouvement islamiste libanais ce dimanche sur une base militaire à Binyamina, dans le nord d’Israël, a tué quatre soldats et a fait plus de 60 blessés selon les secouristes.
«Les soldats de la paix de la Finul restent dans toutes leurs positions et le drapeau des Nations unies continue de flotter [dans le sud du Liban]»: par la voix de son porte-parole, Stéphane Dujarric, le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a opposé une fin de non-recevoir, dimanche 13 octobre, à la demande de retrait de la force internationale des «bastions du Hezbollah et des zones de combat» que lui avait adressée le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahu. M. Guterres a dénoncé les récents tirs israéliens contre des positions de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul).
Mais quand est arrivée la Finul ? Elle a été instaurée en 1978, en pleine guerre civile du Liban, à la suite de la première invasion du sud du pays du Cèdre par Israël. L’objectif affiché de l’Etat hébreu est alors de repousser les fédayins palestiniens qui, de cette région, mènent une guerre de harcèlement. La diplomatie libanaise, inquiète d’une partition du pays et des ambitions territoriales d’Israël, bataille pour l’adoption de la résolution 425, qui exige le retrait des forces israéliennes. «Confirmer» leur départ objectif de la Finul, un vœu qui va rester pieux, l’occupation va durer vingt-deux ans. La Finul est déployée à l’origine avec 4 000 hommes sur 650 km2. Avec la résolution no 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, il est décidé pour terminer le conflit israélo-libanais de 2006 de renforcer jusqu’à 15 000 militaires le contingent de la Finul dans le Liban du Sud, dont la moitié seront des Européens. Sa mission sera d’appuyer les 15 000 soldats de l’armée libanaise, pour former une zone tampon entre le Liban et Israël. On peut remarquer que cette force n’a pas d’appui aérien à niveau dissuasif en cas de conflit. La Finul remplace totalement la Force multinationale de sécurité à Beyrouth dissoute en mars 1984 à la suite du double attentat contre les contingents français et américain. Le mandat principal de la Finul est de «confirmer» le départ des troupes d’occupation israéliennes du Liban conformément à la résolution 425 de l’ONU. Les soldats de la Finul sont visés par des attaques récurrentes de l’Armée du Liban sud (ALS), une milice armée par Israël et à ses ordre. Les attaques menées par l’ALS, en concertation avec l’armée israélienne, ont pour objectif de forcer le départ de la Finul, mais il n’est pas atteint. La présence de celle-ci permet, dans les villages où elle est déployée, d’assurer une relative sécurité aux habitants. La Finul est aussi parfois attaquée par le Hezbollah, qui considère certains contingents européens comme pro-israéliens.
Après la fin de l’occupation israélienne en 2000, la mission onusienne est chargée d’aider le gouvernement de Beyrouth à restaurer son autorité dans la zone frontalière. Elle entame le marquage de la «ligne bleue», une délimitation qui fait office de frontière provisoire entre les deux pays. Après la guerre israélo-libanaise de 2006, la Finul est donc renforcée, passant de deux mille hommes à plus de dix mille, sous commandement européen. La Finul doit rendre compte au Conseil de sécurité des violations de la cessation des hostilités et accompagner le redéploiement de l’armée libanaise sur le terrain. Elle sert aussi d’outil pour désamorcer les tensions, faisant la courroie de transmission entre militaires libanais et israéliens. La aussi il y a un constat d’échec.
Le 28 août 2024, par sa résolution n° 2749, en réponse à une demande du gouvernement libanais, le Conseil de sécurité de l’ONU, réitère son exigence de voir appliquer la résolution n° 1701 de 2006 et proroge le mandat de la Finul jusqu’au 31 août 2025.
La Finul n’a jamais rempli sa mission, les résolutions de l’Onu n’ont jamais été appliquées mais elle reste pour le moment sur place et se transforme en force d’observation qui bride Israël dans la violence de certaines actions anti Hezbollah mais frappant largement des populations civiles. Elle gène et se retrouve malgré elle au front, elle implique la communauté internationale par l’Onu à la fureur de Netanyahu.
Patrice Zehr