Pêche maritime : Omar Akouri «Nos pêcheries sont au bord de l’extinction»

Omar Akouri, président de la fédération de la pêche maritime et de l'aquaculture

Les générations futures connaitront-elles le poisson ? Rien n’est moins sûr : les stocks des ressources connaissent en ce moment une chute importante, en particulier les poissons pélagiques. Et si rien n’est fait, certaines espèces pourraient même disparaitre d’ici quelques années, en raison de la surpêche, de la contrebande, des engins de pêche prohibés, ainsi que des changements climatiques.

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Si les experts ont sonné l’alarme depuis plusieurs années, dans les milieux des professionnels, on reconnaît aussi la situation.
Omar Akouri, président de la fédération de la pêche maritime et de l’aquaculture (FPMA), pour ne citer que lui, se dit inquiet. Il l’a d’ailleurs fait savoir lors de la journée d’étude organisée mardi 9 juillet au Parlement sur le secteur de la pêche.

«Nos ressources sont en danger. Et si des mesures urgentes ne sont pas prises, la situation serait encore plus grave», prévient-il. Il poursuit : «Nous avons atteint un stade que personne n’aurait pu imaginer. Nos pêcheries sont au bord de l’extinction. Nous l’avons, tous, constaté. Les citoyens remarquent d’ailleurs que le prix du poisson augmente sur nos marchés et s’interrogent sur les raisons de cette situation dans un pays qui compte 3500 km de côtes. Certains ne peuvent accéder au poisson qu’une seule fois par mois, et parfois ils n’en trouvent pas sur les étals. Pourtant, ils entendent dire que des milliers de tonnes de poissons sont exportées».
Pour le président de la FPMA, la situation est donc grave. Il fait savoir que des courriers ont été adressés, il y a plusieurs mois, au Chef de gouvernement et au ministre de l’Intérieur pour les alerter sur le danger que connait le secteur, notamment le céphalopode.

Il rappelle dans ce cadre que les captures de céphalopodes ont connu, il y a plus d’un an, une chute drastique dans la zone sud du pays. En témoignent d’ailleurs les rapports scientifiques de l’INRH qui avaient alerté sur la situation critique des stocks, dit-il. «On avait demandé au gouvernement d’intervenir de manière urgente pour protéger la ressource et trouver des solutions à la pêche illégale», lance Akouri, lequel pointe une mafia, où seraient impliqués des agents d’autorité et de contrôle.

Après plusieurs réunions, le ministère avait décidé d’arrêter l’activité pendant 8 mois afin de permettre aux ressources de se renouveler, précise-t-il. Il a aussi été décidé de détruire quelque 1300 barques illégales, mais trois mois après cette décision le problème était encore de retour, déplore Akouri, affirmant que l’activité de la mafia de poulpe n’a pas cessé.

Lors de cette journée d’étude, le président de la FPMA raconte l’histoire d’un trafiquant de poulpe, qui s’est présenté à une réunion organisée au ministère de la pêche, sans qu’il soit invité à y participer. Il a déclaré, dit-il, devant tous les intervenants, dont la sécurité et la gendarmerie royale, qu’il s’adonnait à la contrebande de poulpe et qu’il était contraint de le faire. «Il ajoute que si on lui donne 50 milliards de centimes, il mettrait un terme à son activité illégale. Aujourd’hui, cette personne s’adonne toujours à la contrebande de céphalopodes», affirme l’armateur, non sans colère.

Un autre message que veut faire passer le président de la FPMA. Le manque de contrôle est un danger qui menace le secteur, dit-il, lors de la journée d’étude organisée sur le secteur de la pêche. D’ailleurs, conclut-il, «je suis venu aujourd’hui à cette journée pour dire qu’il n’y a aucun contrôle»!

N.Cherii

 

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