La grogne reste vive chez les employés du secteur agricole. A la fédération nationale du secteur agricole (FNSA), des sources confient à Le Reporter que, si le gouvernement ne donne pas des réponses adéquates aux revendications des travailleurs du secteur, des manifestations pourraient perturber le Salon international de l’agriculture au Maroc (SIAM) 2024. Les détails.
Ce mouvement de colère est en train de se manifester dans les différents établissements et institutions publiques relevant du ministère de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, indique-ton à la Fédération nationale du secteur agricole, laquelle a organisé jeudi 14 mars une grève préventive.
Les manifestations, qui se multiplient depuis plusieurs mois, traduisent «un mouvement de mécontentement» contre «le dialogue stérile» du ministère qui ignore les revendications des travailleurs du secteur, déclare à Le Reporter, à la veille de cette nouvelle grève, Driss Ada, Secrétaire général adjoint et responsable régional dans le Gharb de la Fédération nationale du secteur agricole (FNSA).
Notre interlocuteur ne mâche pas ses mots. «Le secteur traverse actuellement une crise de moyens et de confiance. Le ministère de tutelle avait précédemment formulé –à plusieurs reprises- un certain nombre d’engagements. On attendait des décisions claires et une concrétisation de ces engagements, mais le ministre de tutelle, Mohamed Sadiki, n’a rien fait pour plaider en faveur des dossiers convenus et qui sont restés en suspens au ministère des Finances», déclare le responsable régional dans le Gharb de la Fédération nationale du secteur agricole.
La Fédération, qui multiplie les actions pour réclamer une amélioration des salaires du secteur et des conditions de travail, compte intensifier ses mouvements de grève afin de réaliser ses revendications. Elle prévoit une série d’actions plus ciblées et «surprises», fait savoir une autre source à la FNSA. Une réunion extraordinaire du comité administratif de la fédération est d’ailleurs prévue ce vendredi 22 mars, afin d’examiner une série «de mobilisations» dans l’ensemble du pays au cours des «prochaines semaines», fait savoir cette même source.
Le bureau exécutif, qui ne précise pas à ce stade les dates exactes des prochaines manifestations, dit que la Fédération ne renonce aucunement à ses revendications et à la nécessité de mettre à exécution les engagements soulignés par le ministère dans des PV. Mais elle reste cependant ouverte à un dialogue sérieux, responsable et constructif, de manière à répondre aux revendications légitimes des travailleurs du secteur, déclare la Fédération dans un communiqué diffusé vendredi 15 mars et parvenu à la rédaction.
Mais «si le gouvernement ne donne pas de réponses adéquates à leurs doléances», les travailleurs du secteur comptent relancer leur mobilisation afin de maintenir la pression sur le gouvernement, assure un responsable syndical à la Fédération. Celui-ci, qui souligne l’urgence de la situation, assure que les protestations des employés du secteur agricole prendront de l’ampleur et se multiplieront.
Notre interlocuteur évoque une action «surprise»: «Si le ministère ne s’attèle pas à réduire la distance entre les paroles et les actes, le Salon international de l’agriculture au Maroc pourrait être cette année perturbé par nos mouvements de protestation. Si on est obligé d’y aller, on va y aller pour crier notre colère», confie notre source, qui clame le «ras-le-bol généralisé» du secteur.
Et de poursuivre: «Ce Salon reflète le développement de l’agriculture au Maroc et les subventions importantes qui y sont dépensées. Mais de l’autre côté, la situation des travailleurs du secteur est précaire. Pourtant, ce sont eux qui créent la richesse dont sont fiers l’État et le privé».
Sur plusieurs dossiers, la FNSA considère que l’exécutif n’a pas encore apporté des solutions. Au cœur des revendications, figure également le dossier du statut du personnel de l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires. La Fédération demande à accélérer la procédure d’approbation de ce statut «sur la base du projet convenu avec notre syndicat», explique-t-on à la FNSA.
Au centre de la lutte des travailleurs du secteur, entamée en 2012, figure notamment la demande d’une réforme structurelle des Offices Régionaux de Mise en Valeur Agricoles (ORMVA) et des conditions de travail décentes pour les employés. Les syndicalistes demandent la ratification de la loi organique des (ORMVA), conformément à un accord préalablement établi avec le ministère. Les grèves persistantes dans le secteur agricole ont pour but de pousser le ministère de l’Agriculture et le ministère des Finances à répondre aux revendications des centres d’investissement agricole et des ORMVA, dont le statut remonte aux années 70 et ne répond plus aux attentes des employés, soulignent nos sources, qui déplorent «un sentiment grandissant de frustration chez les travailleurs du secteur face à un manque de reconnaissance de la part du gouvernement».
N.Cherii