Le programme d’aide au logement, conçu pour améliorer l’accès à la propriété pour la classe moyenne et ceux à revenus limités, suscite un vif intérêt auprès des Marocains dont ceux résidant à l’étranger.
Chiffres à l’appui : la plateforme digitale « Daam Sakane », lancée le 2 janvier dernier, a enregistré un total de 41.662 demandes d’aide au logement jusqu’au 31 du même mois.
Accompagnant ce programme d’aide étalé sur une période de cinq ans (2024-2028), « Daam Sakane », disponible également en application mobile, facilite la procédure d’inscription et de suivi des dossiers et élimine le besoin de soumettre des documents physiques à une administration désignée, pour assurer le partage des données entre les différents partenaires.
La gestion déléguée de ce programme a été confiée aux services de la Caisse Nationale de Retraite et d’Assurance (CNRA) relevant de la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG), qui assurera la gestion mandatée du programme et veillera à son implémentation.
De même, en vue de permettre la mise en œuvre de ce programme et d’accompagner la rénovation de la planification urbaine et territoriale, il est prévu la création de 12 agences régionales d’Urbanisme et d’Habitat, tenant compte des spécificités à la fois de l’espace urbain et du monde rural.
Des aspects encourageants
Lors d’un récent point de presse, le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, a révélé des aspects encourageants du programme d’aide au logement, avec 81% des demandes sont formulées par des citoyens résidant au Maroc, tandis que les 19% restantes ont été faites par des Marocains résidant à l’étranger.
Selon lui, 76% du total des demandes d’aide au logement déposées concernent l’acquisition d’un logement dont le prix de vente est inférieur à 300.000 dirhams, alors que 24% de ces demandes sont destinées à l’achat d’un logement dont le prix de vente varie entre 300.000 et 700.000 dirhams.
Les demandeurs, dont l’âge moyen est de 40 ans, sont majoritairement des hommes (63%) et la répartition géographique des demandes couvre diverses zones, notamment Fès, Meknès, Marrakech, Berrechid et Tanger-Assilah, des statistiques illustrant comment les dynamiques économiques et sociales influencent les comportements des consommateurs sur le marché immobilier.
Une bienveillance Royale
Lancé conformément aux Hautes Instructions Royales, le programme d’aide au logement s’inscrit parfaitement dans la volonté du Souverain de faciliter l’accès à un logement convenable pour tous les citoyens.
Dans ce sens, Sa Majesté le Roi Mohammed VI avait présidé, en octobre dernier, une réunion de travail dédiée au secteur de l’Habitat et de l’Urbanisme, où furent exposées les principales directives de ce programme d’aide au logement.
Ce nouveau programme, couvrant la période 2024-2028, vise à renouveler l’approche d’aide à l’accès à la propriété et à soutenir le pouvoir d’achat des ménages en offrant une aide financière directe à l’acquéreur d’un montant de 100.000 DH pour l’achat d’un logement à un prix inférieur ou égal à 300.000 DH TTC et de 70.000 DH pour l’achat d’un logement dont le prix est supérieur à 300.000 DH TTC et inférieur ou égal à 700.000 DH TTC.
Ce programme est ouvert aux Marocains résidant tant au Maroc qu’à l’étranger, à condition qu’ils ne possèdent pas de propriété au Maroc et qu’ils n’aient pas précédemment bénéficié d’une aide au logement. L’objectif principal est de rendre le logement plus accessible aux classes à faibles revenus et à la classe moyenne, de combler le déficit de logements et d’accélérer la réalisation du programme « Villes sans bidonvilles ».
Des objectifs bien tracés
Dans la première année, le ministère ambitionne la réalisation de 114.000 logements, dont 58.000 seront destinés à la classe moyenne. Cette estimation est basée sur la production nationale observée annuellement et tient compte des stocks à écouler.
De plus, une croissance annuelle de 10% du nombre d’unités est prévue, avec une augmentation progressive de l’offre de logements. Sur le plan budgétaire, ces aides devraient coûter à l’Etat 9,5 milliards de dirhams par an.
Interrogé par la MAP, l’expert en immobilier, Amine Mernissi, a estimé que pour que les promoteurs immobiliers privés puissent emboîter le pas à ce programme, il faut que les conditions économiques et de rentabilité soient au rendez-vous.
« Du foncier disponible à prix réduit et pas à 25 km des centres villes est une première condition indispensable pour produire des logements destinés à la classe moyenne », a affirmé M.Mernissi.
Ensuite, il y a d’autres paramètres qui entrent en ligne de compte et qui sont de nature à créer un effet d’entraînement à savoir la fiscalité, le financement, et la célérité administrative, a-t-il précisé.
Un impact direct sur l’économie
Sur le plan économique, ce programme est destiné à augmenter l’offre de logements, à stimuler le secteur du bâtiment et à dynamiser le secteur privé, en particulier les PME et la création d’emplois.
Ce programme d’aide au logement est essentiel non seulement pour garantir le logement, mais aussi pour dynamiser une industrie qui emploie plus d’un million de Marocains.
« Cet effort des pouvoirs publics est à saluer dans un contexte marqué par l’inflation galopante et la cherté de la vie de façon globale. Ceci constitue donc une mesure concrète de soutien au pouvoir d’achat des ménages », a indiqué M. Mernissi.
« Personne n’ignore l’adage : quand l’immobilier va, tout va. Par conséquent, l’effet d’entraînement de ce programme sur les différents pans de l’économie nationale sera remarquable à commencer par le premier secteur concerné, à savoir celui du BTP (bâtiment et travaux publics) et de l’immobilier qui avaient grandement besoin d’un nouveau souffle et d’une dynamique.
Ainsi, cette initiative illustre l’importance des investissements publics dans le secteur du logement comme moteur de la croissance économique, reflétant une stratégie globale visant à améliorer la qualité de vie tout en stimulant l’activité économique.