Accord de pêche Maroc-UE : Javier Garat Pèrez : «Les bateaux espagnols devront attendre l’ arrêté de la Cour de justice de l’UE»

Javier Garat Perez, Président d’Europêches et SG de la Fédération de la pêche en Espagne

Entretien avec Javier Garat Pèrez, président d’Europêches et SG de la Fédération de la pêche en Espagne

Dans cet entretien exclusif accordé à Le Reporter, le SG de la Fédération de la pêche en Espagne, Javier Garat Pèrez a exprimé sa préoccupation quant au fait que l’accord de pêche arrive à sa fin le 18 juillet prochain sans qu’un accord ait été négocié. Javier Garat Pèrez, également président d’Europêches, évoque aussi les alternatives dont disposent les pêcheurs espagnols en attendant de parvenir à un nouvel accord de pêche entre le Maroc et l’UE.

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Plus qu’un mois avant que l’accord de pêche entre l’Union européenne (UE) et le Maroc n’arrive à son terme. Les pourparlers pour sa reconduction sont conditionnés par l’arrêté juridique de la Cour de justice de l’UE qui devra se prononcer sur sa validité. On pense que ce sera vraisemblablement en septembre 2023. Qu’en pensez-vous ?

Non. On pense que ce sera vers la fin de l’année 2023 ou le début de l’année prochaine. Nous savons que le tribunal devrait suivre un long processus avant de promulguer son arrêté. D’ailleurs, c’est pourquoi aucune date n’est encore fixée pour les pourparlers officiels. Ce n’est qu’après la promulgation de l’arrêté par la Cour de Justice de l’UE que la Commission européenne et le Maroc pourront entamer les négociations pour la ratification de l’accord. Le lancement des négociations devrait donc accuser un certain retard. Mais on sait déjà que le gouvernement espagnol est en train d’étudier la situation même s’il n’y pas encore de résultats. On doit attendre pour voir ce qui va se passer.

Quelles seront les alternatives pour les pêcheurs espagnols après le 18 juillet, date de l’expiration dudit accord ?

Les armateurs espagnols ont d’autres alternatives. Les possibilités de pêche qu’ils ont au Maroc – conformément à l’accord conclu entre l’UE avec le Maroc- ce sont des possibilités complémentaires qui s’ajoutent aux différentes possibilités de pêche que les armateurs espagnols ont déjà en Espagne. Il s’agit notamment des possibilités qui existent au niveau de la province du Golf de Cadix Andalousie et où les pêcheurs de Barbate vont continuer à pêcher. Mais il y a aussi une autre possibilité complémentaire, c’est celle que permet l’accord avec la Mauritanie. Et donc quand les pêcheurs de Galicia ne pourront pas pêcher au Maroc, ils pourront continuer leur activité en Mauritanie. Enfin, il convient de rappeler également que l’Union européenne soutiendra les armateurs et les pêcheurs qui vont être touchés par cette situation d’arrêt. Ce sont là les alternatives dont disposent les pêcheurs espagnols en attendant de parvenir à un nouvel accord de pêche entre le Maroc et l’UE.

Combien de pêcheurs espagnols seront-ils impactés par l’arrêt d’activité dans les eaux marocaines ?

Normalement, l’Espagne dispose d’environ 96 licences de pêche dans le cadre du protocole ratifié entre le Maroc et l’UE. Mais je dois signaler à l’occasion que durant ces quatre dernières années, plusieurs bateaux n’ont pas utilisé les possibilités de pêche qu’ils ont au Maroc. Il y avait moins de bateaux espagnols dans les eaux marocaines durant ces dernières années. Et pour cause, la crise sanitaire qui a empêché ces bateaux d’aller pêcher au Maroc. Et de l’autre côté, il y a eu également la guerre entre l’Ukraine et la Russie et la hausse des prix des hydrocarbures. Conséquence de cette situation : il devient plus cher pour un bateau d’aller au Maroc que d’aller au Golf de Cadix Andalousie. C’est pourquoi, plusieurs armateurs ont préféré rester en Espagne plutôt que d’aller pêcher dans les eaux marocaines en raison de la flambée du gasoil. Il faut dire que les pêcheurs ont été affectés beaucoup plus par le Covid-19 et la crise en Ukraine que par autre chose. On espère que dans le futur les choses vont s’améliorer et que les prix du carburant se stabilisent. Et c’est à ce moment-là qu’on pourra voir plus de bateaux utiliser toutes les possibilités de pêche qu’ils ont. C’est donc difficile de vous dire avec exactitude le nombre de familles qui seront impactées par l’arrêt d’activité au Maroc. Je pourrais le dire quand tous les armateurs et tous les pêcheurs utiliseront les possibilités de pêche dont ils disposent au Maroc. Or, avec la crise de la flambée du gasoil, ce n’est pas le cas aujourd’hui.

Quelles sont les questions qui se posent aux professionnels de la pêche en Espagne ?

Comme je l’ai souligné, les professionnels espagnols du secteur de la pêche espèrent que les conditions de pêche se régularisent et surtout que les prix des carburants diminuent. Car c’est là un problème qui nous inquiète tous dans la profession. Si dans quelques mois, la situation revient à la normale, les pêcheurs espagnols qui sont restés dans la province de Cadix Andalousie vont pouvoir revenir exercer leur activité dans les eaux marocaines. Bien sûr, les pêcheurs espagnols veulent la reconduction de l’accord. Mais le problème c’est que le 18 juillet prochain, les bateaux espagnols ne pourront pas continuer de travailler dans les eaux marocaines. Ils devront attendre l’arrêté de la Cour de justice de l’UE.

Qu’en est-il de la Commission mixte (Marocco-espagnole) que vous co-présidez ? A-t-on déjà tenu des réunions au sujet de la situation et des prochaines négociations ?

Nous sommes en contact avec nos collègues marocains. On a parlé entre nous de ce sujet et, probablement, il y aura prochainement une réunion pour analyser la situation que nous savons aujourd’hui. Pour le moment, on n’a pas encore fixé une date. Mais il y a une bonne disponibilité, aussi bien du côté des professionnels espagnols que de nos collègues marocains, pour l’organisation de cette réunion.

Entretien réalisé par Naîma Cherii

 

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