L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a appelé, jeudi, les gouvernements à mettre en œuvre sans délai le cadre éthique mondial pour l’intelligence artificielle (IA).
« Alors que plus de 1.000 professionnels de la technologie ont demandé une pause dans le développement des systèmes d’IA, y compris Chat GPT, l’UNESCO appelle les pays à mettre en œuvre sans délai sa Recommandation sur l’éthique de l’intelligence artificielle », indique un communiqué de l’Organisation basée à Paris.
Ce cadre normatif mondial, adopté à l’unanimité par les 193 États membres de l’Organisation, prévoit les garde-fous nécessaires, note la même source.
« Le monde a besoin de règles éthiques pour l’intelligence artificielle : c’est le défi de notre temps. La Recommandation de l’UNESCO sur l’éthique de l’IA définit le cadre normatif approprié », souligne la directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, citée dans le communiqué.
« Nos États membres ont tous entériné cette recommandation en novembre 2021. Il est aujourd’hui urgent que tous transposent ce cadre sous la forme de stratégies et de réglementations nationales. Nous devons traduire les engagements en actes », a-t-elle ajouté
La Recommandation de l’UNESCO sur l’éthique de l’intelligence artificielle constitue le premier cadre normatif mondial pour une utilisation éthique de l’IA, note l’organisation onusienne, relevant que celle-ci est une feuille de route pour les pays, qui décrit comment amplifier les avantages de l’IA tout en réduisant les risques que cette technologie comporte.
À cette fin, le texte comporte non seulement des valeurs et des principes, mais aussi des orientations détaillées de politiques publiques dans tous les domaines concernés.
« L’UNESCO est particulièrement préoccupée par les questions éthiques soulevées par ces innovations dans les domaines de la lutte contre les discriminations et les stéréotypes, y compris sur les questions de genre, de la fiabilité de l’information, de la vie privée et de la protection des données, des droits humains et environnementaux », souligne-t-elle.
L’autorégulation de l’industrie n’est manifestement pas suffisante pour éviter ces préjudices éthiques. C’est pourquoi la Recommandation de l’UNESCO fournit les outils permettant de garantir que les développements de l’IA respectent l’état de droit, évitent les préjudices et garantissent que lorsque des préjudices sont causés, des mécanismes de responsabilité et de réparation soient mis en place et soient faciles à solliciter par les personnes concernées.
La Recommandation de l’UNESCO est par ailleurs assortie d’un outil d’évaluation qui permet à chaque État membre de connaître son état de préparation à la mise en œuvre de ce texte. « Cet outil permet aux pays de déterminer les compétences et aptitudes requises pour les professionnels du secteur en vue d’établir une réglementation solide de l’intelligence artificielle. Elle prévoit aussi que les Etats rendent compte régulièrement de leurs avancées et de leurs pratiques en matière d’intelligence artificielle, notamment sous la forme d’un rapport périodique remis tous les quatre ans », précise la même source.
À ce jour, plus de 40 pays de toutes les régions du monde travaillent déjà avec l’UNESCO pour développer ces garde-fous en matière d’IA au niveau national, en s’appuyant sur la Recommandation.
L’UNESCO appelle tous les pays à rejoindre ce mouvement pour construire une IA éthique, note-t-elle, faisant savoir qu’un point d’étape sera présenté au Forum mondial de l’UNESCO sur l’éthique de l’intelligence artificielle, prévu en décembre 2023 en Slovénie.
avec MAP