Elle s’appelait Meriem. Elle n’avait que 14 ans. Elle a été violée et, par manque de chance, elle est tombée enceinte. 

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Garder l’enfant du violeur ? Le garder à cet âge ? Subir l’anathème de la société et se laisser condamner à ses yeux, à l’aube de sa vie ? 

Ni Meriem, ni sa famille ne pouvaient le supporter !

La solution ? Quelle solution, quand la loi interdit et punit de prison l’interruption de grossesse ?

Il n’y en a qu’une: se taire. Cacher son malheur. Et en faire disparaître les traces avec les moyens du bord.

Mais recourir aux moyens du bord pour un avortement, c’est 90% de «chances» d’y laisser la vie… La petite Meriem a bien malheureusement confirmé ce pourcentage en en faisant partie. Une hémorragie l’a emportée… Fauchée… Cruellement arrachée aux siens. 

Son petit corps, d’abord souillé par le viol, ensuite profané par une grossesse infâmante, puis malmené par l’artisanale tentative d’interruption de cette grossesse, a rejoint, sous terre, celui de toutes les autres victimes de l’avortement clandestin. 

Au nom de quoi est morte cette fillette ?

Au nom de la morale ? Non, bien sûr. La jeune Merieme a été victime d’un viol. Et, à 14 ans, nul ne peut perfidement l’accuser de l’avoir provoqué, voire mérité.

Au nom de la loi ? Quelle est donc cette loi qui oblige à garder une grossesse résultant d’un viol, qui plus est commis sur une enfant ? 

Une loi qui a pour conséquence d’acculer à l’avortement clandestin et, donc, de l’encourager… Ce que de nombreuses Associations, dont celle du Docteur Chafik Chraïbi (AMLAC, Association Marocaine de Lutte contre l’Avortement Clandestin) s’égosillent à expliquer !

Reste la religion. Non, cette fillette n’est pas morte au nom de la religion ! Qu’on ne mette pas sur le compte de la religion les interprétations étriquées et dogmatiques de jurisconsultes ultra-conservateurs qui refusent, aujourd’hui encore, d’emprunter la voie que la religion prévoit et autorise: celle de «l’Ijtihad».

Dieu n’aurait jamais voulu qu’une enfant de 14 ans, violée par un «âdimaddamir» (individu sans conscience) se voie, en plus, obligée de garder le fruit de ce viol !

Pas plus que Dieu ne voudrait, de façon générale, voir venir au monde un bébé qui, tout son parcours d’enfant, d’adolescent, puis d’adulte –en fait, toute son existence- porterait comme une croix, son statut de bâtard…

En cas de viol, d’inceste, d’erreur de jeunesse, ou de n’importe quelle autre cause de grossesse non désirée, il est indéniable que l’interruption de cette grossesse sera toujours une meilleure option que celle de laisser naître l’enfant quitraînera, sa vie durant, cette douleur d’être illégitime… Avec son cortège d’humiliations et d’injustices.

Et puisqu’il faut que des vies soient sacrifiées pour cela, de la même manière que celle de la jeune Amina a fait prendre conscience, hier, de l’absurdité de la loi qui obligeait à épouser son violeur, celle de la jeune Meriem, aujourd’hui, doit mobiliser contre les textes qui ne laissent de choix qu’entreune vie avilie pour le nouveau-né et sa mère ; et un avortement clandestin pouvant conduire à la mort.

Dans son dernier Discours de cet été, le Roi a appelé à la réforme de la Moudouwana (Statut personnel) afin de mieux rendre justice à la femme et à la famille. La réforme des lois sur l’avortement participerait tout autant à ce noble objectif si, dans la foulée, le législateur voulait bien en prendre conscience…

Quant à la jeune Meriem, Dieu l’accueille en son Saint Paradis. A sa mémoire, une journée de deuil a été décrétée par des Associations –entre autres, le Collectif 490 (l’article 490 du Code pénal criminalise les relations sexuelles hors mariage), ou «le Printemps de la Dignité»- et un hashtag de condoléances a été lancé sur les réseaux sociaux.

Adieu donc, petite Meriem… Adieu, pardon et merci.

Pardon pour ta vie perdue. Merci pour ton innocente contribution à la Cause.

Bahia Amrani

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