Décidément, la flambée des prix du carburant a énormément fait parler depuis maintenant plusieurs mois. Une situation particulièrement difficile pour les professionnels du transport routier qui demandent au gouvernement des solutions à ce problème.
Les prix du carburant à la pompe ont atteint de nouveaux records ces derniers jours, suscitant le mécontentement des professionnels du transport routier. Mercredi 22 juin, le gasoil a frôlé les 15,63 dirhams et le litre de l’essence sans plomb près de 17,78 dirhams, des niveaux jamais atteints, dans un contexte de hausse de l’inflation.
Quelles solutions à ces augmentations qui se succèdent? Entre l’exécutif et les professionnels du transport routier, c’est un dialogue de sourds qui semble s’installer. Chacun a sa propre idée de ce que peuvent être les solutions à cette question épineuse des hausses continues des hydrocarbures, commentent dans un entretien téléphonique des transporteurs routiers.
La solution, à ce stade, n’a toujours pas été trouvée, comme le soutient Khaled Benghali, président de l’Association marocaine de transport national et international, laquelle compte 120 transporteurs. «Je veux être clair, on n’a pas encore de solutions à ce problème de hausses de prix de carburants qui se succèdent. Avant, les augmentations ont lieu tous les 15 jours. Mais aujourd’hui, elles ont parfois lieu en 48 heures voire en 24 heures. Certes, on comprend qu’il y a une crise à l’international. Mais, cette envolée des prix chez nous n’est vraiment pas justifiée», a asséné, lundi 20 juin, le président de l’association.
La prévision est que les prix pourraient atteindre 20 dirhams. «Une situation intenable», selon Khaled Benghali, au cas où les prix continuent leur flambée et que le gouvernement n’intervient pas. «Cela fait maintenant plusieurs semaines, et même depuis l’apparition du virus de la Covid-19, que les transporteurs routiers souffrent. On ne peut pas continuer à travailler dans ces conditions. On veut vraiment une solution urgente. Car les factures, on les paye chaque jour, il faut donc que ça tombe maintenant. Sinon, nous serons forcés de licencier des chauffeurs après la fête religieuse de Aïd Al Adha», dit ce transporteur routier. Ce qui laisse augurer des jours compliqués pour le secteur, regrette Khaled Benghali. «On n’a pas le choix», dit-il. Avant d’alerter: «A cause de cette situation très difficile, certains transporteurs sont au bord de la faillite et d’autres, par contre, n’hésitent pas à recourir à la contrebande pour faire face aux nombreuses augmentations du gasoil!».
Pour plus d’arguments, ce transporteur précise qu’il y a encore quelques mois, le prix du gasoil était de 11 dirhams. «A ce prix, je devais payer pour le trajet Agadir-Perpignan 15.000 dirhams pour faire le plein en gasoil. Et aujourd’hui, je dois débourser 30.200 dirhams. C’est plus que le double!», dit-il.
Tant que la solution ne sera pas trouvée, il n’y aura pas de trêve !
Certains syndicats et associations professionnelles avaient appelé à descendre dans la rue, avec un seul mot d’ordre: lutter contre la cherté de la vie. Mais finalement leur grève à été suspendue. Mais, «Tant que la solution ne sera pas trouvée, il n’y aura pas de trêve», prévient-on au syndicat national des professionnels du transport routier (affilié à la CDT). «Nous sommes prêts à poursuivre le combat», alertent les mêmes sources, qui font savoir, une nouvelle fois, leur mécontentement quant aux nouvelles augmentations des prix à la pompe.
Pour leur part, les responsables au sein du gouvernement restent optimistes. Une source annonce que le gouvernement serait en train d’étudier les possibilités de revoir à la hausse les aides financières aux transporteurs routiers, comme l’a d’ailleurs déclaré jeudi 16 juin le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, à l’issue du Conseil des ministres hebdomadaire.
Que pensent les professionnels du secteur de cette nouvelle annonce? Approchés cette semaine par Le Reporter, syndicalistes et transporteurs opposent un «non» catégorique. «Le gouvernement souhaite renouveler la même proposition, à savoir une hausse de l’aide financière aux transporteurs. Ce qui ne répond pas à notre demande et ne peut résoudre cette question de flambée des prix à la pompe», disent-ils-il. Et de poursuivre: «Nous ne pouvons pas accepter cette offre, A savoir que certains transporteurs n’ont pas encore touché la subvention décidée par le gouvernement pour atténuer les conséquences de la flambée des prix», affirment-ils.
Ces derniers réitèrent leur demande d’un plafonnement des prix du carburant et une diminution des marges bénéficiaires des acteurs du marché. «Les aides ne font pas avancer les choses au profit du secteur. Elles ne peuvent pas régler le problème des prix qui se succèdent et ne sont d’ailleurs que temporaires, a pesté le président de l’Association marocaine de transport national et international.
Une source proche du dossier nous a assuré que le gouvernement devrait formuler dans les prochains jours «cette nouvelle offre» pour aider les transporteurs à faire face aux nombreuses augmentations des prix du gasoil. Il y a 15 jours, le ministère de tutelle aurait convoqué les transporteurs routiers, souffle un transporteur. Mais les professionnels se seraient donné le mot pour boycotter cette rencontre, confie la même source. A dire vrai, ils étaient peu nombreux à répondre présents à cette rencontre à laquelle les syndicats les plus représentatifs n’auraient pas assisté, comme le soutient notre source. D’autant que les transporteurs savaient que leurs revendications n’aboutiraient pas, poursuit ce transporteur, qui a requis l’anonymat. «On ne veut plus assister à des réunions qui ne porteraient pas leurs fruits. On veut des solutions !», lance le même transporteur.
En clair, dit-il, les transporteurs routiers veulent un plafonnement des prix. Ils plaident également pour une diminution des taxes de la TIC et de la TVA. «Ces solutions sont, dans l’absolu, meilleures que l’offre proposée par le gouvernement», concède notre source, qui évoque aussi la nécessité de relancer la raffinerie «La Samir» pour accroitre les capacités de stockage du pays.
Naîma Cherii