Sécurité : Après l’affaire des caillasseurs, à qui incombe la responsabilité des caméras de surveillance en ville ?

Alors que certaines zones de Casablanca connaissent depuis un certain temps une hausse de la délinquance des mineurs qui s’érige en risque majeur, l’affaire des jeunes qui attaquent les voitures et motocyclettes, en leur jetant des pierres, a braqué les projecteurs sur ce phénomène. Qu’en disent les élus ? 

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Sacs à main, téléphones portable,… Les vols à l’arrachée en pleine rue sont devenus fréquents. Il en est de même des dégradations et des détériorations de biens privés ou publics. Parfois, l’agressivité peut donner lieu à des incidents hors de tout sens commun, tout comme cette affaire de jeunes jetant des pierres sur les usagers de la route d’une manière qui mettait en danger leur sécurité physique, voire leur vie.

Une vidéo a été diffusée, mardi 25 janvier, sur les réseaux sociaux, montrant un groupe de jeunes commettant ces actes criminels à l’aube du même jour dans le quartier de Sidi Bernoussi, au niveau de l’ancienne route de Rabat. Sur les images de mauvaise qualité, on peine à distinguer dans les détails les visages des jeunes délinquants. Mais, on voit passer des motards et des voitures, des cailloux ricochent sur les usagers de la route avec un bruit sec.

Les services de sécurité de Casablanca ont interagi avec cette vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, exposant des jeunes lançant des pierres sur les utilisateurs de la route d’une manière qui menaçait leur sécurité physique. Un communiqué de la DGSN indique que les services de sécurité publique  dans l’arrondissement de Sidi Bernoussi ont reçu mardi 25 janvier une notification d’un motard qui disait avoir fait l’objet de jet de pierres à l’aube du même jour en vue d’un vol par un groupe de personnes au niveau de l’ancienne route de Rabat.

Les premières investigations ont révélé que deux bus et des voitures ont également été ciblés, précise la même source, ajoutant que les limiers ont pu arrêter le premier suspect peu après avoir commis ces actes criminels, avant que des investigations, menées par la brigade de la police judiciaire dans la zone de sécurité de ce quartier, appuyée par la brigade anti-gang, ne débouchent sur l’identification et l’arrestation des autres suspects successivement, âgés entre 18 et 19 ans. Les auteurs de délits ont été mis en garde à vue, à la disposition de l’enquête judiciaire, qui est contrôlée par le ministère public compétent, afin d’identifier tous les actes criminels qui leur sont imputés.

Que faut-il faire ?
Cette affaire des caillasseurs de Sidi Bernoussi continue de soulever l’inquiétude des habitants de ce quartier, mais aussi des associatifs.  «Nous souffrons d’un état d’insécurité au niveau de certaines zones de notre quartier. Nous souhaitons qu’il y ait plus de policiers, en particulier dans certains endroits qui sont mal éclairés», lance Hayat, une jeune femme, qui habite le quartier depuis dix ans.

Le quartier de Sidi Bernoussi ne fait pas l’exception. « Plusieurs autres quartiers sont également exposés à ce genre d’agression et à la délinquance des jeunes souvent à l’origine du sentiment d’insécurité», constatent des associatifs locaux, ajoutant que les quartiers ne sont pas tous atteints de manière similaire par la délinquance des jeunes.

Que faut-il faire pour faire face à ce phénomène ? Installer des caméras de surveillance dans tous les arrondissements de Casablanca, lancent ces mêmes associatifs. «Ce dispositif sert à dissuader certains délinquants de passer à l’acte dans les zones où ces caméras sont installées. La vidéo permet une intervention rapide de la police si des actes menaçants sont constatés, comme cette affaire de Sidi Bernoussi», argumentent les mêmes sources. Celles-ci poursuivent: «Ces caméras ne résolvent pas tout, mais elles ont une efficacité pour lutter contre la petite délinquance». Nos associatifs évoquent notamment des délits «qui arrivent spontanément» comme des combats entre de  jeunes délinquants.

A qui incombe la responsabilité des caméras de surveillance en ville ? Pourquoi certaines zones ne sont pas dotées de ces caméras alors qu’elles constituent un point noir en termes de sécurité ? Qui décide de l’installation de ces caméras dans telle zone ou telle autre ? Bref, autant de questions qui sont posées après l’affaire des caillasseurs de Sidi Bernoussi.

«Le projet de l’installation des caméras entre dans le cadre de la mise à niveau de la ville de Casablanca. C’est un projet du Conseil de la ville. Mais il est mis à la disposition de la direction générale de la sureté nationale (DGSN). Il y a deux types de caméras. Les caméras qui sont dédiées à la régulation du trafic. Celles-là, c’est la ville qui s’en occupe. Mais en ce qui concerne les caméras de surveillance et leur emplacement, c’est la  DGSN qui en est responsable», explique un ancien vice-président du maire de Casablanca.

Du côté de la DGSN, on se dit ferme. «La vidéosurveillance n’est pas du seul ressort de la police. Plusieurs intervenants sont concernés par les caméras de surveillance, à savoir notamment la wilaya de la région de Casablanca-Settat et les Collectivités locales», tient à préciser une source sécuritaire. Celle-ci ajoutera: «la DGSN est responsable de l’exploitation et non pas de l’infrastructure. Concernant l’implantation de ces caméras de surveillance, nous donnons notre avis sur les points à risques. Mais ce n’est pas la DGSN qui est responsable de l’infrastructure, laquelle est d’ailleurs financée par le Conseil de la ville».

Des quartiers sous-dotés et dans d’autres, il n’y a quasiment pas de caméras !

Alors que certaines zones connaissent depuis un certain temps une hausse de la délinquance des mineurs qui s’érige en risque majeur, Youssef Errkhis, le président du Conseil de l’arrondissement de Hay Mohammadi a souligné qu’il faudrait plus de caméras de vidéosurveillance à Casablanca pour protéger contre les actes criminels dans la rue. Youssef  Errkhis a regretté le manque de ces dispositifs dans certains quartiers de la métropole. Certains quartiers sont particulièrement sous-équipés et dans d’autres, il n’y a quasiment pas de caméras, a-t-il déclaré à Le Reporter.  «Hay Mohammadi est un des arrondissements où il y a le moins de caméras de surveillance. Par contre, le centre ville dispose de davantage de caméras que les quartiers qui connaissent ce phénomène de délinquance», indique Youssef Errkhis que nous avons pu joindre lundi 31 janvier.

Comment expliquer qu’il y a moins de caméras de surveillance dans certains zones à risques, comme le signale le président de l’Arrondissement de Hay Mohammadi, qui concède qu’il est difficile d’installer des caméras dans certains quartiers en difficulté. «Ce point relatif à l’installation des caméras de surveillance n’est pas prévu dans le budget des arrondissements. Il n’y a pas un programme dédié à ces arrondissements pour installer des caméras de surveillance qui protègent contre la criminalité. Aujourd’hui, il faut prévoir un budget pour chaque arrondissement pour l’installation de ces dispositifs. Nous allons d’ailleurs faire une demande à la présidente du Conseil lors de la session de février», explique le président de l’arrondissement de Hay Mohammedi, qui annonce  qu’il compte mettre suffisamment de pression pour faire bouger les choses à ce sujet. Y parviendra-t-il ? Pas sûr, souligne un élu de l’opposition.

«Installer des caméras dans la voie publique est un choix politique. Si dans l’opposition, on souhaiterait voir beaucoup plus de caméras dans tous les arrondissements. Le bureau exécutif peut, lui, faire un autre choix. C’est pourquoi, certaines zones resteront moins dotées que d’autres», souffle le même élu.

Quelle protection amène ces dispositifs ? Est-ce qu’il ne vaudrait pas mieux renforcer les effectifs des policiers ? Certaines voix associatives estiment en tout cas qu’il y aura toujours besoin d’une présence policière, notamment dans les quartiers qui connaissent une hausse de la délinquance des mineurs. «Il serait difficile d’installer des caméras dans les zones à risque. Car ces caméras pourraient être détruites par les délinquants», concluent les mêmes associatifs.

Naîma Cherii

 

 

 

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