C’est la première étape vers une éventuelle révision du procès. Vingt-sept ans après la condamnation d’Omar Raddad pour le meurtre d’une riche veuve, Ghislaine Marchal, la justice a décidé, jeudi 16 décembre 2021, de rouvrir le dossier.
La commission d’instruction de la Cour de révision et de réexamen a ordonné un complément d’information avant de se prononcer sur la recevabilité de la requête déposée par Omar Raddad. Cette décision constitue une première étape avant une éventuelle saisine de la Cour, laquelle aura le dernier mot sur l’organisation d’un nouveau procès, un événement rarissime en France. «Cette décision est un pas vers la révision», a déclaré à la presse l’avocate d’Omar Raddad, Sylvie Noachovitch. «La bataille n’est pas terminée», a-t-elle ajouté. Pour Omar Raddad, «c’est un vrai espoir», a-t-elle dit, plus de trente ans après le meurtre.
Sa nouvelle requête, dans l’une des affaires criminelles les plus énigmatiques et controversées de France, s’appuie sur les progrès de la science en matière d’ADN et sur une loi votée en juin 2014 qui assouplit les critères permettant d’obtenir la révision d’un procès. Ce sont «des éléments probants mettant en doute la culpabilité d’Omar Raddad», avait assuré Me Noachovitch avant le rendu de la décision.
Elle a présenté à la justice les conclusions –dévoilées par Le Monde– d’un expert en génétique qui analysait une découverte de 2015 : des prélèvements sur des scellés avaient mis en évidence des traces d’ADN «exploitables» dans le tracé des lettres, qui se sont révélées différentes du profil génétique de l’ex-jardinier.
Au total, quatre empreintes génétiques correspondant à quatre hommes, dont deux empreintes parfaitement exploitables et deux autres partiellement, avaient été trouvées sur deux portes et un chevron de la scène du crime. Ce sont sur ces deux portes qu’avaient été réalisées les inscriptions «Omar m’a tuer», emblématique de cette affaire, et «Omar m’a t», avec le sang de la victime. Dans des notes de 2019 et 2020, l’expert en génétique avait relevé la présence de 35 traces d’un ADN masculin inconnu dans l’inscription «Omar m’a t» et conclu dans le sens de l’hypothèse d’un dépôt de ces empreintes au moment des faits et non d’une «pollution» ultérieure, notamment par les enquêteurs. La commission d’instruction de la Cour de révision et de réexamen a demandé des investigations complémentaires sur ce point.
La défense de l’ancien jardinier juge plausible le fait que ces traces génétiques aient été déposées par l’auteur de l’inscription. Celle-ci n’aurait donc pas été écrite par Mme Marchal agonisante mais par un homme, potentiellement le meurtrier, cherchant à désigner un bouc émissaire.