La décision de la France de durcir les conditions d’octroi des visas pour les citoyens marocains est injustifiée et ne reflète pas la réalité de la coopération consulaire en matière de lutte contre l’immigration illégale.
C’est ce qu’a affirmé le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita.
«Nous avons pris acte de cette décision et la considérons comme injustifiée pour nombre de raisons, dont la première est que le Maroc a toujours traité la question de la migration avec la logique de responsabilité et le nécessaire équilibre entre la facilitation de la circulation des personnes (Etudiants, hommes d’affaires et autres..), la lutte contre l’immigration clandestine et le traitement ferme réservé aux personnes en situation irrégulière», a indiqué Bourita lors d’une conférence de presse à l’issue d’un entretien avec son homologue mauritanien, Ismaël Ould Cheikh Ahmed, mardi 28 septembre 2021, au siège du ministère des Affaires étrangères à Rabat.
Dans le cadre de cette approche, les consulats du Maroc ont délivré, lors des seuls huit premiers mois de l’année en cours, 400 laisser-passer au profit de personnes qui étaient en situation irrégulière, a affirmé le Chef de la diplomatie marocaine. «Partant de cela, l’adoption du paramètre du refus de la délivrance des déclarations consulaires nécessaires au retour des émigrés est inappropriée», a jugé Nasser Bourita.
Le Maroc conditionne le retour de ses ressortissants au fait qu’ils disposent d’un passeport ou d’un laisser-passer, or, dans le sillage de la pandémie de la Covid-19, le Royaume exige désormais qu’ils justifient en plus d’un test PCR négatif pour pouvoir accéder au territoire national, a précisé Bourita. Ce que la France ne déclare pas, a-t-il noté, c’est que nombre d’individus disposant de documents de voyage n’ont pas pu rentrer au Maroc car refusant de réaliser ce dépistage, facultatif en France.
Un problème franco-français
Le problème est franco-français car si la loi française ne permet pas à ses autorités d’obliger les émigrés à se soumettre à ce test pour leur rapatriement, le Maroc n’acceptera pas non plus de changer ses lois pour permettre aux personnes venant de France d’accéder à son territoire sans se faire dépister, a-t-il détaillé. Toutefois, la décision de la France reste souveraine mais les raisons qui la motivent nécessitent précision et débat, car ne reflétant pas la réalité de la coopération consulaire entre les deux pays en matière de lutte contre l’immigration illégale, a insisté le ministre, affirmant que le Maroc suivra de près cette décision.
Rappelons que le porte-parole du gouvernement français avait annoncé que Paris a décidé de durcir les conditions d’obtention des visas à l’égard du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie. «C’est une décision drastique, c’est une décision inédite, mais c’est une décision rendue nécessaire par le fait que ces pays n’acceptent pas de reprendre des ressortissants que nous ne souhaitons pas et ne pouvons pas garder en France», avait indiqué Gabriel Attal, sur les ondes d’Europe 1, mardi 28 septembre 2021.