La question continue d’inquiéter. A deux semaines du début de la période de repos biologique de la pêche au poulpe, destinée à reconstituer les stocks, des sources professionnelles montent au créneau. Elles tirent la sonnette d’alarme avant l’entrée en vigueur de cette période, à cause de la contrebande.
Chaque année, c’est le même scénario qui se répète, assure Abdelouahed Chaïr, membre de la chambre des pêches maritimes de la Méditerranée. Les pêcheurs de ces mollusques durant cette période d’arrêt arrivent à contourner les contrôles, dit cet armateur, également président de la Commission de la pêche maritime auprès du Conseil régional de Tanger-Tétouan-Al Hoceima.
Celui-ci confie que l’activité n’a pas cessé pendant le dernier arrêt d’activité. Et elle ne cessera d’exister, selon lui. Car, «il n’y a pas encore les mesures nécessaires et efficaces pour la combattre», explique notre source, qui ne mâche pas ses mots.
Le trafic de poulpe, dénonce-t-il, alimente tout un circuit où sont impliqués pêcheurs, propriétaires de barques, intermédiaires et unités d’exportation.
C’est ce qui explique, dit-il, que la question fait l’objet d’une grande polémique dans les milieux des pêcheurs, à la veille du début de repos biologique.
Le même professionnel fait savoir que le sujet fera débat lors de la prochaine rencontre qui réunira les responsables du ministère et les représentants des instances professionnelles. «Lors de cette réunion avec les responsables de ce département, nous allons interpeller le département de la Pêche maritime sur le sujet», dit-il. «Le ministère doit renforcer le personnel dédié au contrôle pendant le repos biologique. Et surtout, il doit prendre de nouvelles dispositions pour lutter contre ce problème», poursuit Abdelouahed Chaïr, également membre de la Confédération marocaine de la pêche côtière (CMPC).
Celui-ci annonce que les professionnels à la CMPC, ont déjà débattu, entre eux, des pistes à suivre pour lutter contre la pêche illicite.
Il ajoute qu’il compte présenter ses propositions, pour lutter contre la pêche illégale, notamment durant la période du repos biologique. «On devra créer plusieurs zones. Les documents des déclarations à délivrer doivent être de couleurs différentes, selon chacune des zone», propose ce professionnel, lequel confie que les braconniers se préparent déjà pour entamer leur activité illégale.
Qui est derrière ce trafic illégal ? Selon des professionnels bien informés à Dakhla, des quantités énormes de poulpe sont transportés vers des unités de traitement de poisson et dans les zones industrielles d’Agadir, de Laâyoune ou encore de Dakhla. Les propriétaires de ces unités seraient connus par tous dans les sites de détournement du poulpe, selon les dires de ces opérateurs.
L’année dernière, par exemple, pas moins de 10 milles tonnes de poulpe de contrebande auraient été stockées dans ces unités avant d’être exportées, a-t-on affirmé.
Les mêmes sources soulignent que les propriétaires de ces unités arrivent à avoir « facilement » les documents nécessaires –pendant la période de la pêche- pour blanchir le poulpe pêché pendant l’arrêt d’activité.
Nos professionnels précisent que ce poulpe est acheminé vers d’autres ports du royaume qui sont utilisés par les braconniers, pour blanchir le produit pêché au sud. Selon eux, certains ports du nord sont devenus une plateforme pour les trafiquants qui cherchent à blanchir leur poulpe de contrebande. Pourtant, le poulpe n’est pas abondant dans les ports du nord, lancent nos interlocuteurs. Avant d’insister: «Normalement, toutes les unités frigorifiques devraient être contrôlées durant le repos biologique. On doit examiner si les documents correspondent bien aux quantités stockées».
Selon des informations recueillies par Le Reporter dans la région de Dakhla, certains propriétaires d’unités frigorifiques seraient connus dans cette activité illégale, mais aucune mesure n’est prise contre eux !
Naîma Cherii