Plan royal pour l’eau : Quelles raisons de nous y intéresser ?

L’activité royale avec laquelle démarre l’année 2020 n’est pas, a priori, de celles qui mobilisent l’opinion publique. Elle porte pourtant sur un élément vital et aux enjeux considérables, tant sur le plan national qu’international: l’eau ! Mais ce sujet n’intéresse pas… Pas tant que l’on ouvre le robinet de sa cuisine, ou de sa salle de bain et que l’eau coule…  

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Or, que l’on ait ou pas l’eau potable à sa disposition, l’on a bien plus d’une raison de s’intéresser à cette question, qui est de la plus haute importance, aussi bien d’un point de vue social, que d’un point de vue politique, économique, ou encore géopolitique.  

En effet, le social, le politique, ainsi que le géopolitique, sont au cœur de cette séance de travail du 13 janvier, présidée par SM Mohammed VI, qui a consisté en le lancement d’un programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation pour la période 2020-2027 et la signature d’une convention-cadre portant sur la réalisation de ce programme.

Avec ce plan septennal, qui a la particularité d’englober tous les aspects de la problématique de l’eau, le Maroc frappe un grand coup ! 

L’on peut bien refuser d’entendre toutes les mises en garde contre la pénurie d’eau potable, ce fameux «stress hydrique» qui menace de plus en plus le pays, la région, le monde… Et vivre égoïstement, aussi longtemps qu’on a la chance de ne pas manquer d’eau. Mais il suffit qu’un jour, en ouvrant le robinet, l’eau n’en sorte pas ; que l’on ne puisse ni se laver les mains ou le visage, ni remplir la bouilloire pour faire un thé ou un café, ni laver les légumes ou les fruits du déjeuner… Pour que l’on réalise l’importance de l’eau et  le calvaire de ceux qui en sont privés. On en prend davantage conscience, quand on se déplace dans le Maroc profond, où l’habitant doit faire des kilomètres, chaque matin, à pied ou à dos d’âne, pour aller chercher l’eau dont il a besoin. 

Certes, ce programme vise d’abord à assurer la sécurité hydrique au pays de façon globale ; et à contrer, voire anticiper, les effets des changements climatiques… Le Maroc avait déjà pris quelques précautions. Il compte 145 barrages à son actif. 14 nouveaux sont en cours de réalisation et 20 autres seront lancés. Dans le budget global de ce plan septennal, qui s’élève à 115,4 milliards de dirhams, 61 milliards seront consacrés à la construction des barrages. Soit plus de la moitié de l’enveloppe allouée. La mobilisation de nouvelles ressources est également prévue (dessalement de l’eau de mer, exploration des eaux souterraines…). De même que l’économie des ressources existantes, la préservation des ressources en eau et la rationalisation de leur utilisation, la réutilisation des eaux usées traitées pour l’irrigation des espaces verts…

Tous ces axes sont à cheval sur le social et le politique.

Mais, l’un des axes les plus importants du programme est bien celui de la lutte contre les disparités sociales et territoriales, via le plan d’approvisionnement du monde rural en eau potable. Ce sont 659 centres ruraux qui sont visés par cet approvisionnement en eau potable, ce qui s’accompagnera de la généralisation des raccordements individuels à tous les centres ruraux. Et 7.876 douars, soit la totalité des douars du pays. Ainsi sera enfin réalisée la généralisation de l’approvisionnement en eau potable de l’ensemble du Royaume. L’objectif est d’en finir avec la précarité des régions rurales, enclavées et montagneuses.

Il y a aussi le Sahara, qui n’est pas oublié dans cet ambitieux programme. La ville de Laâyoune, par exemple, sera dotée, avant fin juin 2021, d’une 2ème station de dessalement de l’eau de mer d’une capacité pouvant satisfaire les besoins de la population locale jusqu’en 2040, selon ce qu’a annoncé le Directeur général de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEEP), Abderrahim Hafidi. Elle s’ajoutera à la 1ère station de dessalement de mer, qui avait été inaugurée en 1995.

Sur le plan économique, le Maroc ne perd pas de vue que la croissance de son PIB national est déterminée par son PIB agricole ; et que son PIB agricole dépend encore des aléas climatiques (bonne année pluviométrique, ou non). La gestion de l’eau, dans le secteur agricole, est capitale. D’où, le volet du programme portant sur la valorisation de l’eau dans le secteur agricole. 

Enfin, sur le plan géopolitique, le Maroc, en s’assurant l’autosuffisance et la sécurité hydrique, lui, qui se prépare également à porter à 42% la part des énergies renouvelables en 2021, non seulement renforce ses immunités internes, mais peut, à bon droit, continuer de mettre ses compétences à la disposition de pays amis, au niveau continental. Le Maroc contribue déjà à la réalisation de barrages et baies, dans plusieurs Etats d’Afrique subsaharienne, comme en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Sénégal, à Madagascar… D’autres projets sont à l’étude… 

Le programme lancé par le Roi, cette semaine, ajoute à la légitimité de ce partage de savoir-faire.  

Parler de l’eau n’a donc l’air de rien, mais l’on voit bien que cela détermine bien des politiques intérieures et extérieures… Cela va de la petite villageoise qui ira à l’école sans avoir à chercher auparavant l’eau dont a besoin sa mère… Au pays voisin africain qui recourra au savoir-faire du Maroc avec plus de facilité et de confiance… Il serait fou de ne pas s’y intéresser !

Bahia Amrani

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