Depuis le discours du Trône du 30 juillet 2014 qui a annoncé l’amorce d’une nouvelle évaluation du parcours de développement franchi par le pays, après celle menée en 2005 dans le cadre du rapport du cinquantenaire, la réflexion collective s’est orientée vers les composantes d’un nouveau modèle de développement pour le Maroc. L’objectif n’étant autre que d’avoir un regard croisé sur les enjeux et les défis que le Royaume se doit de relever en vue de mettre en place un nouveau modèle de développement inclusif, compétitif et faisant du Royaume un véritable pays émergent,.
Cette réflexion intervient à un moment où les pays s’interrogent sur la résilience de leur économie, suite aux conséquences de la crise économique et financière de 2008, et où le monde assiste à l’émergence d’une révolution digitale qui ouvre de larges perspectives aux pays en développement pour réaliser des sauts technologiques importants et rattraper, par ricochet, les retards sur le plan économique et social. Le travail devait ainsi porter sur les acquis et insuffisances du modèle de développement marocain. Ce dernier devant représenter une vision de long terme de l’économie et de la société, déclinée en politiques publiques et en stratégies sectorielles. Son élaboration nécessite l’identification des forces principales qui agissent sur le développement du pays ainsi que des objectifs et des principes qui doivent encadrer les prises de décisions. Une Commission spéciale, consultative, se devait de se pencher sur cette question et de remettre un rapport détaillé au Souverain à la fin de ses travaux. La composition de cette commission ne s’est pas fait attendre…
En effet, le 19 novembre 2019, Sa Majesté le Roi a désigné Chakib Benmoussa, à la présidence de la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement et le jeudi 12 décembre 2019, le Souverain a procédé à la désignation des membres de ladite Commission et le lundi 16 décembre, la Commission tenait, à Rabat sa première réunion de travail, démarrant ainsi sa réflexion et sa concertation en vue de sortir (en moins de sept mois), avec une vision de ce que sera le nouveau modèle de développement escompté pour le Maroc d’aujourd’hui, les grandes inflexions souhaitables et les initiatives concrètes à même d’adapter le modèle de développement. Conformément aux Hautes Orientations Royales, la Commission s’attèlera à examiner avec franchise, audace et objectivité l’état des lieux au vu des réalisations du Royaume, des réformes engagées, des attentes des citoyens, du contexte international actuel et de ses évolutions à venir. Tout au long de ses travaux, la Commission œuvrera dans le cadre d’une approche participative et inclusive à favoriser l’implication la plus large.
Et on passe aux choses sérieuses…
Lundi 16 décembre, à l’Académie du Royaume du Maroc, les travaux de la première réunion de la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement (CSMD) ont débuté sous la présidence de Chakib Benmoussa.
Le président ouvrira cette première réunion solennelle par un rappel du fond des missions des missions attribuées à la CSMD et qui, conformément aux Hautes orientations royales contenues dans le Discours du Trône de 2019, sont axées sur deux principaux objectifs.
Il s’agit de faire un diagnostic «précis et objectif» de la situation actuelle, en vue d’observer les dysfonctionnements à corriger pour déterminer les points de force, de manière à renforcer les acquis et de tracer les contours du nouveau modèle de développement qui «devrait permettre au Maroc d’accéder aux rangs des pays avancés».
La mission de cette Commission revêt ainsi une importance extrême, au vu de l’énormité des attentes et de l’ampleur des défis que le Maroc doit relever à travers une nouvelle dynamique lui permettant de jeter les fondements du processus de développement global sur des bases solides et durables.
Cette dynamique représente la pierre angulaire du nouveau modèle de développement, dont les contours doivent être tracés dans l’objectif de diversifier les sources de création de richesses et d’élargir le cercle des bénéficiaires à l’ensemble des catégories sociales et espaces territoriaux, précisant que la réussite de cet important chantier national exige des membres de la Commission de faire montre d’audace dans leurs propositions, en totale harmonie avec les principes fondateurs de la Constitution du Royaume, tout en veillant à ce que les suggestions soient réalistes et exécutables.
L’adoption d’une approche participative favorise la mobilisation de tous les acteurs aussi bien gouvernementaux que non gouvernementaux, autour de la nécessité impérieuse de sortir avec des propositions et conclusions qui bénéficient du soutien de la majorité des parties, facilitant de ce fait, l’appropriation collective des réformes fondamentales et garantissant leur réussite.
Les principes régissant le travail de la Commission reposent essentiellement sur l’efficacité, la transparence et l’action participative, le but étant de créer un espace propice à l’intelligence collective.
Par ailleurs, la révision du modèle de développement a été dictée par la nécessité d’accompagner les mutations structurelles que connaît le contexte national et international. A ce niveau, il y a lieu de relever que la composition de la Commission réunit les conditions de cohésion et de complémentarité, ce qui constitue les piliers à même d’enrichir le débat et d’aboutir à des solutions innovantes et novatrices dans le cadre d’un modèle de développement au diapason des ambitions du Maroc et de ses citoyens.
Au-delà des compétences et du principe d’intégrité, la composition de la Commission reflète des considérations importantes qui consistent, notamment, en l’appréhension des questions liées à la société marocaine, au vu des secteurs vitaux que représentent ses membres, mais aussi dans la diversité et la pluralité des spécialités et de leur symbiose, ce qui crée un climat propice à l’intelligence collective et à la convergence des visions conformément à un dialogue constructif, tout en tenant compte de la représentativité de l’élément féminin qui reflète la place qu’occupe désormais la femme marocaine dans tous les secteurs relatifs au processus de développement, dans tous ses dimensions.
Ces considérations, consistent également à insuffler un sang nouveau en impliquant des membres jeunes pour contribuer à l’élaboration des choix fondateurs du Maroc de demain, tout en s’ouvrant sur les Marocains du monde vu leur importance comme passerelle entre le Royaume et son environnement international.
Il s’agit aussi d’accorder une place importante aux institutions de gouvernance par l’implication de la Cour des Comptes et du Conseil économique, social et environnemental dans la composition de cette Commission.
La réussite de cet important chantier national exige donc des membres de la Commission de faire montre d’audace dans leurs propositions, en totale harmonie avec les principes fondateurs de la Constitution du Royaume, tout en veillant à ce que les suggestions soient réalistes et exécutables. C’est dire que le travail se doit d’être axé sur les priorités et les pertinences et de se faire dans la précision dans les meilleurs délais vu que la Commission est appelée à présenter un rapport final à SM le Roi dans un délai ne dépassant pas sept mois (fin juin 2020) et des rapports d’étapes qui permettront d’évaluer l’état d’avancement de la réalisation des missions qui sont attribuées à ladite commission.
H.Dades