«L’année 2019 s’annonce dans les normes»
La région de Fès-Meknès ambitionne de passer à 40.000 hectares convertis en cultures bio, d’ici l’an 2020. En 2018, près de 10.000 hectares étaient déjà en mode bio, selon Kamal Hidane, Directeur régional de l’agriculture Fès-Meknès, qui soutient que la région devra, dans peu de temps, passer à la vitesse de croisière pour atteindre l’objectif fixé. Entretien.
Comment se présente la situation agricole, cette année, dans votre région?
C’est une année qui avoisine la normale en termes de volumétrie et de pluviométrie. On est presque aux normes. Pour la plaine du Saïss, on est environ entre 500 et 600 millimètres. On a dépassé les 60 millimètres du côté d’Ifrane et de la région de Taza. C’est une année qui a connu des précipitations assez régulières. On peut dire que cette année est assez bonne dans la région du Saïss. Avec les précipitations d’avril, on s’attend, inch Allah, à une bonne année céréalière. Pour la campagne actuelle, nos estimations sont assez bonnes en termes de production. Certes, ce n’est pas comme l’année dernière. Mais c’est une année qui s’annonce quand même dans la norme.
Quelles sont les particularités de la région Fès-Meknès en termes de production agricole?
Notre région se distingue par une production agricole diversifiée et importante. On pense notamment aux céréales, à l’olivier, au pommier, au prunier, au maraîchage, etc. La région Fès-Meknès compte 700.000 hectares emblavés pour les trois céréales. Nous avons une des moyennes qui dépassent les 30- 40 quintaux à l’hectare dans la plaine du Saïss. Et entre 15 à 20 quintaux dans la région des montagnes. Mais notre région est d’abord une région d’olivier. Elle dispose de 36% de la superficie nationale d’oléiculture et du même ratio en termes de production. Nous avons plus de 340.000 hectares plantés, sur le million dont dispose le Maroc aujourd’hui. A noter également que nous sommes la première région arboricole fruitière, surtout le pommier, le prunier, etc. La région totalise 80% de l’arboriculture nationale. La région de Fès-Meknès, c’est aussi le maraîchage. Elle produit 50% du maraîchage national.
La culture de l’olivier a connu cette année quelques problèmes, en ce qui concerne les prix…
En termes de production, c’est une année exceptionnelle. C’est même un record en termes de production. Côté prix, les producteurs, qui avaient l’habitude de vendre leurs olives à cinq dirhams, aujourd’hui, ils les vendent à trois dirhams. Bien sûr, ils ne seront pas contents. Mais trois dirhams, c’est quand même un prix très intéressant. Surtout que cette année, nous avons une production intéressante, sachant qu’avant, on produisait entre une tonne et une tonne et demie à l’hectare. Mais aujourd’hui, la moyenne est de trois tonnes à l’hectare. Il y a même des fermes qui font jusqu’à 15- 17 tonnes à l’hectare. Trois dirhams, c’est donc un prix très compétitif. Aujourd’hui, le consommateur marocain peut avoir son huile d’olive extra-vierge à 32-35 dirhams. C’est un prix très intéressant.
Quel a été l’impact de la mise en place du Plan Maroc Vert sur ces filières?
L’agriculture dans la Région a bénéficié pleinement de la mise en application des dispositions du Plan Maroc Vert (PMV). Ainsi, pour l’olivier, par exemple, nous sommes passés de 240.000 hectares à 350.000 hectares, sachant que nous avons encore un programme de plantation d’ici 2020. Pour l’arboriculture, on est passé de 21.000 à plus de 28.000 hectares, avec une augmentation de la productivité très impressionnante.
Ces extensions de superficie ont eu un impact sur l’emploi. Elles ont permis de préserver les emplois déjà créés dans ces cultures. Grâce à ces efforts, on a également créé d’autres emplois supplémentaires. Ainsi, sur la période allant de 2008 à 2020, nous sommes passés de 63 millions à 69 millions journées travail. L’objectif, c’est d’atteindre 70 millions journées de travail.
L’une des questions qui fait de plus en plus l’actualité, c’est la culture bio. Quelles sont les actions dans votre région pour encourager la conversion en mode bio?
On veut s’inscrire dans la durabilité. Nous pensons que nous sommes bien dedans. Notre région est d’ailleurs concernée par un contrat programme national signé avec la Fédération Interprofessionnelle du Bio au Maroc (FIMABIO), lequel a pour objectif de passer de 4.000 à 40.000 hectares en cultures bio, d’ici l’an 2020.
Dois-je le souligner, en 2018, on était aux alentours de 9.000-10.000 hectares. On a bien avancé et, cette année, nous passons à la vitesse de croisière. Pour l’olivier, par exemple, quelque 2.000 hectares sont déjà convertis en mode bio. Cela fait deux années que nous avons un arsenal juridique qui nous permet de développer des cultures biologiques. Et je crois que dans peu de temps, nous atteindrons notre vitesse de croisière. Les 40.000 hectares, on va les atteindre rapidement.
Entretien réalisé par Naîma Cherii