La situation «chaotique» de l’enseignement dans l’école publique suscite l’inquiétude chez la Fédération nationale des associations des parents d’élèves au Maroc (FNAPEM). Les grèves, entamées par les enseignants contractuels depuis début mars, pour demander leur intégration à la Fonction publique, la préoccupent.
Le bras de fer qui se poursuit entre le ministère de l’Education nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et les professeurs contractuels est très mal accueilli par cette Fédération. Celle-ci se dit très inquiète des «dérapages pouvant se produire en l’absence de solutions aux problèmes posés». Le Bureau de la Fédération a d’ailleurs tenu, cette semaine, plusieurs réunions pour discuter de ce problème qui ébranle l’école publique marocaine depuis maintenant trois semaines.
Dans un entretien accordé au Reporter, le porte-parole de la Fédération, Hassan El Khabouss, indique que le Bureau de cette Fédération suit de très près -et avec une grande consternation- la situation «chaotique» de l’enseignement dans les écoles publiques marocaines.
«Personne ne veut de cette situation. Ce qui se passe actuellement dans la sphère de l’enseignement est un crime commis contre les élèves. Ces derniers sont ‘‘otages’’ d’un désaccord qui oppose le ministère de tutelle à ces enseignants contractuels depuis plusieurs mois», déplore le porte-parole de la Fédération. Aujourd’hui, poursuit-il, il est difficile pour nos enfants de récupérer le retard qu’il y a eu dans les programmes scolaires», déplore-t-on à la FNAPEM.
Cela fait trois semaines que les établissements scolaires sont vidés de leurs élèves, à cause de la grogne des enseignants contractuels qui prennent en «otage» l’éducation de ces enfants, à cause de leur revendication d’intégrer la Fonction publique, souligne le porte-parole de la Fédération. Il déplore ce qu’il qualifie «de conséquences graves sur l’école publique marocaine». «Des milliers d’élèves marocains ont vidé leurs écoles publiques, à cause de ces grèves. Ils sont ainsi privés de leur droit à l’éducation, alors que leurs camarades des écoles privées continuent d’étudier», dit notre interlocuteur, non sans regret.
Les conséquences de ces grèves, souligne-t-il, sont énormes et impactent négativement le niveau des enfants et le système de l’enseignement en général, selon le porte-parole de la Fédération, Hassan El Habouss, qui lance un appel à tous les acteurs et toutes les parties concernées, pour privilégier l’intérêt des élèves, qui est au-dessus de tout autre considération, afin que les cours reprennent. Par ailleurs, notre interlocuteur tient à rappeler que c’est le gouvernement qui avait instauré ce contrat avec cette catégorie d’enseignants.
«Le problème posé aujourd’hui dépasse donc le ministère de tutelle et ne peut être réglé qu’avec la contribution de tous les acteurs, à savoir notamment le gouvernement, le département de l’Education nationale, les élus, les syndicats, les partis politiques… Tous, doivent s’acquitter de leur devoir et assumer leur responsabilité, pour trouver des solutions appropriés aux doléances des enseignants contractuels», estime El Khabouss.
Pour ce dernier, «les doléances de toutes les catégories des enseignants contractuels sont justes, mais ces derniers, qui en sont à leur troisième semaine de grève, doivent tenir compte de l’intérêt des élèves». Ils doivent, poursuit le porte-parole de la FNAPEM, «faire un effort, pour trouver une autre formule de protestation. Comme, par exemple, tenir la grève pendant un jour ou deux par semaine et ce, sans que cela menace le déroulement normal des études et fasse planer le risque d’une année blanche».
Autre préoccupation pour la Fédération nationale des associations des parents d’élèves: la formation de ces enseignants contractuels. «A la Fédération, nous avons déjà tiré la sonnette d’alarme sur cette question de formation des enseignants et la qualité de l’enseignement», souligne le porte-parole de la Fédération. Celui-ci évoquera, par ailleurs, «l’improvisation en matière de recrutement de ces professeurs contractuels, dont le niveau de compétence reste malheureusement très bas». Ce qui aura, prévient-il, des conséquences négatives sur le niveau des élèves.
Notons que quelque 50.000 enseignants, issus de candidats titulaires d’une licence dans les filières de l’éducation, «spécialité métiers d’enseignement», avaient profité, en 2016, du programme gouvernemental de formation de cadres pédagogiques aux métiers de l’enseignement.