Malgré les bons résultats donnés par la stratégie Halieutis, qui se poursuivra jusqu’à 2020, certains professionnels de la pêche demeurent inquiets, quant à certaines problématiques qui restent à régler.
L’informel, la pêche illicite, l’utilisation des engins prohibés, la contrebande, etc., sont autant de points qui constituent toujours des sources d’inquiétude pour les professionnels approchés par Le Reporter, à Agadir, une région des plus dynamiques dans le secteur de la pêche.
A deux ans de l’arrivée de l’échéance du plan Halieutis, les professionnels préparent déjà l’après-2020. «Comme la première phase de cette stratégie prendra fin en 2020, les professionnels ont déjà débattu des propositions et des pistes pour l’après-2020, de manière à ce que la stratégie puisse profiter à tout le monde: hauturiers, côtiers et artisanaux», avancent des sources bien informées.
Celles-ci confient qu’une réunion a été tenue, lundi 18 février, dans un hôtel à Agadir, en marge de la 5ème édition du Salon Halieutis, avec pour objectif de débattre des propositions pour l’après-2020. Le ministre Akhannouch devait présider une réunion avec les instances professionnelles du secteur, lesquelles devaient présenter au ministre les propositions et les pistes à suivre, pour préparer un plan halieutique post 2020, année de l’échéance de la stratégie Halieutis. Cette rencontre a été reportée, d’après nos sources.
Dans une déclaration, Larbi Mhidi, président de la Confédération nationale de la pêche côtière, a affirmé: «Les professionnels ont procédé à une évaluation de la stratégie Halieutis mise en œuvre depuis 2010. Et ils sont déjà en train de réfléchir à la stratégie Halieutis II». «Globalement, le bilan est positif», estime-t-il. Mais, pour lui, le ministère et les professionnels doivent réfléchir ensemble à l’après-2020.
«Nous voulons établir une stratégie actualisée de ce programme avant cette date. Et surtout savoir où sont les lacunes, où on a réussi et comment», a souligné le président de la Confédération. Et d’ajouter: «Il faut élargir les zones d’interdiction». La loi doit être appliquée par tous, lance cet armateur, également vice-président de la Chambre de pêches maritimes Atlantique du Nord. «Les opérateurs de la pêche artisanale n’appliquent pas la loi. L’Etat doit travailler sur ce dossier. Il faut réglementer ce secteur qui connaît une anarchie totale», dit-il. Selon lui, près de 40% des opérateurs artisanaux n’ont pas de licence.
Autre source d’inquiétude, les licences et les quotas accordés pour pêcher le thon rouge. Cette année, souligne Larbi Mhidi, le quota a été élevé de 325 tonnes. «On ne comprend pas pourquoi c’est toujours les mêmes personnes qui en bénéficient. A la Confédération, nous demandons que cette situation change dans la stratégie II. Ce quota ne devra pas toujours bénéficier à un seul club fermé (14 madragues) où certaines personnes ont quatre madragues et des licences pour pêcher le thon rouge, alors qu’il y a 9.000 armateurs. Sachant qu’il y a des gens qui ont fait faillite et qui méritent beaucoup plus ce quota», souligne Larbi Mhidi qui ne mâche pas ses mots.
Autres points évoqués par les professionnels: la commercialisation et la valorisation de la pêche. Dans ce sens, Kamal Sabri, Président de la Chambre de pêche maritime Atlantique Nord, estime que la stratégie Halieutis II doit porter sur ces deux points, mettant l’accent sur l’évolution du secteur, notamment en ce qui concerne les nouvelles perspectives de marché, la valorisation et l’industrialisation.