«Chercher un savoir-faire plus performant pour mieux préserver la ressource»
Le Salon Halieutis en est à sa 5ème édition. Quelle évaluation faites-vous de cet événement?
Aujourd’hui, le secteur de la pêche est en train de fêter un grand événement, qui est la 5ème édition du Salon Halieutis, dont la première édition a démarré avec la stratégie Halieutis dédiée à ce secteur. Il faut dire que la 5ème édition de ce Salon, c’est un peu l’évaluation de la stratégie Halieutis, un grand chantier qu’on avait commencé il y a dix ans.
A travers ce Salon, avec le nombre d’exposants et aussi la qualité des exposants présents à cet événement, on voit bien l’évolution qu’a connue le secteur de la pêche au Maroc, durant ces dix dernières années. L’importance de ce grand Salon, c’est qu’il reflète un peu ce qui a été concrètement réalisé. Ce qu’on est en train de voir, c’est le fruit de la stratégie Halieutis…
En termes d’investissements, on peut dire que ce sont des chiffres qui sont très importants, que ce soit au niveau de la rénovation de la flotte marocaine ou à celui de la mise à niveau de l’industrie de la pêche. Plusieurs pays étrangers commencent d’ailleurs à donner beaucoup d’intérêt à l’expérience marocaine. A noter que 17 pays africains participent à cette 5ème édition du Salon Halieutis qui a choisi, cette année, comme pays invité d’honneur, la Norvège. Un pays qui est une grande référence dans le secteur de la pêche, avec toute sa technologie, son savoir-faire et la valorisation de ses produits de mer.
Qu’est-ce que peut gagner le Maroc de l’expérience norvégienne?
Ce qui est bien, c’est que ce sont deux pays qui ont deux façades maritimes importantes et qui donnent beaucoup d’intérêt au secteur de la pêche. La Norvège est un pays qui a beaucoup évolué en termes de technologie des pêches. Je crois que le Maroc, avec ce niveau-là, a aujourd’hui intérêt à aller chercher une meilleure technologie et un savoir-faire encore plus performant, pour mieux préserver la ressource. On est d’ailleurs en train de négocier et de discuter avec nos partenaires, pour une meilleure gestion de la ressource, surtout en ce qui concerne leur expérience en matière de plans d’aménagement et d’utilisation des engins de pêche. Par ailleurs, il y a lieu de souligner que des sociétés européennes, notamment norvégiennes leader dans la motorisation des bateaux de pêche, avaient quitté le marché marocain, il y a des années. Mais nous avons remarqué leur retour au Maroc, pour intégrer le secteur de la pêche maritime. Tout cela, ce sont des signaux positifs qui donnent la vraie image que mérite, aujourd’hui, le secteur de la pêche maritime au Maroc.
La question du mode de gestion des caisses en plastique suscite, depuis un certain temps, la polémique chez les professionnels. Que pouvez-vous nous en dire?
D’abord, je dois souligner qu’en ce qui concerne les caisses en plastique, c’était un grand défi pour les intégrer à bord des navires de pêche au Maroc. Car, avant tout, le poisson était conditionné dans des caisses en bois. Aujourd’hui, je peux vous dire que la flotte en est actuellement équipée à 90%, sachant que c’est l’Etat qui a subventionné ces caisses. Aujourd’hui, grâce à ces caissons, on a pu valoriser notre produit. Et personne ne peut se passer de l’utilisation de ces caisses. Ce qui est important, c’est de revoir le mode de gestion de ces dernières. C’est soit que l’ONP va continuer de les gérer, soit que ce business va passer au secteur privé.
Où en est le bras de fer entre les côtiers et les hauturiers?
Il n’y a pas de bras de fer. Mais il y a eu un intérêt de la profession. Un intérêt pour préserver la ressource halieutique. C’est tout. Aujourd’hui, nos amis hauturiers ont compris que, dans le secteur de la pêche, il n’y a pas que la pêche hauturière, mais aussi les palangriers, les côtiers, les sardiniers, les chalutiers et la pêche artisanale. Tout un chacun bénéficiant d’une licence doit garantir l’avenir de son business.
Depuis quelques mois, vous êtes nommé Président de l’association des palangriers. Pourquoi la création de cette nouvelle instance?
J’ai eu l’honneur d’être nommé président de la Fédération nationale des palangriers au Maroc. Je peux vous dire que, dans le monde entier, la palangre est la seule technique de pêche qui est respectée. Au Maroc, on n’a pas donné beaucoup d’intérêt à cette technique de pêche. On s’est beaucoup focalisé sur la pêche poulpière. On s’est également focalisé sur le thon rouge. Le petit pélagique et tout ce qui est pêche sélective, on ne lui a pas donné beaucoup d’intérêt. Aujourd’hui la pêche palangrière veut profiter de ces deux dernières années qui restent du premier épisode de la stratégie Halieutis, pour mettre en place une vision claire et des plans d’aménagement pour la pêcherie palangrière, qui totalise quelque 940 bateaux palangriers côtiers au Maroc.
Entretien réalisé par Naîma Cherii