Aucune négociation n’est possible pour les associations et syndicats représentant le secteur du transport routier. Le gouvernement dispose de quelques jours pour réagir aux menaces des professionnels. Une grève générale et d’autres recours sont prévus, préviennent des sources professionnelles.
La tension monte de plusieurs crans chez les transporteurs routiers. Après la grève des transporteurs des fruits et légumes, le mouvement devrait prendre des proportions encore plus alarmantes. Les autres professionnels du transport routier et des marchandises montent au créneau et décident d’entrer, d’ici quelques jours, en grève générale, laquelle devrait immobiliser l’activité du secteur, confient des sources professionnelles. Celles-ci affirment que le débrayage est une contestation de la situation professionnelle «difficile» des transporteurs.
«Les entreprises sont en difficulté sérieuse. La situation devient de plus en plus difficile. Une grande partie arrive aujourd’hui au seuil de la faillite et ce, pour plusieurs raisons», explique Najib Ben Haddou, directeur de l’Association du transport et de la logistique. Et d’ajouter: «En plus des tarifs qui sont très bas, il y a la hausse des prix des carburants. Cette augmentation impacte négativement l’activité du transport, quand on sait que le gasoil constitue 50% du coût».
Le SG de l’Union des transporteurs de marchandises, Abdellah Hammouchi, se dit lui aussi inquiet. «Depuis le mois d’août, le prix du gasoil a augmenté de 70 centimes. Il faut dire qu’avec les hausses du prix du carburant qui surviennent de temps à autre, le transporteur n’a plus aujourd’hui une marge de profit. Son chiffre d’affaires a même diminué de 1/3», soutient-il.
Face à cette situation, les transporteurs décident d’unir leurs forces pour faire entendre leur voix. Plusieurs associations professionnelles, ainsi qu’un bon nombre de syndicats sectoriels, qui brandissent aussi l’arme d’un débrayage, multiplient les réunions, en vue d’examiner l’ensemble des revendications des opérateurs du secteur.
Ce mercredi 24 octobre, huit associations professionnelles ont d’ailleurs tenu une rencontre à Casablanca, pour préparer une grève générale qui devrait paralyser l’activité. Les propriétaires de camions citernes transportant le carburant, qui appellent également les responsables à réagir favorablement aux doléances des professionnels, tenaient, eux-aussi, une réunion, ce même mercredi, au sujet de l’organisation du débrayage imminent.
A l’issue de leur rencontre, les professionnels devaient adresser une lettre au ministre de tutelle, ainsi qu’au chef de gouvernement, apprend-on. «Dans cette lettre, nous sollicitons que les responsables en charge de ce secteur assument leurs responsabilités. Nous leur demandons de tenir une réunion le plus tôt possible avec les professionnels, afin de trouver des solutions rapides et prendre des mesures urgentes», précisent des professionnels au port de Casablanca.
Au centre des doléances de ces professionnels, figurent en particulier la taxe à l’Essieu et la question du gasoil professionnel. «Instaurer le gasoil professionnel, c’est une doléance des transporteurs depuis 20 ans. C’est d’ailleurs la raison principale de la tenue de cette grève que nous préparons», soulignent les transporteurs.
A l’heure où nous mettions sous presse, mercredi 24 octobre, les transporteurs de fruits et légumes tenaient encore leur grève au niveau du marché de gros de Casablanca. Ces professionnels, qui devraient continuer leur débrayage, demandaient, en plus de l’instauration du gasoil professionnel, l’augmentation du tonnage réglementaire.
«Nous allons poursuivre notre grève. Car notre rencontre, ce lundi 22 octobre, avec les responsables de la tutelle, n’a pas porté ses fruits», déclare au Reporter Naji Abdelouahed, Secrétaire national des propriétaires et des chauffeurs de camions de l’Union des syndicats professionnels au Maroc. Dans un communiqué, dont Le Reporter détient copie, ceux-ci l’ont fait savoir aux responsables.
Du côté des producteurs, on se dit inquiet. A Ben Ghrir, dans la région d’Agadir, «la situation ressemble à un état de siège», souligne un producteur. Selon ce dernier, les grévistes n’hésitent pas à intercepter sur la route les véhicules chargés de fruits et légumes et à frapper les professionnels qui n’adhèrent pas à la grève, laquelle a perturbé l’approvisionnement au niveau de plusieurs marchés aux fruits et légumes sur le plan national.
Ainsi, au marché de gros de Casablanca, pour ne citer que celui-ci, les marchandises ne sont guère abondantes. Les commerçants parlent d’un manque important en tonnage au sein de ce marché. «Chaque jour, pas moins de 1.400 camions alimentaient le marché. Mais ces derniers jours, ce nombre a diminué jusqu’à atteindre 200 véhicules, voire même 160», dit un commerçant. Depuis le début de la grève, ajoute-t-il, plus de 200 véhicules en provenance d’Agadir n’ont pas pu effectuer de livraison au marché de gros de Casablanca.
Conséquences de cette grève, une grande perturbation dans l’approvisionnement des marchés casablancais et un renchérissement des fruits et légumes. Puisque les spéculateurs ont fait augmenter les prix. Le week-end du 21 octobre, le prix de la carotte à atteint 10 dirhams le kilo et la pomme de terre 8 DH…