Pêche illicite : Le Maroc durcit la répression

La «pêche illégale, non déclarée et non réglementée» (INN) est un sujet qui inquiète. Un projet de décret vient d’être adopté par le Conseil de gouvernement, pour mettre fin à cette pratique qui constitue une menace réelle pour la durabilité des ressources halieutiques. D’ici quelques jours, le projet devra être soumis aux professionnels pour discussion.

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La pêche illégale, non déclarée et non réglementée met la pérennité des pêcheries à rude épreuve. Elle conduit, sans conteste, au déclin des stocks de poisson et touche aussi bien les pêcheries artisanales qu’industrielles. Selon la FAO, sur l’ensemble des activités de pêche menées dans le monde, cette pêche illégale peut atteindre 30% des captures globales. En 2015, l’UE a estimé cette «pêche pirate» entre 11 et 26 millions de tonnes de captures par an dans le monde, pour un coût compris entre 7 et 17 milliards d’euros.

Au Maroc, la question donne lieu également à des préoccupations graves. Certaines sources professionnelles confient au Reporter que la pêche illicite représenterait près de 40% de la pêche globale. «Sur le terrain, la tâche s’avère difficile. Le Royaume doit durcir ses lois liées aux sanctions contre les personnes impliquées dans des affaires de pêche illégale», estiment des observateurs. Tous les ports seraient concernés par ce fléau. En témoigne d’ailleurs le nombre d’infractions recensées chaque année par le ministère de tutelle, précise-t-on. Plusieurs espèces font l’objet de la pêche illicite, dont notamment le poulpe, l’espadon et le thon rouge.

Le gouvernement marocain, qui en est d’ailleurs conscient, est visiblement en train de s’attaquer à la pêche INN. Pour contrer ce fléau, un projet de décret vient d’être validé, afin de mettre fin à cette pratique qui constitue une menace réelle pour la pérennité des ressources halieutiques.

Réuni jeudi 22 mars à Rabat, le Conseil de gouvernement a examiné et adopté le projet de décret N° 2.17.455, relatif à l’application de certaines dispositions de l’article I de la loi N° 15.12 relative à la prévention et à la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. Ce projet de décret, présenté par le ministre Aziz Akhannouch, modifie et complète le dahir portant loi N° 1.73.255, publié le 27 Choual 1393 (23 novembre 1973), relatif à la réglementation de la pêche maritime. Dans les détails, ce projet précise les modalités de mise à exécution des mesures à prendre par les autorités portuaires, afin de prévenir et lutter contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, notamment lors des opérations de transbordement et/ou de déchargement des produits de la mer par les navires de pêche étrangers.

Le Maroc, l’un des plus importants pays de pêche en Afrique, envoie ainsi un message clair. Il décide de prendre également des mesures contre les pillards internationaux qui, jusqu’ici, ont pratiqué leurs activités dans les eaux territoriales du Royaume en toute impunité.

A la Confédération nationale de la pêche côtière (CNPC), on salue cette décision. «Cette décision est un signe fort qui démontre que le gouvernement marocain ne tolère pas ce type de pêche, sachant que le Maroc, en sa qualité de pays côtier et détenteur de pavillon, s’est engagé à œuvrer pour le déploiement des mesures adoptées par les instances de la FAO, pour mettre fin à la pêche INN», souligne Larbi Mhidi, président de la CNPC. Ce dernier fait savoir que ledit projet de décret sera soumis, d’ici quelques jours, aux quatre Chambres de  pêche pour discussion.

Naîma Cherii

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