Dakhla : Alerte sur un trafic de poulpe

Des professionnels de la pêche artisanale au poulpe dans la région de Dakhla tirent la sonnette d’alarme, à cause de la contrebande. Depuis le début de la nouvelle campagne du poulpe (entamée le 15 juin), les langues se délient parmi les professionnels de cette zone marocaine. Le poulpe de contrebande alimente actuellement tout un circuit où seraient impliqués pêcheurs, propriétaires de barques, intermédiaires et unités d’exportation du poulpe. 

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Y a-t-il réellement un braconnage, concernant le poulpe de Dakhla? Les opérateurs respectent-ils le quota fixé par le département de la Pêche maritime durant cette nouvelle campagne? Depuis le 15 juin, la pêche au poulpe a repris à Dakhla, sur fond de mécontentement de certains professionnels. Lesquels soutiennent que la contrebande fait actuellement des ravages dans cette région. «Le phénomène de la contrebande s’étend dans la région et menace véritablement le secteur du poulpe. Cela fait deux mois -depuis la période du repos biologique- que les contrebandiers s’adonnent à leur activité illégale», déplore un membre de l’Association professionnelle des propriétaires de barques de pêche artisanale à Dakhla. Pour cette nouvelle campagne estivale, le quota autorisé est de 1.029 kg par barque de pêche artisanale, soit un quota global de près de 3.100 tonnes pour les 3.082 barques de pêche artisanale de poulpe opérant dans ce secteur. Ce dernier emploie quelque 12.000 marins pêcheurs. «Si des mesures ne sont pas prises pour organiser le secteur, ce quota sera épuisé d’ici peu», d’après des sources concordantes. Selon ces mêmes sources, des barques non autorisées -elles seraient nombreuses- s’activent à pêcher le poulpe tout au long de l’année. «Chacun de ces canots clandestins peut capturer, chaque jour, un volume allant jusqu’à 150 kilogrammes de poulpe», indique-t-on.

Le marché parallèle

Dans les milieux de la pêche, on dénonce «un marché noir qui sévit dans les quatre points de pêche» que compte la région. «Actuellement, ce poulpe de contrebande alimente tout un circuit où sont impliqués pêcheurs, propriétaires de barques, intermédiaires et unités exportatrices de poulpe», explique-t-on au Reporter. La moitié de la production globale capturée dans les différents points de pêche de la région est déclarée à la halle aux poissons. Le prix de vente de ce céphalopode est de 90 à 100 dirhams. L’autre moitié, qui n’est pas déclarée, est commercialisée à un prix moins élevé. «C’est cette partie de poulpe qui est vendue au marché noir. Elle est pêchée en dehors du quota fixé. Les contrebandiers la vendent, sur la côte, à des prix allant de 25 à 60 dirhams», précise un membre de l’Association des propriétaires des barques de la pêche artisanale. C’est ce qui fait dire à ce professionnel que le céphalopode a été commercialisé «de manière informelle et sans documents administratifs». Au final, assure-t-on, ce céphalopode ira aux six unités frigorifiques exportatrices que compte Dakhla. Ces unités, en plus du produit déclaré qu’elles achètent à la halle, prennent aussi le poulpe de contrebande. La marchandise sera par la suite blanchie par le recours à des documents administratifs, d’après les mêmes sources.

Mais pourquoi y a-t-il un marché parallèle? «Ceux qui offrent le prix de 100 dirhams, leur but n’est pas de valoriser le produit capturé par les pêcheurs. C’est plutôt pour valoriser leur stock de poulpe de contrebande», répond un professionnel qui ne cache pas son mécontentement.

Du côté de la Délégation de Pêche maritime, on rejette ces accusations. «Toutes les captures sont contrôlées. Le quota fixé par l’administration est contrôlé par un système informatisé. Chaque barque dispose d’une autorisation et d’une carte d’inscription», tient à souligner Salaheddine Rachidi, Délégué de la Pêche à Dakhla. Et celui-ci de conclure: «Certes, comme dans tout secteur, il y a toujours des gens qui travaillent de manière informelle. Mais le phénomène n’est pas inquiétant».

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