Trois personnes d’une même famille ont été hospitalisées à Ouarzazate. Elles allaient décéder à cause des conséquences d’une intoxication collective. Mais aucun des aliments incriminés n’en était la cause, d’après les analyses effectuées.
Les équipes de l’ONSSA ont prélevé les échantillons des aliments et les ont transférés aux laboratoires de Marrakech, Tanger et Casablanca, afin de déterminer les causes de l’intoxication.
Des tests biologiques sur les victimes ont, par contre, révélé la présence de clostridium botulinum, une bactérie secrétant une toxine dangereuse, responsable de l’intoxication collective, alors que les analyses effectuées sur les aliments se sont avérées négatives. Ainsi, la cause de cette intoxication collective, ayant eu lieu le 6 juin à Ouarzazate, n’a pas pu être déterminée et aucun aliment n’est incriminé. Le mystère entoure donc cette affaire qui, depuis quelques jours, fait grand bruit au sein des associations des droits du consommateur.
«Il n’y aura jamais de certitude absolue sur l’aliment incriminé, car les analyses n’ont rien révélé. Or, le clostridium botulinum, révélé par les analyses médicales, est une méga toxine. Il suffit de 3 mg de cette toxine pour tuer la population de Casablanca», souligne Bouazza Kherrati, président de la Fédération marocaine des droits du consommateur. Cela veut dire que la piste de la charcuterie, premier aliment suspecté- est écartée par les services de l’ONSSA.
Mais comment alors expliquer cette intoxication collective? Quel en a été l’aliment responsable? «La responsabilité d’un aliment consommé par les victimes ne fait aucun doute, même si les résultats des analyses effectuées par les autorités sanitaires sont négatifs», estime le président de la Fédération marocaine des droits du consommateur. «Dans le communiqué diffusé sur cette affaire par l’ONSSA, on n’affiche pas de certitude. A lire le document, on comprend qu’un seul aliment (la charcuterie) a été soumis à des analyses, alors que les autres aliments n’ont pas été envoyés au laboratoire pour subir des analyses. En tant que défenseur des consommateurs, nous pensons qu’il y a un problème de procédure», estime Bouazza Kherrati, pour qui les investigations auraient dû être plus poussées. Et celui-ci d’ajouter: «Il nous paraît indispensable de respecter la procédure dans de tels cas d’alerte. On doit normalement avoir des procédures harmonisées, codifiées et déterminant la conduite à suivre en cas d’intoxication alimentaire».
Une autre version des faits, avancée par un responsable à l’ONSSA, privilégie un autre aliment. Mais lequel? «Sur le champ, nous avons procédé au prélèvement d’échantillons de tous les aliments ayant été consommés par les victimes et même des aliments se trouvant au réfrigérateur, pour déterminer lequel est responsable de cette intoxication collective. Mais les résultats ont été négatifs. Ce qui veut dire qu’un autre aliment était la cause de l’intoxication. Ce produit n’a malheureusement pas été retrouvé, car il a certainement été consommé par les victimes», a expliqué ce même responsable qui a requis l’anonymat. Et d’ajouter: «Des aliments mal conservés présentent un danger d’intoxication pour les consommateurs. Dans cette affaire, la cause peut également être imputée à d’autres facteurs. Pour ce qui est de l’aliment responsable, que nous n’avons pas encore trouvé, il peut y avoir une faille dans la chaîne de sa commercialisation».
D’après les déclarations de cette source à l’ONSSA, les résultats finaux des investigations ont confirmé que la charcuterie
-soupçonnée d’être la cause principale de l’intoxication et a été très médiatisée- a été innocentée dans cette affaire. Même si les autorités sanitaires ont ordonné le retrait du marché de la marque en question -produit d’une grande enseigne à Mohammedia-, notre interlocuteur se voulait rassurant en disant: «Le rappel de cette marque de charcuterie -Nigosta- est une procédure et ne signifie pas que le produit est mis en cause. En cas d’alerte et quand il y a le doute, on procède toujours au retrait automatique». Le responsable a par ailleurs tenu à souligner qu’il n’y a «aucun problème sanitaire» au niveau des produits de l’enseigne en question, ajoutant qu’«elle ne peut être tenue pour responsable de ce cas d’intoxication. D’autant qu’il n’y a aucune preuve qui soit apportée dans ce sens».
Ainsi, tant que l’on ignore toujours l’aliment responsable dans cette affaire d’intoxication collective à Ouarzazate, le danger est toujours là! «Tant qu’il n’y a pas d’aliment incriminé, toutes les questions restent posées. Surtout que le marché est inondé de produits alimentaires périssables qui sont vendus à même le sol et sous un soleil de plomb», déplore le président de la fédération.