Alors que la capture de poisson juvénile est strictement interdite par la réglementation, certains ports du Royaume connaissent une situation de malaise. Au port de Mohammedia, pour ne citer que lui, certains bateaux de pêche côtière autorisés à opérer dans cette zone n’hésitent pas à capturer des sardines et des anchois ne répondant pas à la taille commerciale autorisée pour leur commercialisation.
Une nouvelle affaire de sardines juvéniles a surgi lundi 10 novembre 2025 au port de pêche de Mohammedia. Environ 300 caisses de poissons juvéniles y ont été saisies par les autorités maritimes, a appris Le Reporter auprès des sources portuaires.
Les agents de contrôle ont interpellé plusieurs bateaux de pêche côtière en flagrant délit de débarquement des sardines juvéniles dont la pêche n’est pas autorisée, indiquent nos sources, ajoutant que les autorités maritimes avaient déjà prévenu les navires en question.
Les mêmes sources précisent qu’une quantité de plus de 6 tonnes de sardines juvéniles a été saisie ce lundi 10 novembre, ajoutant qu’un procès-verbal a été établi concernant cette infraction. Il a été transmis aux services compétents afin de déterminer les amendes et les sanctions financières qui en découlent, soulignent nos sources.
Au cours de cette période allant de novembre à janvier, les tailles des sardines ne sont pas conformes aux normes et réglementations en vigueur, disent des pêcheurs, qui avancent que plusieurs infractions ont été enregistrée à l’encontre de plusieurs bateaux de pêche côtière en relation avec les sardines et anchois juvéniles.
Les mêmes pêcheurs affirment que «de grandes quantités de sardines juvéniles capturés dans ce port sont encore cachées dans des entrepôts. «Les contrebandiers attendent de sortir en mer pour charger ce poisson juvénile dans les cales des bateaux pour le jeter à la mer», selon nos interlocuteurs.
A en croire ces derniers, le port de pêche de Mohammedia connaît une situation de malaise. Ils dénoncent un marché noir de poissons juvéniles, qui, selon eux, sévit dans ce port depuis un certain temps déjà.
«Certains opérateurs ne respectent pas la réglementation en vigueur. Alors que la sardine devient de plus en plus rare, certains bateaux de pêche côtière autorisés à opérer dans la zone de Mohammedia n’hésitent pas à capturer des sardines et des anchois ne répondant pas à la taille commerciale autorisée pour leur commercialisation», soutiennent nos interlocuteurs de pêcheurs.
Entre 25 à 30 bateaux de pêche côtière seraient concernés par cette pêche illégale de poisson juvénile, selon des sources concordantes. «Les quantités capturées de sardines et d’anchois juvéniles passent par un circuit informel à bord de véhicules. Les contrebandiers arrivent à avoir des bons de sortie pour leurs cargaisons», ajoutent nos sources. Malgré les amendes et les sanctions très élevées, poursuivent celles-ci, ces opérateurs continuent de s’adonner à leurs pratiques illégales. On ne sait pas qui protège ces gens», affirment des pêcheurs.
Un constat que confirme -sous anonymat- un mareyeur qui explique qu’un poisson juvénile de «contrebande» alimenterait tout un circuit où sont impliqués pêcheurs, grossistes, détaillants, etc. Il pointe également certains agents de l’ONP et certains agents en charge de contrôle à la délégation régionale de la pêche qui seraient impliqués dans cette activité illégale.
Ce même mareyeur confie que cette situation aurait trop duré. «Ce qui représente pour nous, les mareyeurs, un problème. Car le calibre de ce poisson juvénile est très petit et il est interdit de le pêcher ou de le commercialiser », dit-il, appelant à un renforcement des contrôles dans les ports du pays et une adaptation scientifique des périodes de repos biologique pour mieux préserver la biomasse■
Naima Cherii
