Séisme d’Al Haouz : Le rythme lent et les mauvais calculs pointés !

Dans les douars de la province d’Al Haouz, frappée par le séisme dévastateur du 8 septembre 2023, les habitations tardent à sortir de terre. La majorité des sinistrés vivent encore dans des tentes, selon des associatifs locaux, qui critiquent le rythme lent de la reconstruction.

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Une année, jour pour jour, s’est écoulée après le séisme dévastateur qui a secoué la région du Haut-Atlas, faisant près de 3000 morts, 5500 blessés et causant l’effondrement de quelque 60.000 habitations. Cette région s’est retrouvée au centre des destructions causées par le tremblement de terre du 8 septembre 2023.

Face à cette catastrophe, le gouvernement a lancé un chantier de reconstruction gigantesque pour le relogement des sinistrés pour un montant budgétaire global de 120 milliards de dirhams sur cinq ans.

Dans les cinq prochaines années, la mobilisation pour faire aboutir ce grand chantier de reconstruction devrait encore se poursuivre dans les différentes zones touchées par le séisme.

Les autorités ont délivré plus de 55.000 autorisations de reconstruction, mais seules 1.000 habitations ont été achevées, selon le gouvernement.

Difficultés et espoir d’un retour à la normalité…

Cette reconstruction reste toutefois parsemée de difficultés, soufflent des associatifs locaux. Dans les douars de la province d’Al Haouz, joyau du tourisme rural, les habitations tardent à sortir de terre. La majorité des sinistrés qui ont tout perdu vivent encore dans des tentes ou dans des préfabriqués, affirment les mêmes sources.

Celles-ci ajoutent que cette question de la reconstruction des 34.000 habitations dévastées dans la région d’Al Haouz suscite impatience et interrogations. D’autant que la situation est insoutenable surtout que l’hiver s’approche.

«Les habitants de la région espèrent un retour à la normalité dans les plus brefs délais. Mais beaucoup n’ont pas encore reçu l’aide financière pour la reconstruction. Car ils ont un problème de terrain», soulignent les mêmes sources. Fin août, des habitants de Talat N’Yaaqoub, un village près de l’épicentre du séisme, ont manifesté et demandé «le déblocage rapide des aides et des alternatives aux terrains non conformes», disent nos sources.

A Ouirgane, la majorité des rescapés vivent dans des maisons contoneurs !

Dans la commune rurale de Ouirgane, à 30km de l’épicentre du séisme, pour ne citer que cette zone, «la reconstruction se fait aussi très lentement», a déclaré cette semaine à Le Reporter Mohamed Ladib, vice-président de l’association Afak pour le développement de Ouirgane. Celui-ci nous éclaire sur la situation actuelle de la région un an après le grand tremblement de terre.

Le séisme n’a duré que quelques secondes. Mais ses empreintes sont encore là.  «Dans ce village, la majorité des habitants sont contraints de continuer à vivre dans des maisons contoneurs», lance cet associatif.

«Dans les autres villages, il y a encore des familles dans des tentes. Les conditions de vie y sont difficiles en hiver comme en été. A Ouirgane, les rescapés étaient dans des tentes mais ils vivent actuellement dans des maisons conteneurs. Seuls 10 à 15 personnes sont encore dans des tentes.  L’installation de ces maisons conteneurs, par des associations bénévoles, a tout de même marqué une amélioration pour les habitants», poursuit-il.

Ouirgane ne s’en est pas bien sorti. Le tremblement de terre du 8 septembre 2023, d’une magnitude de 6,8, a fait près de 97 morts et endommagé environ 300 habitations dans cette commune qui compte 8000 habitants.

Engrenage infernal !

Environ 90% de ces rescapés ont profité de projets  de reconstruction. Certains ont seulement réalisé des fondations. D’autres ont commencé à reconstruire depuis trois ou quatre mois. Ils n’ont pas encore achevé de reconstruire», aـt-il dit. Seules dix personnes ayant achevé la reconstruction de leurs logements ont commencé à y habiter, selon cet associatif.

Il précisera : «Ces personnes ont pu finaliser les travaux car ils ont compté sur leur propres moyens financiers, en attendant d’obtenir l’aide financière de l’Etat».

Au niveau du même village, d’après la même source, 10% des rescapés ont également profité de projets de reconstruction mais ils se retrouvent perdus dans un engrenage infernal. «Pour ces sinistrés, il y a un problème au niveau des terrains. Soit qu’ils ont un petit terrain et qu’ils cherchent un autre soit que le laboratoire leur refusé le terrain où ils vont construire car le laboratoire juge que  le terrain n’est pas assez solide. Ce sont là les problèmes que ces 10% ont actuellement », explique Mohamed Ladib, membre actif de la société civile à Al Haouz.Ce n’est que lorsque ce problème est réglé que ces rescapés pourront percevoir la première tranche de l’aide publique qui est de 80.000 dirhams pour la reconstruction.

«SM le Roi avait donné ses instruction au gouvernement pour octroyer une aide de 140.000 dirhams aux sinistrés ayant perdu totalement ou partiellement leur habitations et 80.000 dirhams pour les maisons nécessitant quelque travaux de réhabilitation. Mais le fait est que certains sinistrés n’ont bénéficié que de 80.000 dirhams alors que leur habitation a été totalement démolie. Très peu de gens ont perçu 140.000 dirhams. Dans la région d’Al Haouz, le gouvernement a dénombré 34.000 habitation partiellement ou totalement détruites par le tremblement de terre.  Je pense qu’il s’est rendu compte que les subventions consacrées à cette opération de reconstruction ne permettaient pas de répondre à toutes les demandes», explique cet associatif. Il poursuit, non sans regret : «Avec 80.000 dirhams on peut faire une maison de 40 à 60 mètre2 carré avec les fondations, les murs et le toit.  Mais sans les finitions. Les coûts ont explosé et ne permettent pas de faire les finitions».

Parallèlement, une aide mensuelle de 2500 dirhams a été versée, depuis un an, aux personnes dont les habitations nécessitent des travaux de rénovation. Mais cette aide, qui entre dans le cadre de l’aide à la reconstruction, sera suspendue dés la fin de ce mois », souligne notre interlocuteur.

Pour la réalisation des fondations, poursuit-il, les gens ont reçu 20.000. Ce n’est qu’après cette étape  que les rescapés  peuvent recevoir le deuxième versement, précise Ladib, ajoutant qu’un PV établi par un architecte et attestant que les fondations sont bien réalisées est nécessaire pour recevoir l’autre versement de l’aide à la construction.

Mais le problème qu’il y a c’est qu’en généralces fondations peuvent coûter jusqu’à 40.000 dirhams voir même 45.000 dirhams, dit-il. C’est ce qui explique d’ailleurs que beaucoup arrêtent les travaux relatifs aux fondations à cause de ces coûts élevés, a-t-il ajouté.

«Les autorités sont informées de cette problématique. On nous dit que l’on est entrain d’étudier le dossier de ces gens. Mais l’opération est très lente», insiste Mohamed Ladib, qui pointe aussi la rareté de la main d’œuvre.

Pour faire face à cet obstacle, les autorités encouragent les entrepreneurs à conclure des contrats avec les sinistrés pour leur construire leurs maisons jusqu’à l’obtention de l’aide financière de l’Etat, fait savoir notre interlocuteur d’associatif. Mais celui-ci ne se dit pas rassuré pour autant. «Ce dont j’ai peur c’est que certains entrepreneurs ne vont exécuter les travaux que pour certains sinistrés alors que les autres vont devoir attendre. Sachant que ces entrepreneurs vont recevoir 20.000 dirhams de chaque sinistré», conclut Mohamed Ladib, vice-président de l’association Afak pour le développement de Ouirgane.

Naîma Cherii

 

 

 

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