En réaction au mouvement de boycott des viandes rouges, lancé sur les réseaux sociaux, Abdelali Ramou, SG de l’Association nationale des chevillards (ANC) a souligné que les professionnels auraient été victimes d’une «campagne accompagnée d’informations erronées» sur les raisons de l’augmentation des prix.
Jusqu’où le boycott des viandes rouges peut aller ? Quel impact pour la filière de l’élevage? Cette campagne impactera-t-elle les profits des éleveurs? Face à cette campagne de boycott, les prix des viandes baisseront-ils? Personne ne peut aujourd’hui le dire avec exactitude. Mais certains professionnels ont, également, joint leur voix à celle des citoyens en attribuant la flambée des prix à la hausse des coûts de production et une baisse de la production des fourrages. Mais à l’Association nationale des chevillards (ANC) on hausse le ton. «De quel boycott parle-t-on? En ce moment, il y a d’ailleurs un manque très important du nombre de têtes de bétail et une baisse significative des effectifs du cheptel. On n’en trouve pas sur le marché. Ce boycott c’est comme celui des produits laitiers que nous avions en 2019, ce qui avait poussé beaucoup d’éleveurs à vendre leurs vaches aux abattoirs. Ce boycott, rappelons-le, a causé la réduction du cheptel des vaches laitières de 60%», déclare cette semaine à Le Reporter Abdelali Ramou, SG de l’ANC, lequel pointe le Plan Maroc vert.
«Ce qui a été prévu dans les contrats-programmes du plan Maroc vert n’a pas été mis en œuvre. L’Etat n’a pas honoré ses engagements dans ces contrats. Il n’a pas apporté des solutions concrètes à la filière. En fait, ceux qui ont profité de ce plan ce sont surtout une minorité, les grands, qui ont bénéficié de plusieurs milliards de dirhams. Pourtant, le cheptel dont ils disposent ne dépasse même pas les 1000 têtes. Or les petits éleveurs, qui, eux, soutiennent le secteur, vivent actuellement une situation très difficile», lance, non sans colère, le SG Abdelali Ramou.
Et lui d’ajouter: «On n’a rien fait, ni abattoirs, ni marchés de bestiaux, ni apporté des aides aux petits éleveurs…etc. La seule chose que l’on a faite c’est d’avoir pris des décisions et d’appliquer des lois sans même trouver des alternatives. Comme ce qu’on a d’ailleurs fait dans plusieurs régions où on a fermé des abattoirs sous prétexte qu’ils n’ont pas d’agrément, ce qui a mis les professionnels de ces régions dans une situation difficile».
Notre interlocuteur a également souligné que les professionnels auraient été victimes d’une campagne accompagnée d’informations erronées sur les raisons de cette augmentation des prix. Ce qu’il faut savoir, explique-t-il, «c’est qu’il y a une baisse très importante des effectifs du cheptel. Nous n’avons pas encore un cheptel de reproduction stable avec lequel nous arrivons à satisfaire la demande nationale».
Une situation qui a d’ailleurs conduit à l’importation d’ovins et de bovins depuis déjà cinq ans pour mieux approvisionner le marché national, dit encore A.Ramou. Ce professionnel tient à signaler que certains importateurs baissent les prix en vendant une brebis (importée) à 60 dirhams le kilo alors qu’elle coûte aux éleveurs marocains 120 dirhams. «Ces importateurs ont profité de subventions financières de l’Etat pour l’importation des ovins et de bovins. C’est pourquoi ils cassent les prix», précise-t-il.
Notons que les viandes rouges font l’objet d’une campagne de boycott pour protester contre la flambée des prix. Les appels au boycott de viandes rouges se sont multipliés depuis plus de deux semaines pour faire pression contre cette escalade des prix. C’est sur les réseaux sociaux qu’a été lancé ce mouvement de boycott, à l’approche de l’Aïd al adha, mais difficile de savoir qui est vraiment derrière cette initiative.
Face à des prix qui dépassent les 100 dirhams le kilogramme, selon la variété, des activistes des réseaux sociaux se disent «entièrement mobilisés» pour poursuivre cette action. Ils expliquent la campagne par l’impact de la flambée des prix des viandes rouges sur le pouvoir d’achat des consommateurs les plus démunis.
«Avec des prix qui ne cessent d’augmenter, variant entre 100 et 120 dirhams pour la viande ovine et entre 85 et 105 dirhams pour celle des bovins, de nombreuses familles sont contraintes de diminuer leur consommation de viande ou préférer d’autres alternatives moins chères mais potentiellement moins nutritives», soulignent les mêmes sources. Celles-ci, qui vont même jusqu’à suggérer l’annulation de l’Aïd Al Adha prévu cette année le 17 juin, invitent les citoyens à opter pour la stratégie de boycott pour faire pression contre cette montée des prix.
N. Cherii