La collision qui s’est produite, au large de Tarfaya, dimanche 9 juillet 2023, vers 2 heures du matin, serait-elle due à des erreurs humaines?Alors que le coup d’envoi de la saison estivale de pêche au poulpe a été donné depuis quelques jours, pour les zones comprises entre Lagouira et Sidi L’ghazi, cet accident, qui serait imputable à un bateau de pêche industrielle, suscite la colère des professionnels.
Les investigations sont loin d’être bouclées. Mais une des hypothèses, privilégiées par certains professionnels que nous avons approchés cette semaine, fait état d’une erreur humaine !«Certains capitaines des bateaux ne se soucient pas de la sécurité des gens en mer. Ils passent le commandement au pilote automatique, ce qui fait qu’ils ne peuvent pas détecter les navires qui se trouvent dans leurs trajectoires», expliquent nos sources. Celles-ci n’excluent pas le fait que le bateau impliqué dans la collision aurait également coupé sa technologie VMS (un outil pour transmettre des informations sur la position, la vitesse, etc.).
Dans les détails, les mêmes sources expliquent qu’un chalutier en bois, «Ighalen», aurait été -pour une raison encore indéterminée- percuté par un navire de pêche hauturier qui aurait pris la fuite après l’accident.
La zone dans laquelle le choc s’est produit n’est pas interdite aux bateaux de pêche et la météo et les conditions de navigation étaient bonnes, selon des sources concordantes. «Le navire hauturier a pris la fuite sans se retourner, alors que «Ighalen» aurait pu couler avec 15 personnes à son bord. Fort heureusement, l’équipe est saine et sauve. Mais les dégâts sur la coque du côté du navire sont importants», regrettent nos sources.
Le chalutier victime de cette collision a pu accoster au port de Laâyoune après avoir été escorté par un autre bateau qui se trouvait à proximité du lieu de l’accident, selon des sources portuaires à Laâyoune.
Au lendemain de l’accident, le flou autour des circonstances de cet accident n’a pas encore été levé. L’identité du navire est encore inconnue, en attendant les résultats de l’enquête en cours, la détermination des responsabilités et les rapports de surveillance par satellites, indiquent nos sources.
Mais en attendant que les investigations soient bouclées, l’accident ne cesse de soulever le mécontentement au sein de la profession. Le capitaine du bateau hauturier, impliqué dans la collision, n’a pas respecté une règle essentielle de la marine: l’assistance obligatoire aux personnes en danger. Ce délit de fuite est déplorable, insiste, non sans colère, Abderrahmane Rais, un armateur et patron de pêche à Dakhla.
«C’est vrai qu’il n’y a pas eu de mort et l’équipe du chalutier «Ighalen» est saine et sauve. Un abordage, ça peut arriver à n’importe quel bateau surtout quand le temps est mauvais et que les bateaux manquent de visibilité à cause d’un épais brouillard qui aurait entravé la visibilité sur la mer et ce, même si les deux navires sont équipés d’un radar», dit encore Abderrahmane Rais, également membre de la Chambre de pêche maritime du sud.
Cependant, celui-ci a dénoncé le «comportement anormal du capitaine du navire de pêche industriel qui a percuté le chalutier «Ighalen» sans même s’arrêter pour apporter de l’assistance à l’équipage qui était en danger».
Dans une déclaration à Le Reporter, Abderrahmane Rais n’a pas mâché ses mots. «Nous allons attendre que l’enquête soit bouclée et qu’elle rende ses conclusions à partir d’images radar de navires à proximité au moment de la collision, d’entretiens avec l’équipage du chalutier «Ighalen» et d’autres données recueillies au cours de l’enquête. Si l’identité du bateau n’est pas révélée, nous allons arrêter d’utiliser les VMS», lance mardi 11 juillet cet armateur et patron de pêche. Un dossier à suivre.
Naîma Cherii