Le Maroc doit-il rapatrier les Marocaines qui se trouvent actuellement dans les camps de réfugiés avec leurs enfants et dont les maris seraient emprisonnés, portés disparus, ou tués en Irak et Syrie? Le dossier revient, en tout cas, à nouveau, sur les devants de la scène.
La Coordination des familles des prisonniers et des disparus marocains en Irak, qui travaille sur ce dossier depuis 2011, lorsque le Marocain Badr Achour, avait été exécuté au mois d’octobre, se mobilise et en appelle à l’aide du gouvernement marocain.
«Le gouvernement marocain doit intervenir pour résoudre ce problème. Des dizaines d’enfants –une soixantaine- dont neufs orphelins, attendent dans des centres de réfugiés en Syrie et en Irak. Ils sont exposés à des traitements difficiles et inhumains, en particulier dans le camp d’Al Hol en Syrie», a affirmé Abdelaziz El Bakkali, Coordinateur général de la Coordination des familles des prisonniers et des disparus marocains en Irak ; lequel décrit des conditions qui ne cessent d’empirer dans ces camps, où règne par ailleurs un «climat d’insécurité» croissant.
Dans une déclaration accordée, cette semaine, à Le Reporter, le Coordinateur général de cette Coordination a réitéré son appel aux autorités marocaines en vue d’intervenir pour régler la question des Marocains détenus en Syrie et en Irak. Il ajoutera que la Coordination devra tenir des rencontres avec les responsables marocains des Affaires étrangères pour débattre de ce dossier complexe.
Abdelaziz El Bakkali demande, par ailleurs, l’envoi de journalistes marocains sur place pour informer l’opinion sur la «situation difficile» des Marocaines bloquées ou détenues en Syrie et en Irak, ainsi que celle de leurs enfants.
«La Coordination souhaite le déplacement des représentants de medias marocains sur ces zones de conflit pour s’enquérir du «désastre humanitaire», à l’instar de médias européens qui ont dépêché leurs représentants sur place», a tenu à souligner le coordinateur général.
Cet appel intervient quelques jours après l’annonce par le Maroc de la mise en place d’une cellule d’assistance pour ses ressortissants établis en Irak et en Syrie.
Ces deux pays connaissent une situation exceptionnelle ces derniers jours, après la frappe américaine contre le général iranien Qassem Soleimani, vendredi 3 janvier, près de l’aéroport de Bagdad. L’Iran a répliqué, pendant deux jours consécutifs, en bombardant des bases américaines en Irak.
En 2011, rappelons-le, des demandes pour permettre la visite de familles marocaines à Baghdad avaient été formulées. Le groupe des Familles des prisonniers ou disparus en Irak avait demandé la constitution d’une mission de négociation avec les autorités marocaines et irakiennes et le lancement dans les meilleurs délais de recherches sur les disparus.
Entre le moment de l’appel lancé, en 2011, par la Coordination des familles des prisonniers et des disparus marocains en Irak, et celui du parti authenticité et modernité ( PAM) qui a plaidé, il y a une semaine, pour la constitution d’une commission parlementaire d’information devant se rendre en Irak et en Syrie pour visiter les prisonniers marocains et évaluer la situation des Marocaines bloquées ou détenues dans ces zones de conflit, ainsi que celle de leurs enfants, le coordinateur général de la Coordination, Abdelaziz El Bakkali estime que les choses avancent dans un sens positif.
Abdellatif Ouahbi du PAM, qui a formulé la proposition de ce parti, a appelé à la «protection des enfants marocains en les transférant des prisons où ils sont détenus en Syrie et en Irak, vers la mère patrie». Il aurait également demandé au président de la Commission de la justice, de la législation et des droits de l’Homme au sein de la Chambre des représentants de permettre à la mission parlementaire d’étudier les modalités de rapatriement –pour des raisons humanitaires- des Marocains bloqués en Syrie et en Irak.
Le député a également souligné que, face à ce «désastre humanitaire», il est de la responsabilité de l’Etat marocain non seulement de veiller au retour de ces citoyens dans leur pays, mais également de prendre toutes les mesures qui s’imposent en vue d’assurer leur réinsertion dans le tissu social.
Le coordinateur général, Abdelaziz El Bekkali, qui a exprimé sa grande satisfaction suite à la proposition du PAM, a indiqué que les familles de ces Marocains mettent beaucoup d’espoir dans cette initiative qui mettrait fin au calvaire de centaines de femmes et d’enfants.
Il regrette, toutefois, l’inaction des autres partis politiques dans ce dossier alors que des centaines de Marocains et d’enfants sont «en situation de péril».
Rappelons enfin que le directeur du BCIJ avait, par le passé, livré des chiffres concernant les combattants marocains en Syrie, dont le nombre avoisine les 1.600. Quelque 785 ont été enrôlés par Daech, 100 par «Cham Al Islam», 52 par «Al Nosra» et près de 500 ont trouvé la mort. Le nombre des jeunes mineurs qui ont regagné la Syrie a atteint 300, en plus de 200 femmes et enfants, dont 59 combattantes qui sont rentrées au Maroc en compagnie de 13 enfants.