Les prix du poisson sont particulièrement élevés en ce début de Ramadan. Pour en savoir davantage sur le circuit de commercialisation de ce produit, nous avons approché des professionnels au port de pêche de Casablanca.
«Les prix, c’est du jamais vu! Ils sont particulièrement élevés» se plaignaient, samedi 27 mai (1er Ramadan), des Casablancais rencontrés au Marché central. Ces derniers se disaient en colère contre le gouvernement qui, malgré son engagement -à la veille du Ramadan- d’assurer la stabilisation des prix à la consommation durant ce mois sacré, n’a pas tenu parole, surtout pour contenir la spéculation. «Les promesses du gouvernement sont hélas restées sans lendemain», lançait Karima, une femme au foyer. «Le prix de certaines espèces, comme la sardine, ont fortement augmenté», regrette-t-elle. En effet, au niveau de certains marchés de la ville, la sardine, qui coûtait entre 10 et 15 dirhams, a été vendue, ce samedi 1er Ramadan, entre 20 à 30 dirhams le kilo. Le merlan a, quant à lui, été vendu à 80 dirhams et les crevettes à 140 dirhams (au lieu de 100 DH). Quant à la sole, elle coûte désormais 120 dirhams, contre 65 dirhams le kilo il y a encore quelques semaines.
Comment expliquer cette hausse? La rareté de la ressource, dont parlent certains mareyeurs grossistes de poisson blanc de Casablanca, pourrait-elle être la cause de cette flambée des prix? Pour des membres de la Fédération marocaine des droits de consommateurs, «rareté ou pas, les prix des produits de la mer restent inaccessibles aux ménages marocains à revenu modeste». Pour en savoir davantage sur le circuit de commercialisation de ce produit, nous avons approché des professionnels au port de pêche de Casablanca. La vente à la criée a lieu à 4H30. C’est à l’intérieur de la halle aux poissons que vendeurs et acheteurs négocient le prix du poisson. Ce 1er ramadan, le merlan a été cédé à 1.000-1.500 DH la caisse (22 kg), soit 70 DH/kg. La sole, quant à elle, a été vendue entre 80 et 90 DH le kilo, alors que la crevette a été vendue entre 1.600 et 2.200 DH la caisse (15 Kg), soit 110 DH le kilo.
Alors que la sardine a été vendue dans certaines zones de Casablanca entre 20 et 30 DH, ce samedi, elle coûtait dans la halle 3 DH le kilo. De l’avis de certains mareyeurs grossistes du pélagique, cette hausse des prix est principalement due à la baisse de certaines espèces, dont notamment les sardines. «Ces trois dernières années, les quantités de certaines espèces, telles le merlan, la crevette ou encore la sardine, ont beaucoup chuté. La raison en est la pêche illicite», selon les mêmes sources. Autre explication avancée par certains professionnels: «Ce sont les intermédiaires qui font flamber les prix. Les sardines coûtent dans les halles (1ère vente) 2,50 DH à 3 DH le kilo. Mais le consommateur, lui, les achètera à 15 dirhams au marché, voire même plus. C’est d’ailleurs le cas en ce début de Ramadan où le prix du poisson a connu une hausse très importante, notamment pour celui de la sardine», souligne un mareyeur grossiste. Celui-ci évoque un autre problème. Plus de 60 vendeurs s’activant dans l’informel au port de pêche de Casablanca seraient, selon elle, derrière la flambée excessive des prix du poisson. «Un marché noir sévit dans l’enceinte de ce port depuis un certain temps et échappe à tout contrôle», affirme notre interlocuteur. Et d’ajouter qu’un poisson de «contrebande» approvisionne tout un circuit où sont impliqués marins-pêcheurs, grossistes, détaillant, etc. Notre source affirme que la moitié de la production globale ne passe pas par la halle du port. «Malgré que le port dispose d’une halle, près de 50% des captures ne passent pas par là. Ce poisson passe plutôt par le circuit informel, à bord de véhicules ou de camions venant d’autres villes. Il échappe ainsi à tout contrôle», déplore notre source.