La 93ème Assemblée Générale de l’Organisation Internationale de Police Criminelle (Interpol) qui s’est tenue sur quatre jours (24-27 novembre 2025) à Marrakech, est intervenue alors que le monde venait de célébrer la Journée Internationale pour la Prévention et la Lutte contre toutes les formes de Criminalité Transnationale.
La célébration de cette Journée Mondiale instaurée en 2024 par les Nations-Unies, a lieu le 15 novembre (2025). Cette commémoration intervient dans une période de forte instabilité aux niveaux régional et international. De nos jours, le monde est, en effet, confronté à des crises profondes et évolue dans un climat d’instabilité des plus pesants.
Dans ce contexte, la criminalité s’est elle aussi développée. Face à cette situation, la coopération internationale dans le domaine sécuritaire s’avère plus que jamais nécessaire. Le Maroc figure parmi les pays agissants en la matière. D’ailleurs, le fait que l’Organisation Internationale de Police Criminelle (Interpol) ait choisi Marrakech pour y tenir sa 93ème AG en est une preuve éloquente.
Au cours des vingt dernières années, le Royaume s’est distingué comme un acteur régional et international de premier plan, ayant accumulé une grande expertise sécuritaire, notamment en matière de renseignement. Ce savoir-faire mondialement reconnu place le Royaume à l’avant-garde des pays efficacement engagés dans la lutte contre les menaces transfrontalières sous toutes leurs formes.
Les clés du succès du modèle marocain
Grâce à une approche intégrée et multidimensionnelle, menée principalement par le Pôle DGSN-DGST, le Bureau Central d’Investigations Judiciaires (BCIJ) et la Direction Générale de la Sécurité des Systèmes d’Information (DGSSI), qui s’occupe du volet de la Cybersécurité, le Maroc a transformé ses frontières en lignes de défense solides contre les flux criminels à tous les niveaux, allant du terrorisme et de son financement au trafic d’êtres humains et de stupéfiants, en passant par les réseaux de cybercriminalité qui constituent, en 2025, une menace majeure pour la stabilité de tout pays.
L’efficacité du système de sécurité marocain a favorisé la coopération avec diverses institutions de sécurité arabes, africaines et européennes, ainsi qu’avec de grandes organisations internationales telles qu’Interpol. Il faut bien dire que le Royaume n’hésite pas à mettre le savoir-faire qu’il a accumulé au fil des années, surtout depuis les attentats meurtriers qui ont frappé Casablanca (16 mai 2003), au service et à la disposition de ses partenaires (Espagne, France…). Conformément à une stratégie basée sur le partage des informations, Rabat a joué, à plusieurs reprises, des rôles déterminants ayant abouti au démantèlement d’un grand nombre de cellules terroristes et de bandes criminelles dangereuses dans plusieurs pays étrangers.
Pour le Maroc, il ne s’agit pas de vanter ses capacités. L’ambition du Royaume est surtout d’apporter sa pierre à l’édifice et de contribuer du mieux possible à un climat de sécurité renforcé aussi bien au niveau régional que continental et mondial. Cette manière de faire, basée sur la coopération et l’action mutuelles, a valu aux services de sécurité marocains d’être encensés en plusieurs occasions par de hauts responsables sécuritaires de par le monde. Pas plus tard que le 11 novembre 2025, le Directeur Général du Pôle DGSN-DGST, Abdellatif Hammouchi, a été décoré à Madrid de la Grand-Croix de l’Ordre du Mérite de la Guardia Civile espagnole.
Le Royaume joue un rôle central et actif dans la lutte contre la criminalité transnationale organisée, non seulement en sécurisant ses frontières, mais aussi en participant efficacement à la lutte contre le terrorisme et les groupes extrémistes. Conformément aux Orientations Royales, le Royaume adopte une stratégie globale qui intègre des dimensions sécuritaires, sociales et de développement. Cela se traduit par des mesures concrètes telles que l’intensification de la surveillance côtière et terrestre, la protection de l’espace méditerranéen commun, la prévention des flux migratoires illégaux, la lutte contre la traite des êtres humains et le démantèlement de leurs réseaux. Le tout repose sur une base juridique solide et conforme aux normes internationales, notamment la Convention des Nations-Unies contre la criminalité transnationale organisée (Convention de Palerme), que le Royaume a signée le 13 décembre 2000 et ratifiée deux ans plus tard (19 septembre 2002).
Dès le début des années 2000, le Maroc s’est engagé dans la lutte contre le terrorisme international, contribuant au tarissement des sources de financement des groupes terroristes, tout en jouant un rôle actif au sein du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine (UA), qu’il a présidé à quatre reprises (septembre 2019, octobre 2022, février 2024, mars 2025).
Sur le plan de la lutte antiterroriste, le Royaume a traité, rien qu’en 2024, 177 dossiers, dont 85 affaires jugées en première instance et 92 en appel. Parallèlement, le Maroc a poursuivi le renforcement de sa stratégie antiterroriste globale, qui inclut des initiatives en matière de prévention et de déradicalisation. En février 2025, une cellule de 12 individus affiliés à l’Etat islamique a été démantelée, avec saisie d’armes, d’explosifs et d’éléments de fabrication de bombes, sachant que depuis 2015, plus de 1.000 suspects jihadistes ont été arrêtés grâce aux efforts menés par le Bureau Central d’Investigations Judiciaires (BCIJ), relevant de la Direction Générale de la Surveillance du Territoire (DGST).
Grâce à son engagement et à son implication continus dans la lutte contre les menaces terroristes, le Maroc a obtenu un score de zéro à l’Indice Mondial du Terrorisme au titre de l’année 2025. Cette performance classe le Royaume parmi les pays les plus sûrs et reflète, par la même occasion, l’efficacité de la stratégie proactive adoptée par les services de sécurité marocains face à un fléau qui n’épargne aucun pays. Cette distinction est intervenue deux années après que le Royaume a été retiré de la liste grise du Gafi (Groupe d’Action Financière), en 2023. Créée en 1989 et dont le siège est basé à Paris, cette organisation mondiale est chargée de la surveillance du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme. Plusieurs pays, dont le Maroc, se sont engagés à mettre en œuvre les normes du Gafi dans le cadre d’une réponse mondiale coordonnée visant à prévenir le crime organisé, la corruption et le terrorisme.
Quelle riposte face aux menaces émergentes ?
De nos jours, la criminalité dépasse les cadres traditionnels, incluant la cybercriminalité et d’autres formes liées aux technologies numériques, toutes intégrées dans la stratégie marocaine de lutte contre les diverses formes de criminalité organisée. Au cours des dernières années, le Royaume a renforcé sa capacité à lutter contre les crimes financiers et les fraudes transnationales, notamment en développant des mécanismes sophistiqués de surveillance et de contrôle des flux financiers illicites. Les chiffres en attestent.
En 2024, la Direction Générale de la Sûreté Nationale a traité plus de 650 affaires d’infractions économiques et financières, soit une hausse de près de 30 % par rapport à 2023. Sur ces dossiers, pas moins de 415 ont donné lieu à des décisions judiciaires de gel des avoirs criminels, pour un montant total saisi de 331,9 MDH, dont 101,88 MDH provenaient d’affaires de blanchiment d’argent. Parmi ces cas, près de 50 % étaient liés au trafic de stupéfiants.
S’agissant des affaires liées à la migration clandestine, les efforts des services de la Sûreté Nationale ont permis, en 2024, de démanteler quelque 123 réseaux criminels s’activant dans l’organisation de l’immigration illégale et le trafic d’êtres humains.
La lutte contre la cybercriminalité a également été renforcée avec 8.333 infractions numériques traitées en 2024 et 563 arrestations, tandis que la plateforme citoyenne «E-Blagh», lancée le 6 juin de la même année à l’occasion de la 5ème édition des Journées Portes Ouvertes organisées par la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN), a reçu plus de 12.600 signalements d’infractions en ligne. En parallèle, les juridictions marocaines ont rendu 312 décisions relatives au blanchiment d’argent en 2024, contre seulement 134 jugements en 2023. Ces chiffres traduisent la capacité du Maroc à protéger et à sécuriser les flux financiers et à combattre efficacement toutes les formes de criminalité transnationale.
L’organisation de la 93ème Assemblée Générale d’Interpol à Marrakech, du 24 au 27 novembre 2025, n’était pas un hasard, encore moins une complaisance. Il s’agit, comme indiqué par les responsables sécuritaires ayant pris part à cet événement d’envergure internationale, d’une reconnaissance on ne peut plus claire du modèle sécuritaire marocain, reconnu notamment pour sa grande capacité d’adaptation et d’anticipation dans un monde où les menaces se font de plus en plus pressantes. Le tout, avec détermination et modestie.















































