Discours prononcé le 10 avril 1947 dans les jardins de la Mendoubia à Tanger, par le Sultan Mohammed Ben Youssef. Un acte fondateur dans la lutte pour l’Indépendance du Maroc.
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Mardi 18 novembre 2025, les Marocains se remémoreront une page rayonnante de l’Histoire de leur pays. Sept décennies se sont en effet écoulées depuis que le pays s’est extirpé du joug du colonialisme français.
La Fête de l’Indépendance, célébrée le 18 novembre de chaque année, n’est pas une simple commémoration. Il s’agit d’une occasion renouvelée pour rendre un hommage appuyé à la mémoire d’une Nation qui a su se reconstruire dans la dignité et l’unité, contre vents et marées. Cette Fête nationale rappelle aussi que la Souveraineté du Maroc sur l’ensemble de son territoire national a été chèrement acquise.
Union indéfectible
La Fête de l’Indépendance ne marque pas seulement la fin du protectorat français sur le Maroc. Cette célébration incarne d’abord et avant tout cette union indéfectible qui a toujours existé entre le Trône et le Peuple. C’est justement dans cette alliance à la fois spirituelle et politique que le Maroc a trouvé la force de résister face au colonisateur, puis de renaître.
Le 18 novembre 1955, lorsque le Sultan Sidi Mohammed Ben Youssef revint d’exil, le pays tout entier exulta. La dignité enfin retrouvée de tout un peuple avait un goût d’une victoire partagée, puisque c’est main dans la main que les Marocains et la Famille Royale ont lutté et tenu tête au colonisateur, qui n’a pas hésité à mettre le Maroc à feu et à sang pour éteindre la volonté de liberté au sein de la société marocaine.
Pour comprendre à quel point la lutte pour l’Indépendance du Maroc fut rude, il faut remonter au cœur des années sombres de la colonisation. En avril 1947, dans la ville de Tanger, le Sultan Mohammed Ben Youssef prononça un Discours historique, vibrant d’espoir et de courage. Ce jour-là, le Défunt Souverain affirma, devant le monde entier, la volonté inébranlable du Royaume de demeurer libre et uni, fidèle à son identité. Plus qu’un acte politique, ce Discours a été un véritable acte de résistance. Le peuple marocain comprit tout de suite que le combat pour la Souveraineté venait à peine de démarrer et allait prendre une dimension sacrée, celle d’une lutte partagée entre le Roi et la Nation.
Dans le sillage de ce Discours, la conscience nationale prit forme. Dans les années 30, le mouvement nationaliste s’organisait déjà dans les villes et les campagnes marocaines. Les militants nationalistes, issus de toutes les classes sociales, s’engagèrent à éveiller les consciences, à faire circuler la parole de liberté, tout en préparant les esprits à la résistance. Des journaux clandestins circulaient, des tracts appelaient à la dignité, et dans les cafés, les écoles, les mosquées, on parlait déjà du Maroc indépendant.
Les Marocains étaient animés par la même certitude, celle que la liberté ne se donne pas, elle s’arrache. Face à eux, l’administration coloniale répliqua de la manière la plus brutale qui soit, notamment en ayant recours aux arrestations et à la torture. Ces agissements n’ont fait qu’attiser la flamme de la résistance dans le cœur de tout un peuple. Comme l’expliquent ceux qui ont vécu cette époque, chaque injustice alimentait la colère, chaque emprisonnement renforçait la foi en un avenir meilleur.
Des montagnes du Rif à l’Atlas, des plaines atlantiques jusqu’au Sahara, le Maroc tout entier vibrait au rythme d’un combat qui dépassait les générations. Les batailles héroïques se succédaient (Elhri, Anoual, Bougafer, Sidi Bou Othmane, Jbel Baddou…), menées par des hommes et des femmes dont le courage défia la puissance de l’occupant. L’histoire retiendra que c’est dans la douleur de ces combats que s’est forgée la conscience nationale, ce sentiment profond d’appartenance à une Patrie millénaire qui refuse la servitude.
Exil d’un Sultan, colère d’un Peuple
L’année 1953 fut celle du déchirement. Le 20 août de la même année, les autorités coloniales françaises décidèrent de frapper au cœur du symbole de l’Unité nationale. Ce jour-là, qui a coïncidé avec l’Aïd El Kebir (Fête du Grand Sacrifice), le Sultan Mohammed V et l’ensemble de la Famille Royale furent exilés, d’abord en Corse, puis à Madagascar. L’occupant croyait ainsi briser le lien entre le Trône et le Peuple. C’est tout l’inverse qui s’est produit. Jamais les Marocains n’avaient été aussi unis. Le départ forcé du Défunt Souverain provoqua un véritable séisme au niveau national. Les rues ne tarderont pas à s’embraser, les villes à se soulever et les campagnes à se révolter contre le colonisateur et l’ensemble de ses symboles. Dans toutes les villes et régions du Maroc, le Peuple criait à l’unisson: «Vive le Sultan Mohammed Ben Youssef, Vive le Maroc Libre».
La répression fut terrible, mais l’élan était irrésistible. Ce fut le début de la Révolution du Roi et du Peuple, une symphonie de résistance qui fit comprendre à la puissance coloniale qu’aucune force ne pouvait soumettre un Peuple qui ne craint pas la mort. Dans les villages comme dans les grandes agglomérations, les Marocains portaient en eux une même foi : le retour du Sultan est indiscutable et ne supporte aucun marchandage.
Le 16 novembre 1955, un avion atterrit sur le tarmac de l’aéroport de Rabat-Salé. À son bord, le Sultan Mohammed V, le Prince Héritier, futur Hassan II, et l’Illustre Famille Royale. En descendant de l’appareil, le Souverain fut accueilli par une marée humaine en larmes.
Deux jours plus tard, Feu Mohammed V annonça au Peuple marocain la fin du régime du Protectorat et la naissance d’un Maroc libre et indépendant. Le rêve était enfin devenu réalité.
Nouvelle ère de liberté et de développement
Sa Majesté Mohammed V savait que cette Indépendance n’était que le commencement d’un long chemin vers le développement et le parachèvement de l’Intégrité Territoriale du Royaume.
Pour le Maroc, le travail ne faisait que commencer, dans la mesure où il fallait regagner les zones qui étaient à l’époque encore occupées par l’Espagne. De plus, le Maroc devait faire en sorte que le statut international de Tanger soit officiellement aboli. C’est donc par étapes que le pays a repris le plein contrôle sur son territoire national, en privilégiant une approche diplomatique basée sur le respect des principes du Droit international.
Dans son Discours annonciateur de l’Indépendance, le Père de la Nation déclara: «Nous sommes passés de la bataille du petit Jihad à celle du grand Jihad».
Cette phrase a scellé l’entrée du Royaume dans une nouvelle ère. Le Roi Mohammed V parlait non plus du combat contre l’occupant, mais de celui, plus difficile encore, pour construire un État moderne, juste et démocratique. En réalité, l’Indépendance n’était pas un aboutissement, mais un serment de renaissance.
Dès les premières années de liberté, le Maroc se lança dans une vaste entreprise de reconstruction. L’État entreprit de bâtir des institutions solides, de former une administration nationale capable de gérer ses affaires par ses propres moyens, de relancer l’éducation et de rétablir la dignité du citoyen. Partout à travers le pays, l’espoir renaissait.
Feu SM Hassan II, poursuivit cette œuvre, consolidant l’Unité nationale et restaurant la pleine Souveraineté du Maroc sur l’ensemble de son territoire, notamment dans les Provinces du Sud.
Sous le règne du Roi Hassan II, le Royaume s’ouvrit davantage sur le monde, tout en faisant du Sahara marocain un symbole de fidélité et d’attachement à la Patrie, dans le prolongement direct du combat pour l’Indépendance.
Aujourd’hui, sous le règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc poursuit cette marche entamée il y a sept décennies. Le pays a changé de visage et s’est développé à tous les niveaux (routes, ports, universités, industries, énergies renouvelables…).
Le Maroc d’aujourd’hui fait face à d’autres défis : économiques, climatiques, géopolitiques. Mais la leçon de 1955 reste la même : celle d’un Peuple uni derrière son Roi peut relever toutes les épreuves.
En célébrant le 69ème Anniversaire de l’Indépendance, le Royaume rend hommage non seulement à ceux et celles qui ont combattu pour la liberté du pays, mais aussi aux Marocains qui, aujourd’hui encore, continuent d’œuvrer inlassablement pour l’essor socioéconomique de la Nation.
De Tanger à Lagouira, le message est clair : l’Indépendance et la Souveraineté se cultivent chaque jour, dans le travail, l’abnégation et la solidarité.
Le Maroc d’aujourd’hui, fort de son unité et de sa stabilité, reste fidèle à l’esprit de Feu Mohammed V, à la vision du Défunt Roi Hassan II et à la modernité et la vision futuriste de SM le Roi Mohammed VI, qui, depuis son accession au Trône en 1999, veille à hisser le Royaume dans la cour des grands.















































