La malnutrition a atteint des niveaux sans précédent dans la bande de Gaza. Vingt-et-un enfants sont morts, en 72 heures dans plusieurs hôpitaux à cause de la famine et de la malnutrition extrême.
Les images sont insupportables, mais réelles. Les scènes de gens, exténués et à bout de force, qui perdent conscience dans les rues et devant les points de distribution d’aide de la bande de Gaza à cause de la faim, se multiplient.
Des vidéos insoutenables, recueillies par des journalises et des citoyens palestiniens, dévoilent des personnes maigres et vacillantes de faiblesse, avançant avec peine. Les réseaux sociaux en sont également inondés.
Une scène douloureuse…Un homme âgé, de prés de 70 ans, est mort de faim alors qu’il attendait de l’aide. Il n’en pouvait plus…Une autre scène déchirante à l’antenne… Le correspondant d’Al Jazeera, Ashraf Abu Amra, fond en larmes alors qu’il couvrait la situation de famine qui fait des ravages dans l’enclave palestinienne.
Phase «grave» de famine…
Dans les hôpitaux encore opérationnels dans la bande de Gaza, les cas souffrant de la faim et de la malnutrition atteignent des niveaux angoissants et ce sont les enfants qui sont particulièrement touchés. Les médecins palestiniens tirent la sonnette d’alarme. «Nous sommes entrés dans une phase grave de famine et nous nous attendons à des décès massifs de femmes et d’enfants et personnes âgées», alertent ce mardi 22 juillet des sources médicales à Gaza, qui disent avoir constaté une augmentation de décès de nourrissons causés par la «faim et la malnutrition sévère».
Le directeur de l’hôpital d’al-Chifa à Gaza-Ville, Mohammed Abou Salmiya a affirmé mardi 22 juillet que vingt-et-un enfants étaient morts, en 72 heures dans plusieurs hôpitaux».
Le personnel médical de son établissement est aussi à bout de souffle, dans des services surchargés de patients. «Ils sont affamés aussi et bon nombre d’entre eux ont aussi dû être hospitalisés à cause de la sévère malnutrition», dit-il. Ils ne peuvent plus marcher et encore moins opérer les patients».
Ce mercredi 23 juillet, le bilan s’est encore alourdi. Le ministère de la Santé de Gaza a indiqué que 10 nouveaux décès ont été enregistrés dans les différentes régions de la bande de Gaza, au cours des dernières 24 heures, portant le nombre total de décès dus à la famine et à la malnutrition à 111.
Des vidéos, filmées par des journalistes palestiniens et circulants sur les réseaux sociaux, montrent des signes incontestables de malnutrition sévère sur le corps des enfants. La tête qui semble beaucoup plus grosse pour leur corps, des côtes saillantes qui pressent contre leur peau, des bras frêles comme des brindilles, des kilos perdus,…
Ce mardi 22 juillet, les familles de Youssef Safadi (40 jours), de Yahya Fadi Al-Najjar (3 mois) et d’Abd Al-Hamid Al-Ghulban (14 ans), inconsolables, pleuraient sur la dépouille de leurs enfants, morts de faim, dont les corps squelettiques venaient d’être enveloppés dans un sac mortuaire blanc.
Ces cas déchirants ne sont pas dus à des bombardements directs, mais à la famine, au manque de lait maternisé ainsi qu’à l’absence de soins de santé de base.
Les Gazaouis, le craignaient, depuis déjà plusieurs mois, ils prévenaient sur la situation dramatique qu’ils vivaient dans l’enclave, dans un contexte de pénurie extrême de produits de base.
Désormais, face aux bombardements, les Palestiniens font également face à un adversaire plus discret mais plus impitoyable encore : la faim.
«Rien ne passe par les points de passage, ni nourriture ni lait, rien. Cela provoque de grandes difficultés et des complications pour les enfants. Les bébés ont besoin d’un type de lait spécifique. Si ce lait ou leur traitement étaient fournis, alors leur état s’améliorerait», disent-ils.
«Nous sommes en train de mourir», des Gazaoui racontent l’enfer.
La plupart des gens passent des jours sans rien manger. Ils se nourrissent d’«eau et de sel», écrit un journaliste sur Facebook.
A Gaza, un seul repas est devenu un rêve. Dans le nord de la bande de Gaza, le journaliste Anas Al-Sherif explique que les Gazaouis ne trouvent plus de quoi nourrir leurs enfants. «On est sans nourriture depuis trois jours». «La famine se propage à une vitesse sans précédent, les gens cherchent désespérément un seul repas», écrit ce mardi 22 juillet Anas Al-Sherif, qui subit les pénuries comme le reste de la population.
«La faim ronge tout le monde. Journalistes, médecins, ambulancier…Personnes n’est exclu, tout le monde travaille le ventre vide. Le vertige et la nausée ne nous quittent plus», tient à souligner un autre Gazaoui, Amr Tabash
Il ajoute «Nous traversons les jours les plus graves de notre vie. Si la nourriture n’arrive pas immédiatement, davantage de personnes mourront».
«Il n’y a absolument rien à manger. Sur les étals des marchés, il n’y a plus rien. Et si par hasard on trouve des denrées sur le marché, comme de la farine, eh bien les prix sont excessifs et personnes ne peut les acheter», écrit un autre Gazaoui. Et d’ajouter : «J’ai du payer à peu près 50 euros pour 500 grammes de farine. Ce n’est pas à la portée de tout le monde»,
Situation sans précèdent…
C’est la pire situation que les ONG aient jamais connue à Gaza. Dans une déclaration commune, plus de 100 organisations non gouvernementales, parmi lesquelles Médecins sans frontières, Amnesty International et Oxfam ont alerté mercredi 23 juillet sur le risque de «famine de masse» dans la bande de Gaza.
«Nos collègues et les personnes que nous aidons sont gravement émaciés», ont-elles alerté, appelant à un cessez-le-feu immédiat, à l’ouverture de tous les points de passage et à la libre circulation de l’aide humanitaire.
Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres a qualifié la situation à Gaza d’« horrible et sans précédent dans l’histoire moderne » «La malnutrition explose. La famine frappe à toutes les portes», a-t-il alerté mardi 21 juillet, lors d’une réunion du Conseil de sécurité.
Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a déclaré lundi 20 juillet que «les familles de la bande de Gaza sont confrontées à une faim catastrophique», dénonçant l’utilisation par Israël de la famine comme «arme de guerre» contre la population de Gaza.
Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) note que Gaza est devenue l’un des endroits les plus dangereux au monde pour les enfants.
Les enfants, en particulier, s’exposent à l’évanouissement en raison d’une malnutrition sévère, les familles n’ayant même pas les moyens de se permettre un seul repas par jour, a signalé l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA).
Selon les informations recueillies par UNRWA, les évanouissements dus à la faim sont devenus monnaie courante dans le nord de Gaza : des gens s’effondrent en cherchant un morceau de nourriture ou font de longues files d’attente pour obtenir de l’aide.
L’agence a déclaré qu’elle avait des stocks pour nourrir les deux millions d’habitants de Gaza pendant plus de trois mois, mais qu’elle n’était pas autorisée à les acheminer dans le territoire.
L’Organisation mondiale de la santé affirme que la faim est devenue une arme mortelle à Gaza, avec des décès dus à la famine, en particulier parmi les enfants. Selon les données de l’organisation, plus de 90 % des enfants de moins de cinq ans souffrent de niveaux critiques de malnutrition, et des dizaines d’entre eux sont déjà morts de faim.
Médecins sans frontière (MSF) a déclaré la semaine dernière que ses équipe à Gaza constataient le plus grand nombre de cas de malnutrition jamais enregistré par ses équipes dans cette région.
En raison de la malnutrition généralisée chez les femmes enceintes et du mauvais état des installations sanitaires, de nombreux bébés naissent prématurément, a déclaré Joanne Perry, médecin de MSF, depuis Gaza, dans un communiqué.
N.Cherii