Pêche artisanale à Larache : L’affaire de l’acquisition et de l’équipement de 40 barques pourrait-elle prendre une nouvelle tournure?

Les plaignants disent qu'à la réception, ils ont découvert que les barques ne répondaient pas aux conditions convenues
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Quatorze ans après son approbation, l’accord signé entre deux associations représentant les pêcheurs artisanaux à Larache et le Comité local de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) pour l’acquisition et l’équipement de 40 barques de pêche artisanale, fait toujours  des remous dans ce port.

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Quatorze ans durant lesquels des voix professionnelles de la pêche artisanale à Larache n’ont cessé d’affirmer que la mise en application des termes de cet accord avec les pêcheurs artisanaux a été entachée par plusieurs anomalies.
Selon les mêmes voix, dont certaines ont été approchés par Le Reporter, le projet aurait été présenté aux responsables sous une forme et mis en œuvre sous une autre forme.
Cela avait poussé certains d’entre les bénéficiaires à déposer une plainte urgente auprès du gouverneur de la région, demandant son intervention personnelle pour réparer les préjudices subis suite au non-respect du cahier des charges convenu.
Ils ont également porté l’affaire devant la justice pour demander une enquête autour «des violations et des irrégularités» qui auraient accompagné le projet censé bénéficier à 40 pêcheurs. Le Reporter en détient copie.
Les plaignants ont également écrit aux responsables de l’Initiative nationale pour le développement humain, afin de leur fournir le cahier des charges relatif audit projet. «L’examen des documents a permis de découvrir qu’il y a effectivement des anomalies et des contradictions dans ce dossier», soufflent nos sources exerçant dans la pêche artisanale, laquelle est la première source de revenu pour plusieurs familles à Larache. Cette activité est pratiquée par 300 barques autorisées.

Plusieurs années après l’approbation de l’accord, le calme n’est toujours pas revenu, mais l’affaire pourrait prendre une nouvelle tournure. Il y a quelques semaines, certains ont récidivé en adressant une plainte à la Cour des comptes.
Dans cette plainte, dont Le Reporter détient copie, les contestataires demandent l’ouverture d’une enquête sur «des soupçons de corruption financière et administrative» qui auraient entaché ledit projet.
Des accusations jugées «rationnelles et légitimes» par Mustapha Mehdi, lequel évoque dans cette plainte «des délits de fonds publics, notamment de gaspillage, de détournement de fonds, de corruption et de falsification de documents officiels du projet». Il confie à Le Reporter qu’il détient toutes les preuves qui attestent ses dires.

Le projet, rappelons-le, est le fruit d’un partenariat entre l’INDH à Larache et le comité local de l’INDH à la Commune de Larache, d’une part, et d’autre part, la coopérative de Lexus de la pêche artisanale et l’association de pêche artisanale d’Al-Khair pour l’acquisition et l’équipement de barques de pêche artisanales dans le cadre de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) au titre de l’année 2012.
Le financement de ce projet est supporté à hauteur de 70% par l’INDH, les 30% restants étant à la charge de la coopérative «Lexus». Son objectif principal était de garantir la sécurité des barques et celle des marins-pêcheurs.

Mais, l’opération, qui a été louée au départ par les propriétaires des barques artisanales, sera très vite contestée par certains pêcheurs.
Au centre de leurs contestations, figuraient notamment les montants réclamés aux pêcheurs lors de la réception de leur barque. La somme demandée aux bénéficiaires était supérieure à celle convenue dans les termes de l’accord. Ce qui nécessitait la création d’un comité d’enquête pour révéler les dessous de cette affaire, lance, non sans colère Mustapha Mehdi, un des pêcheurs bénéficiaires de ce projet, que le Reporter a pu approcher cette semaine

«En tant que bénéficiaire de ce projet, chaque pêcheur devait payer 13.000 DH. Mais à la réception, on nous a réclamé un montant supplémentaire de 5250 DH. Ce que j’ai refusé car ce montant supplémentaire n’était pas prévu initialement dans la convention. On a refusé de me livrer le certificat de réception. Or sans ce document, à la délégation, on refuse de m’octroyer ma licence de pêche», explique Mustapha Mehdi. Il affirme qu’à ce jour, lui et d’autres, n’ont pas encore reçu leurs barques.

Mais la grande surprise, dit-il, a été de constater qu’«à la réception, les bénéficiaires ont découvert que les nouvelles barques ne répondaient pas aux normes et aux conditions convenues, notamment en termes de taille et de qualité des matériaux utilisés dans la fabrication des canots, lesquels n’étaient pas dotés de moteur».
Il ajoute «qu’il n’a pas cessé de demander une copie de la convention initiale relative à ce projet, ainsi que le cahier des charges. Car c’est la seule possibilité de prouver les irrégularités que ce projet a connu. Mais en vain».

Mustapha Mehdi affirme à Le Reporter qu’il compte poursuivre sa bataille pour demander à ce qu’une enquête soit ouverte sur ce projet «non respecté».

Il fait savoir au passage qu’il a également adressé récemment une plainte à l’Instance Nationale de la Probité, de la Prévention et de la Lutte contre la Corruption et à la présidence du ministère public.

Un dossier à suivre.

Naîma Cherii

 

 

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