Une nouvelle ligne de traitement des algues a été inaugurée, mercredi 15 janvier 2025, à Kénitra. Cette installation vise à offrir des solutions innovantes pour révéler des propriétés méconnues des algues marines. Un des produits dérivés qui y sera fabriqué est dédié à l’agriculture organique permettant de se passer des pesticides chimiques. Le Reporter y était.
Les algues marines sont de plus en plus convoitées sur le marché international. Depuis plus de 70 ans, la production de ce produit ne cesse de croitre, passant de 500 milles kilogrammes par an à plus de 35 millions de tonnes actuellement. La valeur globale de ce marché étant évaluée à 15 milliards de dollars.
Le Maroc a également pris conscience du potentiel important de la valorisation des algues marines rouges. En 2024, la production nationale d’algues a grimpé à 28.000 tonnes, contre 18.000 tonnes en 2010, selon le département de la pêche.
L’essentiel de la récolte des algues et de ses produits dérivés, en l’occurrence l’agar-agar, est exporté sous forme brut. Le Royaume est considéré comme l’un des pays leaders dans la production d’agar-agar sur les marchés du Japon, des Etats-Unis d’Amérique, du Royaume-Uni et de la France.
Une seule société fabrique cette poudre blanche (agar-agar) au Maroc: Setexam, basée à Kenitra, à une vingtaine de kilomètres du port de Mehdia. Cette unité, créée en 1960 et spécialisée dans le traitement des algues et la production de l’agar-agar, a ouvert ses portes aux journalistes, mercredi 15 janvier 2025.
Le site fait face à des arrivées massives d’algues, notamment lors de la campagne qui démarre chaque année début juillet. Une forte odeur se dégage de ce lieu où sont transformées des milliers de tonnes d’algues, soit plus de 80% de la production nationale.
La collecte de cette plante, appelée également or rouge, est une activité pratiquée dans le Royaume, en particulier dans la région d’El Jadida, depuis les années 1950. Cette région s’étendant sur plus de 40 kilomètres concerne plus de 80% de la production nationale. Ce qui place El Jadida au premier rang national et au huitième mondial pour la production d’algues.
Se positionner sur le marché international de l’agar-agar, un pari que veut concrétiser cette société via des investissements pour la réalisation de nouveaux projets. L’entreprise vient d’ailleurs de créer une nouvelle ligne de production et de traitement des algues pour un investissement de 60 millions de dirhams. L’inauguration de ce projet a eu lieu, mercredi 15 janvier 2025, par la Secrétaire d’Etat chargée de la pêche maritime, Zakia Driouich.
L’extension de cette unité, qui génère à travers ses activités 300 emplois sur site, permettra également de renforcer le tissu industriel dans la région, se félicite le top management de l’entreprise. Et pendant les deux mois que dure la campagne, 10 000 saisonniers, dont des plongeurs et des ramasseurs à pied, sont recrutés.
«Aujourd’hui, grâce à cette unité, qui est unique au Maroc et qui transforme près de 80% de la production des algues produites naturellement, le Maroc occupe la 3ème position au niveau mondial, après la Chine et l’Espagne pour ce qui est de la production de l’agar-agar», déclare à Le Reporter Zakia Driouich, ajoutant que, grâce aux technologies développées, des fertilisants foliaires dédiés à l’agriculture organique seront produits permettant de se passer des pesticides chimiques, a-t-elle précisé.
De son côté, le patron de Setexam, Rachid Lebbar, a souligné que les algues rouges sont utilisées pour l’extraction de l’agar-agar, excellent gélifiant vendu sous forme de poudre blanche indispensable pour l’industrie pharmaceutique, agroalimentaire et cosmétologique. Le produit de haute qualité est commercialisé dans les marchés internationaux, a poursuivi le directeur de l’entreprise.
Pour Rachid Lebbar et son équipe, l’heure est à la diversification. Mais faire face à la concurrence internationale n’est pas toujours un défi facile à relever. Pour résister à cette compétition, l’entreprise a sa propre recette : Une modernisation des lignes de productions pour améliorer la qualité du produit et les ratios de productivité, en termes d’énergie et de rejet liquide et solide, déclare à Le Reporter, Rachid Lebbar. De façon à avoir une efficacité meilleure par rapport à l’ensemble de la production. Mais pas seulement. La R&D est également prise en compte avec une équipe dédiée et un laboratoire d’algologie, ainsi que plusieurs projets de recherche.
«Il y a toujours des challenges et il faut s’y préparer et surtout il faut savoir anticiper. Nous opérons dans un secteur où certains pays ont des capacités énormes du point de vue technique. C’est le cas, par exemple, de la Chine, un pays très fort en la matière et qui a un marché local très important. Mais c’est ça qui stimule et qui fait qu’on arrive à trouver notre place par rapport à cette compétition qui n’est absolument pas simple», dit-il.
DNES à Kenitra : N.Cherii