Kamala Harris dénonce un candidat «fasciste» qui ne veut qu’«alimenter la haine et la division, et c’est pour cela que les gens sont épuisés par lui». Sa campagne cependant bat de l’aile. Trump dénonce une incompétente gauchiste au sourire permanent et figé.
Les sondages actuels, qu’ils soient réalisés au niveau national ou étatique, ont très souvent une différence de plusieurs points avec les résultats des élections. Selon le New York Times, depuis 1988, l’ultime estimation des sondages nationaux avant chaque scrutin a manqué le résultat des élections d’environ 2,3 points en moyenne. C’est nettement mieux que les estimations issues des sondages réalisés dans les Etats pivots, qui ont «manqué» le résultat réel de 3,1 points en moyenne depuis 2000. Le quotidien new-yorkais a d’ailleurs calculé que ces sondages ont quasi systématiquement sous-estimé le vote Trump depuis 2016, parfois très lourdement.
Les instituts de sondage ont donc tenté ces dernières années d’identifier les causes des échecs de 2016 et de 2020 et d’y remédier, afin de mieux prendre en compte les électeurs de Donald Trump, dont le profil est, en général, plus éloigné de la politique et donc plus réticent à répondre aux sondages. C’est du moins l’une des hypothèses qui expliquerait la difficulté des sondages à capturer le vote en faveur du milliardaire depuis son apparition sur la scène politique nationale.
Malgré ces précautions et les changements méthodologiques apportés depuis quelques années (modes de contact, techniques de redressement, etc.), il demeure tout à fait possible que les sondages sous-estiment l’un ou l’autre des candidats. La victoire pourrait se révéler bien plus nette et décisive que ne le présage l’état de l’opinion publique actuel. Même une erreur «modeste» d’un point de pourcentage serait suffisante pour faire basculer l’élection. Les sondages ont autant sous-estimé les démocrates que les républicains dans l’histoire récente.
Un sondage récent du centre de réflexion Public Religion Research Institute (PRRI) interpelle : près d’un républicain sur cinq estime qu’en cas de défaite, Donald Trump devrait dénoncer les résultats et tenter par tous les moyens de parvenir à la fonction suprême ; pour près d’un Américain sur deux (49 %), le risque est réel de voir l’ancien Président se transformer en dictateur en cas de victoire ; près de trois républicains sur dix (29 %) croient que le recours à la violence pour sauver le pays pourrait constituer un acte patriotique. Tout commencera le 5 novembre. Jamais les suites d’un scrutin présidentiel, aux Etats-Unis, n’ont suscité autant d’inquiétudes en amont.
Patrice Zehr