Arrêt de la CJUE sur les accords Maroc-UE :Javier Garat Pèrez«Il faut explorer toutes les possibilités dans la relation entre le Maroc et l’UE»

Javier Garat Pèrez, Président de la Fédération européenne des entreprises de pêche (Europêches)
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Entretien avec Javier Garat Pèrez, Président de la Fédération européenne des entreprises de pêche (Europêches) et SG de la Fédération de la pêche en Espagne (Cepesca)

Javier Garat Perez, Secrétaire général de la Fédération de la pêche en Espagne (Cepesca) qualifie la situation des pêcheurs espagnols de «difficile». Quelques heures seulement après la promulgation par la Cour de justice de l’Union européenne d’un arrêt qui annule les accords commerciaux de pêche et d’agriculture, Javier Garat Pèrez déclare vendredi 4 octobre à Le Reporter que de nombreux bateaux seraient contraints d’amarrer avec les conséquences socio-économiques de cette décision.

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Les détails.

 

La Cour de justice de l’Union européenne  (CJUE) vient de promulguer un arrêt qui annule les accords commerciaux de pêche et d’agriculture conclus entre l’Union Européenne et le Maroc. Qu’en pensez-vous?  Quelles sont les conséquences sur le secteur de la pêche en Espagne?

C’est une mauvaise nouvelle pour les pêcheurs espagnols et aussi pour les autres pays européens.  Comme vous pouvez l’imaginer nous sommes vraiment concernés par cette décision de la Cour de justice européenne qui a annulé l’accord de pêche Maroc-UE. Lequel accord a expiré déjà en juillet 2023, date à laquelle les bateaux européens ont cessé de pêcher dans les eaux marocaines.

Depuis cette date, il n’y a plus de possibilité de pêche pour les pêcheurs espagnols dans les eaux marocaines. Les pêcheurs ont toutefois une autre possibilité. Ils peuvent pêcher dans les eaux de la province du Golf de Cadix Andalousie ou encore en Mauritanie où les galiciens peuvent continuer leur activité dans le cadre d’un accord avec la Mauritanie. Bien évidemment, les pêcheurs espagnols veulent le renouvellement de l’accord. Car la relation avec le Maroc a toujours été importante pour nous. Mais ils devaient attendre l’arrêté de la Cour de justice de l’UE.

Cette décision de la CJUE est une mauvaise nouvelle pour les pêcheurs espagnols qui ont traditionnellement eu un complément à leur activité dans la possibilité de se rendre dans les eaux marocaines pour pêcher l’anchois et la sardine (senneurs du golf de Cadix) ou encore d’autres espèces comme la daurade pour les palangriers de fond. Il y a aussi d’autres catégories de bateaux qui sont aussi affectés, comme les chalutiers qui pêchent le merlu.

Aujourd’hui, le problème ce sont surtout les conséquences de cet arrêt sur le secteur de la pêche espagnol, tant andalou, canarien et galicien, surtout pour la flotte de la province de Cadix. Car les possibilités de pêche que les armateurs ont au Maroc, conformément à l’accord conclu entre l’UE et le Maroc, ce sont des possibilités complémentaires qui s’ajoutent aux différentes possibilités de pêche qu’ils ont déjà en Espagne. Il s’agit notamment des possibilités qui existent au niveau du Golf de Cadix Andalousie et où les pêcheurs de Barbate vont continuer de pêcher.

A cette décision s’ajoute un autre problème. Les senneurs ont maintenant des problèmes pour pêcher au golf de Cadix. Cette flotte subit déjà une pression très importante de la part de la Commission européenne, laquelle a proposé une réduction de 54% de l’anchois et des limitations pour pêcher les sardines pour les pêcheurs de Cadix. La situation est donc difficile. Cela signifie que de nombreux bateaux seront contraints d’amarrer, avec les conséquences socio-économiques surtout pour une ville comme Barbate.

Combien de pêcheurs espagnols seront-ils impactés par cette décision de la CJUE?

L’accord de pêche Maroc-UE prévoyait la possibilité d’obtenir des licences de pêche pour quelque 128 bateaux européens, dont 92 espagnols (47 d’Andalousie, 38 des îles Canaries et 7 de Galice). Ces 92 navires avaient demandé la licence de pêche au Maroc dans le cadre du protocole ratifié entre le Maroc et l’UE. Mais seul 20 bateaux espagnols ont utilisé les possibilités de pêche dont ils disposent au Maroc. Car en période de crise sanitaire liée à la pandémie de Covid, il y avait beaucoup de complications pour ces navires d’aller pêcher dans les eaux marocaines. A cela s’ajoute la situation biologique de certaines espèces dans les eaux marocaines qui n’était pas favorable à la pêche. Ce qui fait qu’il n’y avait pas beaucoup de possibilités de pêche pour les bateaux espagnols. En somme, ce sont seulement 20 navires espagnols qui ont réellement utilisé la licence de pêche, qui seront impactés par cette décision de la CJUE, soit près de 220 personnes.

Maintenant que l’accord a été annulé par la Cour, quels sont les scénarios qui sont envisagés pour les pêcheurs espagnols ?

Maintenant que l’accord a été annulé, plusieurs scénarios doivent être envisagés, y compris les opérations de pêche sous autorisation directe. En tout état de cause, nous sommes prêts à travailler de toute urgence avec toutes les parties concernées, afin que l’activité commerciale et la coopération en matière de pêche entre le Maroc et l’UE puissent se poursuivre à l’avenir. La commission européenne au nom de l’UE et le gouvernement marocain, avec le soutien des différentes industries, doivent maintenant commencer à parler pour voir quelles sont les différentes possibilités.

Pour le moment c’est clair que l’accord est nul après cet arrêt de la CJUE. Mais il faut quand même explorer toutes les possibilités dans la relation entre le Maroc et l’UE. Nous allons d’ailleurs demander une réunion à la Commission européenne pour voir quelles sont les possibilités.

A noter enfin qu’une réunion est aussi programmée pour cette semaine avec la SG de la pêche espagnole pour étudier la situation et parler justement des conséquences de cette décision de la CJUE, analyser la situation des ressources et des possibilités de pêche notamment sur les côtes de Cadix. Le but c’est surtout de voir ce qu’on peut faire pour garantir la stabilité des pêcheurs espagnols.

Si jamais l’accord n’est pas renouvelé entre le Maroc et l’UE, quelles seront les alternatives pour les pêcheurs espagnols?

Pour les pêcheurs de l’Andalousie, la seule possibilité c’est de pêcher au golf de Cadix. Il n’y a pas une autre possibilité. Pour les pêcheurs Galiciens, il y a toujours la possibilité de travailler en Mauritanie et peut-être en Guinée Bissau. Pour les Iles canaries, la possibilité c’est de pêcher dans les eaux des îles Canaries. Ce sont les différentes possibilités que nous avons.

Interview réalisée par Naîma Cherii

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